La femme, la femme encore, encore la femme
Zaid Tayeb
La journée mondiale de la femme est une date à laquelle nous sommes contraints de nous arrêter le temps d’une journée pour rendre un hommage forcé à un sexe dont on ne parle que de manière excessive. Dans la réalité, cette date n’est ni une pause, ni un moment de méditation sur la femme, ni encore moins une station de reconnaissance à l’adresse de la femme, mais un coup de pique dans les flancs de l’homme dont on veut faire une bête à bât. La femme n’a jamais été aussi médiatisée qu’elle ne l’est au cours de ces dernières années : la journée mondiale de la femme, la liberté de la femme, les droits de la femme, l’émancipation de la femme, la violence contre la femme, l’égalité de la femme….La télévision en fait son cheval de bataille : la femme au petit déjeuner, la femme à midi, la femme en soirée…, comme si on n’a que ça de meilleur ou de pire dans la vie. Comme si le pays tout entier n’a rien d’autre de plus haut ou de plus bas que la femme …
Ceux qui font commerce de la femme ne le font pas pour les beaux yeux de la femme mais pour inventer de faux problèmes entre les deux sexes et pervertir celui de la femme considéré jusqu’à une certaine date comme un sexe faible, au sens mélioratif.
On parle des droits de la femme mais de quelle femme ? Celle de la campagne, a-t-elle les mêmes droits que sa concitoyenne de la ville ? Le droit à l’eau dans le robinet, le droit à l’électricité dans l’interrupteur, le droit au frigo dans la cuisine, le droit à la machine à laver …comme beaucoup de ses consœurs les citadines. Celle du ‘’maw9af’’ (rassemblement de femmes qui attendent du travail dans un coin déterminé de la ville) : cette femme vexée, déshonorée, méprisée, honnie, attend à longueur de journée sur les trottoirs qu’on vienne demander ses services. Elle est bonne à tout faire. Elle est taillable et corvéable à merci : la corvée des ménages avec la servilité de la besogne domestique, la corvée des travaux des champs où elle est exposée à la vexation, à l’exploitation, au harcèlement…
On parle de l’émancipation de la femme. Or aucune émancipation féminine, me semble-t-il, ne peut se faire sans une activité génératrice de revenus : une femme sans ressources ne peut prétendre à une quelconque émancipation qui suppose un bien être matériel lui permettant de s’affranchir des taches ménagères quotidiennes qui seront exécutées par des machines ou d’autres femmes dont elle aura loué les services. Ce qui lui permettra de gagner du temps et d’économiser des efforts qu’elle utilisera pour le soin de son être d’une part et l’organisation au mieux de ses loisirs.
On parle de l’égalité de la femme. Une femme ne pourra que maladroitement prétendre à l’égalité avec l’homme. La femme est ‘’une côte torse’’ dit-on, ce qui est vrai au sens noble de l’analogie. La côte n’est côte que parce qu’elle a cette forme torse. Redressez-la et elle perdra la flexibilité nécessaire à la protection des organes internes auxquels elle sert de pare choc. Une faucille n’est faucille que parce qu’elle a cette forme. Essayez de la redresser pour en faire un couteau, une scie ou une épée. Droite, la faucille n’est ni un couteau, ni une scie, ni une épée. Elle est faucille dans la main du faucheur parce qu’elle a cette forme et elle ne peut faucher que parce qu’elle a cette forme. La femme n’est femme que parce qu’elle a cette nature.
On parle de la violence contre la femme. L’homme est-il à l’abri des violences quotidiennes dont il est victime au travail, à la maison, dans la rue ? Il n’y a pas plus humiliante violence que la violence morale : la crainte de perdre son travail, la crainte de ne pas pouvoir joindre les deux bouts afin de subvenir au mieux aux besoins de la famille, la crainte ne pas honorer ses échéances bancaires, la crainte de ne pas réussir à se faire une vie stable avec une maison, une voiture….L’homme est quotidiennement exposés aux aléas du quotidien. L’homme et la femme sont tous deux victimes de la rapacité d’une société de consommation avide et vorace.
Conclusion : Plus on parle d’une chose, plus elle devient banale ou finit par agacer et exciter l’ire. Plus on mâche un chewing gum plus il perd de son goût et devient fade, tout juste bon à cracher.
La journée mondiale de la femme au milieu de tout ce tintamarre soulevé au sujet de la femme ressemble étrangement à cette minute de silence que l’on observe à la suite d’une catastrophe nationale. Puis, plus rien. Chacun vaque à ses occupations en attendant l’année suivante avec une autre journée et une autre minute de silence.
1 Comment
inventons, alors, une « journée » pour ce sou9… qui « saoua9 » cette « dis-compréhension »…
Bien à toi mon frère respecté.