La salle des professeurs est un lieu de travail, de rencontre, d’échange, de récréation, de détente et de méditation dont les professeurs ont besoin avant de reprendre frais et dispos leur travail. La qualité de l’enseignement commence par la qualité de l’environnement dans lequel travaillent et se meuvent les professeurs. Or la salle des professeurs du lycée Oued Eddahab  est loin d’être un endroit idéal pour le repos du corps et celui de l’esprit après le labeur de la classe. Elle n’offre de manière aucune les conditions requises au bien être et à la relaxation :

–           les canapés (seddaris) en fer carré et plat mal ajusté et gauchement torsadé,  d’exécution prétentieuse, de conception archaïque et démodée, mal entretenus et livrés à l’oubli et depuis longtemps au ‘’laisser tomber’’, sont d’un style qui témoigne du mauvais goût. S’il est vrai qu’ils ont fait leur époque, il est également vrai qu’il est temps qu’ils doivent être remplacés par des canapés plus gais pour l’œil et plus reposants pour le corps.

–           Les matelas qui couvrent les canapés (seddaris) sont cousus dans une étoffe grossière à raies alternativement bleues, rouges et vertes, bourrés sans aucun doute avec quelque matière qui doit ressembler au crin de jadis ou aux fripes avec lesquelles les ménages pauvres d’autrefois rembourraient leurs matelas et leurs cretonnes. Les matériaux de l’époque moderne sont conçus pour le confort de ceux qui les utilisent. Il est donc temps de remplacer ces matelas par d’autres plus confortables et plus relaxants pour les professeurs qui sortent épuisés des salles de classe.

–           Les casiers destinés à recevoir le courrier des professeurs ne différent en rien des pigeonniers installés sur les terrasses des maisons par les amoureux de volaille. Il est inacceptable que dans une administration éducative on puisse encore utiliser des casiers en contre plaqué usé par le temps et l’usage et l’absence d’entretien à une époque où d’autres matériaux plus nobles, exécutés dans un design beau et gai inondent les marchés.

–           La salle des professeurs n’est pas une cuisine : il est vrai que les professeurs ont besoin de boissons fraîches  ou chaudes pour se racler les gosiers desséchés après des séances de cours et de craie, mais de là à  réaffecter leur salle en cuisine ! …L’aspect de la salle des professeurs tel qu’il est, lui donne des airs de  ‘’moukaf’’ (1) pour ouvriers venus de loin offrir leurs biceps à d’éventuels chercheurs de force de travail, le temps d’une journée, le temps d’une corvée.

  –   En dehors d’une chaise sans dossier et qui tremble sur l’un de ses quatre pieds, la salle des professeurs n’offre aux professeurs aucune alternative pour se reposer. Ou bien ils doivent utiliser les dégoûtants canapés dont j’ai parlé plus haut ou bien  rester debout, le verre de thé à la main. Je comprends à présent pourquoi les professeurs du lycée Oued Eddahab s’alignent le long de l’étroit couloir à ciel ouvert, par temps sec comme par temps humide, pour siroter leur thé, debout sur leurs deux jambes endolories par la fatigue. Ils plaquent leur dos contre le mur extérieur de la salle des professeurs pour que les nombreux passants qui empruntent le couloir : élèves, parents, visiteurs, professeurs entrants ou sortants… ne leur marchent pas sur les pieds, ne les bousculent pas, ne leur renversent pas leurs verres de thé. Les énigmes les plus obscures finissent le plus souvent par livrer leur secret.

En conclusion, la salle des professeurs du lycée Oued Eddahab respire la misère, sent l’indigence, la gêne et la peine. Elle donne les frissons d’une salle mortuaire.

Pour finir, les professeurs du lycée Oued Eddahab ont le droit de travailler dans la dignité et l’estime. Pour cela la salle des professeurs doit être aménagée et équipée de manière à leur assurer confort physique et paix intérieure. La direction, les professeurs, l’association des parents d’élèves, les partenaires sociaux et les âmes généreuses sont appelés à œuvrer dans le sens de la réhabilitation de la salle des professeurs du lycée  pour lui faire retrouver son aspect humain.

1-Moukaf : Place où les ouvriers viennent quotidiennement chercher du travail.