Regards sur l’intégration des TIC au Maroc V : Se situer pédagogiquement par rapport aux TIC- suite
B- L’indicateur de l’intégration pédagogique des TIC
Arrêtez de transmettre ! Tout est transmis. (Michel Serres)
Aujourd’hui, les savoirs qu’un professeur avait l’habitude de transmettre à ses élèves sont disponibles dans les secondes qui suivent ses questions ou consignes. Les technologies intelligentes (smart) : ordinateurs portables sont de moins en moins petits, mais de plus en plus performants : les jeunes utilisent facilement les tablettes, les cartes mémoires, les téléphones branchés, les ipad, les réseaux… st sont branchés au monde là où ils sont.
Face à l’explosion d’informations, l’école de demain sera de moins en moins dépositaire de connaissances mais son rôle irremplaçable réside dans le traitement intelligent de ces flux d’informations.
Le défi pour l’école réside dans les modalités de transposition des usages du cadre personnel, au cadre professionnel pour arriver au cadre pédagogique (voir modèle de Raby 2004 déjà cité). Les enseignants ont besoin d’une formation relative à la scénarisation pédagogique dans un processus continuel qui prend en considération leurs conceptions et leurs compétences technopédagogiques. Cela permet à chaque enseignant une autocritique de ses propres démarches, une remise en cause de ses pratiques professionnelles et une confrontation de ses actes à celles des autres. L’apprentissage par les pairs au sein des communautés de pratique pourra motiver les enseignants.
Nous pensons aussi que l’intégration pédagogique des TIC chez nous affronte un autre problème : Nous avons une minorité de professeurs « développeurs » qui créent leurs propres outils, qui participent au concours InnovaTICE, et qui gagnent des prix, mais qui travaillent isolément à côté d’une majorité qui trouve encore des difficultés d’intégration des TIC dans le processus enseignement/ apprentissage.
Instaurer une culture numérique :
Les technologies changent rapidement mais leur usage pédagogique reste l’élément le plus important. On parle depuis 2008 du connectivisme de George Siemens, des classes inversées, des cours en ligne ouverts et massifs (MOOC), des tableaux numériques interactifs (TNI), des réseaux sociaux, des logiciels de création de cours en ligne et demain on parlera sûrement d’autres, mais ce qui importe ce n’est pas la technologie en elle-même, ni pour elle-même mais l’important c’est l’humain qui manipule la technologie.
Nous pensons que l’usage pédagogique doit précéder l’équipement.
C- L’indicateur de l’apprentissage significatif pour les élèves
Le terme « numérique » mérite préalablement d’être déconstruit. L’école n’est pas numérique, je dirais qu’elle s’accommode plus ou moins bien d’artefacts techniques, numériques, qui se scolarisent dans le cadre d’activités finalisées (Baron, Bruillard, 1995), et sous réserve que les contextes d’usage soient porteurs de sens (Depover et al. 2007) (VILLEMONTEIX, 2013)
Dorénavant, l’apprentissage ne se limitera pas aux élèves et concernera aussi les professeurs adultes. Il est devenu courant dans nos classes de voir des élèves qui ont des compétences qui dépassent de loin celles de leurs professeurs dans le domaine technologiques. Ces migrants des TIC (les professeurs) sont appelés à développer leurs compétences pour pouvoir répondre aux besoins liés à la maîtrise de l’utilisation et l’appropriation de l’outil.
Les deux défis qui se rapportent à cet indicateur sont:
-La motivation scolaire surtout pour les natifs des TIC,
-La capacité à toucher les élèves les plus fragiles face à la réussite et à la persévérance.
Apprendre aux élèves à utiliser efficacement les TIC afin de traiter la surabondance des informations consiste à revoir quelques pratiques actuelles. Plusieurs pistes de réflexion et de recherche peuvent être envisagées pour clarifier le rapport de l’école à ces technologies numériques.
– La première concerne l’évolution des responsabilités des collectivités et du rôle que l’État se donne pour régler la question de fond ;
– La seconde est celle du rapport entre l’évolution de l’offre technologique et éditoriale et l’adoption de cette offre par les acteurs et les structures scolaires ;
– La troisième concerne enfin l’évolution des formes d’activités développées dans les classes. (VILLEMONTEIX, 2013)
Les TIC changent notre rapport au savoir comme elles changent notre rapport aux autres. La mission de socialisation sera revue à l’école 2.0 :
Citoyen du monde, l’apprenant sera amené de plus en plus à apprendre à mieux vivre ensemble. L’école joue ce rôle d’agent de cohésion et de développement du sentiment d’appartenance à la collectivité (Veilleux, 2011). Transmettre les savoirs communs, promouvoir les valeurs de la démocratie et préparer les jeunes à devenir des citoyens responsables. Telles sont les nouvelles ambitions.
Dès le XXème siècle, les enfants apprennent de plus en plus de leurs pairs (apprentissage par les pairs) au sein d’un changement de rôles des professeurs et des élèves.
La troisième mission de l’école 2.0 est la qualification des jeunes. Les TIC changent cette fois notre rapport au monde.
Le défi pour notre école comme pour celles du monde est de préparer les élèves pour des métiers qui n’existent pas encore et affronter les différentes exigences de ce siècle.
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