A force de slogans et de panneaux publicitaires, on invite les Oujdis à s’engager tous dans le changement et à croire en l’avenir de leur ville. Mais quel avenir leur prédit-on ?
L’intention paraît louable et optimiste, voire même bien ambitieuse ; et on pourrait supposer qu’on annonce aux Oujdis un avenir radieux, resplendissant et donc plein de belles promesses.

Bref un avenir PROMETTEUR fait de projets grandioses, d’actions remarquables et même de rêves devenus réalité concrète.
Au lieu de cela, on a vu des affiches nous proposer un avenir PROMETEUX, en conséquence un avenir sujet à caution, discutable, problématique !!! Pourquoi ? Tout simplement parce qu’on a choisi d’associer au mot AVENIR un adjectif erroné qui n’existe dans aucun dictionnaire de la langue française, à savoir PROMETEUX.
Et comme c’est le dictionnaire qui fixe le sens des mots tels qu’ils sont communément utilisés, un mot inventé par souci de créativité ou juste par snobisme risque de semer le doute dans l’esprit du citoyen lambda quant à la signification qu’on lui accorde. Ou bien ce mot va se trouver complètement dénué de sens, ou bien il va signifier la chose et son contraire. En tout cas, il ne servira jamais à véhiculer un message précis, évident, frappant et parlant à tout le monde la même langue comme escompté d’un slogan publicitaire.
D’aucuns peuvent arguer que c’est un néologisme dont l’origine claire est le verbe PROMETTRE et dont l’acception est équivalente à PROMETTEUR et qu’on est par conséquent dans un faux débat.

Mais pour quelles raisons employer un terme qui n’existe pas, quand tellement d’autres sont là si parlants, si expressifs et bien justes?!!
On pourrait verser dans les allégations et voir là une machination cynique qui tente d’impliquer le citoyen Oujdi dans un futur exprimé «judicieusement» de façon hypothétique pour que ça n’engage aucun responsable sur les résultats. La tentation est forte mais elle ne ferait que conforter le «génie» – qui leur fait défaut- et donc les compétences des détenteurs du pouvoir dans notre paisible cité. Non, la cause est plutôt en rapport avec le flou et la confusion qui règnent dans la gestion de l’affaire publique ! Les exemples sont nombreux : cette opération maquillage qu’est la réhabilitation de la ville où faire puis refaire sans jamais parfaire est la norme, la priorisation des actions et leur programmation minutieuse, l’improvisation qu’il y a dans la réalisation de projets tels que les places ou les ronds-points et j’en passe … et jusqu’au simulacre de l’élection du président du conseil municipal.
C’est tout simplement la gabegie qui flirte avec l’anarchie.

Et dans une conjoncture pareille où l’incompétence et partant l’incohérence sont les maîtres-mots, on dépense beaucoup pour l’avenir mais malheureusement sans réussir à en effectuer la simple esquisse générale. En conséquence, l’avenir prometteur se transforme en prometeux parce qu’incertain et compromis dans les esprits des décideurs. Et, comme «ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots justes viennent aisément pour l’exprimer», ce qui est dit dans ce slogan en des termes fabriqués et trompeurs n’est que le résultat d’une vision troublée et d’un mode de gouvernance équivoque.

Mohammed YOUSFI