Le tourisme remède contre la crise Entre virtualité et réalité
Le tourisme remède contre la crise
Entre virtualité et réalité
Alors que l’économie turque commence à montrer ses premiers signes d’essoufflement, prélude de la fin des dix années glorieuses de forte croissance, le tourisme turc ne cesse d’étonner par sa bonne santé et sa reluisante forme. Depuis le nouveau millénaire, le tourisme turc connaît une progression fulgurante. Passant de 9,7 millions d’arrivée en 1998 à 31,8 millions en 2012, rapportant plus de 23,4 milliards de dollars US. Les chiffres de 2013 sont encore plus surprenants, 35 millions de touristes pour 30 milliards de dollars de recettes.
En Espagne, marquée par la récession qui perdure depuis neuf trimestres consécutifs, et une conjoncture économique très difficile, les arrivées de touristes étrangers en 2013 sont encore meilleures par rapport à l’exercice précédent, avec la visite de 60,6 millions de touristes, soit un chiffre en augmentation de 5,6% par rapport à l’exercice antérieur, rapportant plus de 59 milliards d’euros aux caisses de l’Etat. Ce contraste économico-touristique est également constaté dans plusieurs pays du sud de l’Europe tels que la Grèce et le Portugal, où la récession et les difficultés économiques se conjuguent à une importante croissance touristique.
Devant ce paradoxe, on est en droit de se demander est-ce –que les lois de l’économie ne s’appliquent pas au tourisme ? Comment expliquer la croissance des indicateurs du tourisme alors que ceux de l’économie sont en berne.
La relation entre l’économie et le tourisme est une relation transitive, aucun développement touristique durable ne peut être envisagé en l’absence d’une assise économique efficace. Ceci est d’autant plus vrai que les plus fortes affluences et recettes touristiques au niveau mondial sont enregistrées par les pays développés. Le tourisme comme tous les secteurs de l’économie profite des conditions de développement du pays pour amorcer sa propre logique de croissance. La qualité des infrastructures et des services que les pays développés mettent en place dans la vie urbaine, les transports publics et la santé publique, ainsi que la patrimonialisation, l’épanouissement social et culturel qui caractérise la société et le mode de vie de sa population, conjugués aux atouts naturels du pays et son histoire contribuent énormément dans l’essor du tourisme.
Si la relation entre le développement économique et touristique est avérée, comment peut-on expliquer alors la résilience du tourisme face à la crise économique ?
Le tourisme puise sa force et sa vigueur de l’économie, néanmoins, ils ne sont pas pour autant sensible aux mêmes causes de méforme. En effet, si la crise économique peut être le fruit de fluctuations cycliques ou conséquente de différentes crises, financière, bancaire, immobilière, énergétique, alimentaire, monétaire,… parachevée d’une crise de croissance avec ralentissement de tous les secteurs de l’économie, le tourisme quant à lui est sensible à ses propres faiblesses, dont les catastrophes naturelles, les guerres, l’instabilité politique, sociale, religieuse, et les actes de terrorisme. La thèse de la déconnexion de la croissance du tourisme des soubresauts de l’économie s’avère vrai dans la mesure où la massification du tourisme amortie les effets de la crise économique, sans toutefois écarter la probabilité de la transmission mutuelle à long terme des effets de la crise qui suivent pour chacun d’eux des trajectoires inégales. Cette thèse est confortée par les chiffres de la croissance du tourisme énoncés par l’Organisation Mondiale du Tourisme qui sont de loin supérieurs à ceux de la croissance économique énoncés par la Banque Mondiale. Le tourisme trouve ainsi ses propres moteurs de croissance dans l’expansion progressive d’un secteur à priori élitiste, devenu un phénomène structurel de la vie moderne touchant de large couches sociales.
Si la croissance du tourisme ne laisse présager aucune saturation à court terme, est-ce pour autant il peut devenir une alternative et un remède à la crise économique ?
Le tourisme peut être le secteur providentiel pour de nombreux pays, son impact, aussi bien pour les pays développés que ceux en voie de développement, ne se manifeste pas seulement sur le plan de la balance commerciale et la contribution dans le PIB. De par son caractère transversal, il est devenu un levier de développement pour d’autres secteurs de l’économie et un important moyen pour la résorption du sous emploi. Le tourisme se présente ainsi comme une issue politique et une solution économique. Sa contribution est encore plus appréciée en temps de crise tant qu’il est devenu une sorte de bouée de sauvetage, à l’image de la déclaration du Secrétaire d’État portugais au tourisme, M. Adolfo Mesquita au journal Le Monde: « Le tourisme est le secteur qui contribue le plus à la sortie de crise du Portugal ». Toutefois, à force de vouloir régler leurs problèmes économiques et budgétaires, les gouvernements risquent de tomber dans une sorte de dépendance et addiction aux retombées touristiques, en s’embourbant dans la logique des chiffres et la spirale de l’exploitation à outrance, ce qui finira par épuiser les ressources touristiques et induira inéluctablement aux effets contraires à ceux recherchés. Le défi majeur des gouvernements reste donc de concilier les conditions de développement touristique avec les besoins de la croissance économique. Si le défi est relevé, le tourisme aura encore longtemps de bonnes perspectives devant lui et sera le remède à de nombreux maux pour de nombreux pays et gouvernements.
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