La porte d’entrée des professeurs, en tubes carrés horizontaux de conception primitive, s’ouvre sur une allée d’un peu plus d’un mètre de largeur qui dessert la salle des professeurs avant de bifurquer à angle droit : vers la droite pour déboucher sur les bureaux administratifs ; vers la gauche pour s’ouvrir à la cour. Ce couloir, délimité d’un côté  par les murs de la salle des professeurs et des différents bureaux administratifs, de l’autre par des carrés plantés de quelques arbres grêles et souffreteux sur une pelouse de gazon jauni et desséché, est un passage obligé pour les professeurs, les employés de l’administration, les élèves, leurs parents et tous les visiteurs qui l’empruntent nécessairement à la queue leu leu. Aux heures de pointe, les usagers se serrent comme des chèvres en montagne pour ne pas se faire bousculer et basculer dans la pelouse, une marche plus bas. La promiscuité est telle que dans ce réduit l’intimité se trouve affectée par des contacts désagréables, des attouchements involontaires, des frôlements inévitables. Il faut rentrer son arrière train pour passer ou laisser passe car les élèves en situation irrégulière, souvent accompagnés de leurs parents obstruent l’étroit passage en s’agglutinant devant le seuil de la porte de surveillance. Sans compter que l’allée se transforme certains jours de la semaine à certaines heures de la journée en un point de vente pour galettes de pain de blé tendre, de blé dur ou d’orge, spécialité maison !!!…Comme pendant les années de disette où les produits sont rationnés ou comme pour les produits prohibés qui se vendent sous le manteau, la clientèle se fait servir des galettes, à la comande, dans des sachets en plastic…  Nous ne nous étonnerons donc pas qu’un jour on voie passer dans nos classes, circuler entre les rangs, des marchands ambulants de sucreries, de gadgets, de lingeries féminines et autres pacotilles à quatre sous, ou de voir des charrettes à bras ou à baudet, des tricycles ou des triporteurs chargés de cageots de poissons, de légumes et fruits, de denrées alimentaires, aller d’un bloc à l’autre offrir à la vente leur marchandise dans la cour du lycée, pendant les inter cours ou pendant les récréations. Il semble qu’à Oued Eddahab, rien n’est impossible. les spectacles ne manquent pas, Il faut le coup d’oeil!

         On aurait pu éviter tout cet engorgement de l’allée qui nuit aux usagers qui empruntent ce boyau depuis un assez long temps et qui, sans doute, n’ont jamais éprouvé la volonté d’exprimer haut leur mécontentement, leur insatisfaction, leur dégoût ou leur colère. Les quatre pelouses couvertes d’arbres inappropriés à l’endroit, converties en cendrier naturel à ciel ouvert par les fumeurs qui y jettent au passage dans une chiquenaude savamment exécutée, leurs mégots, avant de se dissoudre, n’offrent au lycée, ni vue agréable à l’œil, ni espace vert entretenu en jardin générateur de fraîcheur et de gaîté. Le problème aurait pu être résolu si l’un de ces quatre carrés  avait été terrassé et recouvert de mosaïque du même ton que l’étroite allée pour que les embouteillages et les encombrements en personnes qui perdurent depuis la construction du lycée, qui ne date d’ailleurs pas d’hier, aient été résorbés. La chose est simple et peu coûteuse et ne demande que sa mise à exécution. Avec un peu de volonté! Le plus souvent, c’est la volonté qui manque le plus!