Regards sur l’intégration des TIC au Maroc V: Se situer par rapport au TIC
«Même si on possède la plus belle technologie, elle restera sans effet si le personnel enseignant ne l’a pas apprivoisée et intégrée à son enseignement. On doit donc accorder une attention particulière à différents modes de formation continue et d’accompagnement à l’utilisation des TIC. On doit, en cette matière, avoir une approche qui respecte les rythmes des écoles et des personnes, par opposition à des mesures «mur à mur»» (Jacques Tardif)
L’objectif de ce cinquième article est de mesurer les écarts entre les efforts entrepris dans les quatre axes du programme Génie (l’infrastructure, la formation, les ressources numériques et le développement des usages) et les indicateurs de l’école 2.0 qui sont l’accès, l’intégration pédagogique et l’apprentissage significatif pour les apprenants.
En pleine émergence de la société du savoir et des grands basculements incertains du XXIème siècle, le Maroc déploie des efforts considérables pour mettre à jour ses secteurs publics et privés. L’éducation reste le noyau autour duquel gravitent tous les éléments du système. Pour affronter cette incertitude, Edgar Morin propose deux pistes: La première est la conscience que le présent n’est pas immobile, et la deuxième est de savoir qu’il n’est pas sûr que les décisions individuelles et politiques réussissent (Morin, 2011).
Les enjeux de la mise en place de l’école 2.0 chez nous prennent plusieurs facettes: ils sont liés aux mutations rapides de la société, au bouleversement radical des anciennes structures économiques et sociales, leur répercussion sur le marché de l’emploi, et sur les compétences demandées, car la société marocaine demande de plus en plus une main d’œuvre qualifiée en TIC.
Ces enjeux sont liés aussi à la motivation des enseignants et des apprenants pour stimuler le développement des compétences transversales et de nouvelles habiletés. Il est vérifié qu’avec ces technologies, les élèves consacrent plus d’attention, d’énergie et de temps, ils décriront plus, écriront plus, liront plus et seront plus curieux lorsqu’ils travailleront sur ce support pédagogique qui favorise des activités riches et passionnantes (Ngamo, 2007).
L’école 2.0 où sommes-nous ?
L’école 2.0, Trois indicateurs :
Au sujet de l’école 2.0, trois indicateurs de vérification s’imposent:
Est-ce que l’élève et l’enseignant ont accès aux TIC ?
Est-ce que les enseignants intègrent pédagogiquement les TIC ?
Est-ce que les élèves et les professeurs se servent efficacement des TIC pour se préparer aux exigences de demain ?
A- L’indicateur de l’accès : Trois enjeux
L’école n’est plus le seul lieu d’apprendre !
Dans notre contexte, l’accessibilité représente un enjeu véritable. Il est important de comprendre et vérifier l’indicateur de l’accès de deux manières :
L’accessibilité à la technologie : dans ce sens, le programme Génie a opté dans les trois générations, Génie 1, 2 et 3, pour des stratégies qui favorisent l’équipement des établissements par des SMM et des VMM, mais les problèmes liés à la maintenance, à la motivation et au suivi de proximité persistent encore. Les prochaines procédures correctives du programme Génie seront basées sur la formation des techniciens en maintenance, le renforcement de la communication à l’échelle régionale et locale, la mise en pratique des notes ministérielles relatives à l’intégration des TIC et la nomination d’une personne ressource au niveau de chaque établissement.
Poussé par le souci de rationnaliser la distribution de l’équipement, le programme Génie vise le déplacement des équipements non utilisés dans les établissements où les enseignants ne sont pas motivés à l’usage des TIC vers d’autres établissements qui manifestent plus d’intérêt aux TIC . Nous pensons qu’une telle procédure prive les apprenants des établissements non motivés de leur droit à l’information et aux technologies et peut aggraver la situation au lieu de trouver des alternatives plus commodes.
L’accessibilité à des ressources et des contenus numériques de qualité :
Malgré les efforts entrepris dans le domaine de l’acquisition des RN, ces ressources ne couvrent pas toutes les disciplines et les enseignants n’utilisent que rarement les ressources disponibles dans les établissements. Il est indispensable de rappeler à chaque fois que la performance des humains qui manipulent les machines est plus importante que les équipements. Le défi majeur serait d’amener les élèves à apprendre plus et mieux. Le troisième enjeu est celui de la sécurité et d’efficience des environnements numériques de travail. Ces derniers sont appelés à jouer un rôle plus significatif en valorisant les services pédagogiques, de la vie scolaire et de la communication.
En réponse à ces trois enjeux, le défi pour nous est de pouvoir créer des classes/ communautés apprenantes, des réseaux au sein de la classe qui progressent au fur et à mesure à l’école et pourront même la dépasser. Nous illustrons cette tendance par la mise en place dans certains systèmes des classes branchées, classes virtuelles, classes numériques, écoles apprenantes et écoles innovantes…
L’école d’aujourd’hui et celle de demain garderont sans doute l’une de leurs missions historiques, qui est celle de l’instruction, mais la différence est que l’école n’est plus le seul lieu d’apprendre. Les TIC changent constamment notre rapport au savoir, et par conséquent, elles changent les rôles des intervenants dans l’acte pédagogique.
A notre sens, les nouveaux centres des technologies éducatives doivent jouer un rôle plus important dans la capitalisation des compétences et des RN existantes, de les répertorier pour permettre un accès facile aux hésitants. A suivre …/….
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