La langue française en perte de vitesse au Maroc
Dans quelques jours, et précisément le 20 mars, le monde célébrera avec une immense ardeur, la journée internationale de la francophonie. Une occasion propice pour établir l’état des lieux de la langue française, des valeurs partagées par la communauté francophone et prospecter les leviers d’action à mettre en place par l’organisation internationale de la francophonie en vue de promouvoir une langue qui commence à souffrir et à reculer face à l’émergence d’autres langues comme l’anglais, le chinois, l’arabe et l’espagnol
Qui ont la cote et qui commencent à gagner plus de terrain.
Dans cette humble contribution, je tâcherai de mettre la lumière sur le recul de la place de la langue française au Maroc.
Force est de souligner que le Maroc a été une terre colonisée par les français à partir de 1912 jusqu’à 1956 où notre patrie vient de recouvrer son indépendance après des années incessantes de combat acharné . Le meilleur legs laissé par le colonisateur demeure incontestablement la langue française. Une langue que le talentueux écrivain Kateb Yacine a qualifié de butin de guerre. La France a veillé à promouvoir sa langue et partant à diffuser sa culture, ses valeurs et sa civilisation. Une chose est certaine : les marocains scolarisés ont entretenu une relation de passion vis-à-vis de cette langue qu’ils ont manié avec brio . Néanmoins, après l’adoption de l’arabisation dans les années quatre-vingt au niveau de l’enseignement primaire, collégial et qualifiant, on a assisté à un recul qualitatif manifeste de la langue de Molière.
En clair, malgré le taux substantiel de scolarité et l’introduction de l’enseignement de cet idiome à partir de la deuxième année du primaire, les élèves de l’école publique se désintéressent de cet outil de communication qui jouissait dans les années précédentes d’un statut particulier , et pour cause, la formation initiale des enseignants laisse à désirer, la formation continue n’est plus établie, la surcharge des classes n’aide pas les apprenants à mieux apprendre, les méthodes d’apprentissage sont loin de répondre aux attentes des élèves…
Certes, les enfants de la classe moyenne et de la classe aisée continuent à maîtriser les ficelles de la langue de Voltaire en raison de la mise à leur disposition des structures d’accueil appropriées, des professeurs hautement qualifiés et souvent ces enfants partent en voyage à l’étranger pour perfectionner leur compétence linguistique, sans oublier le cadre familial qui pratique à longueur de journée cette langue.
Il n’en demeure pas moins vrai que l’Etat n’a pas constitutionnalisé la langue française, mais il s’est attelé à l’institutionnaliser au niveau de l’administration, de l’enseignement supérieur, de la finance, de l’entreprise, de la télévision et en particulier sur la deuxième chaîne qui regorge d’une élite francophone, au niveau de la presse écrite et électronique ( beaucoup de quotidiens et d’hebdomadaires d’expression française sont édités et subventionnés)
En dépit de cette importance accordée à la langue française, on peut affirmer que sa cote est entrain de chuter, car de plus en plus de jeunes se rabattent sur l’anglais, le chinois ou l’allemand et l’espagnol .
A l’évidence,les victimes de la politique d’arabisation, faute de manier la langue française qu’ils n’hésitent pas à considérer comme un casse -tête et faute de trouver un emploi stable dans les entreprises qui exigent une parfaite maîtrise du français, ont porté leur choix sur d’autres langues et en particulier l’anglais qui est devenu sans conteste la langue internationale numéro un la plus répandue à l’échelle planétaire, mais aussi, pour une raison pragmatique et crédible : english est la langue de la recherche scientifique, de l’innovation technologique et des échanges économiques…qui jouit d’une place prééminente.
Je conclue cet article par une note festive. Abdou Diouf a dit dans son message adressé à la communauté qui a la langue française en partage : « Célébrons, en ce 20 mars, la force stimulante que nous confère la francophonie. Célébrons les liens puissants que nous confèrent la langue, les valeurs, les espoirs et les ambitions que nous partageons »
Gageons que notre pays se penchera à remettre à plat notre système éducatif et redora le blason à la langue française, mais aussi à s’ouvrir sur d’autres langues plus prisées pour le bien-être de la nouvelle génération et la prospérité de notre patrie.
Barkaoui Khalid
Ecole : OKBA BNOU NAFIA ELFIHRI
Outat El Haj
1 Comment
Tant que la technologie l industrie et l économie francaises se portent bien, ils n ya pas de quoi s inquièter pour le français.