Diabète de Type 1 : état d’urgence pour les enfants au Maroc
Association Marocaine des Maladies Auto-immunes et Systémiques
Diabète de Type 1 : état d’urgence pour les enfants au Maroc
L’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), présidée par le Dr Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et en gériatrie, s’associe à la journée mondiale du diabète, le 14 novembre, pour alerter les parents sur sa forme moins connue, le diabète de type 1 dit juvénile ou insulinodépendant. Il survient presque exclusivement chez les enfants et les adolescents.
Ses premières manifestations souvent brutales : soif excessive, mictions très fréquentes, fatigue, perte de poids, nausées. Elles sont le signe d’une forte hyperglycémie dans le sang aux effets potentiellement graves, allant jusqu’au coma. Une simple bandelette urinaire trempée dans les urines établit le diagnostic en montrant le sucre qui s’y trouve. Il n’y a alors qu’une solution urgente : des injections d’insuline qui devront se poursuivre toute la vie. Cette hormone a pour fonctions d’assurer l’utilisation du glucose par les cellules de l’organisme pour ses dépenses en énergie et de réguler la quantité de sucre dans le sang.
Contrairement à celui de type 2, dit gras ou de la maturité, le diabète de type 1 n’est pas dû au mode de vie (et à l’obésité) mais à la destruction decellules du pancréas produisant l’insuline. Les globules blancs de notre système immunitaire (normalement chargées de traquer et d’éliminer les corps étrangers : virus, bactéries, parasites…) en sont les responsables, s’attaquant à notre propre organisme de façon autodestructrice ! D’où le terme de maladie auto-immune qui lui est donnée.
Son évolution se traduit de façon quasi inéluctable au bout de 15 à 20 ans par des dommages aux vaisseaux sanguins affectant l’œil, les reins, les nerfs… Seule, sa bonne prise en charge par le sujet atteint comme par le médecin traitant permet d’en éviter les conséquences les plus graves (accidents cardiovasculaires, amputation…).
Ce que l’on sait moins, c’est que ce diabète juvénile concerne plus de 10 % des diabétiques, progresse partout dans le monde à un taux annuel de près de 4 % et frappe de plus en plus les enfants en bas âge (entre 0 et 4 ans). Au Maroc, environ 100 000 enfants seraient déjà touchés.
La communauté médicale ne cesse de s’interroger sur sa progression qui prend l’aspect d’une véritable « épidémie ». Ce phénomène, s’explique en fait par plusieurs causes qui s’associent comme les pièces d’un puzzle pour déclencher la pathologie : d’une part une prédisposition génétique (on observe plus fréquemment que la normale une transmission parents-enfants ou grands-parents-enfants) et d’autre part surtout des facteurs environnementaux. D’abord, la pollution : plus de 100 000 produits chimiques sont présents dans l’alimentation, l’eau, l’air, le sol ou à l’intérieur de nos maisons (pesticides, nitrates, métaux lourds, particules fines et dioxyde d’azote dégagés par les automobiles…) ; certains de ces produits sont considérés comme des « perturbateurs endocriniens ». Ensuite, des bactéries (telles les streptomyces, présents dans les tubercules de plantes comme la pomme de terre) ou des virus exerceraient une toxicité à l’encontre des cellules productrices d’insuline. Un apport insuffisant en vitamine D augmenterait également ce risque.
Enfin, l’excès d’hygiène est plus en plus incriminé. La propreté a permis de mieux nous protéger des infections et de mettre fin à la forte mortalité infantile des siècles précédents. Son excès empêche maintenant le système immunitaire d’apprendre à reconnaître ses vrais ennemis (virus ou bactéries) : désorienté, il s’attaque par erreur à notre corps. La solution serait de permettre aux bébés et aux jeunes enfants de se « salir un peu » pour éduquer les défenses de leur organisme. Des études récentes viennent conforter indirectement cette thèse en montrant que le risque de diabète de type 1, des allergies, de l’asthme, des troubles respiratoires ou encore de l’obésité est accru chez les bébés nés par césarienne : elle les empêche en effet d’avoir un contact initial avec la flore bactérienne des muqueuses maternelles, alors que celle-ci est bénéfique ensuite à la constitution d’une flore intestinale variée pour les nouveaux nés.
Au-delà des inquiétudes face à ce fléau, la science médicale laisse quand même entrevoir des pistes prometteuses. Ainsi, en 2013, des chercheurs sont parvenus à transformer chez des souris certaines cellules du pancréas en cellulesb, celles qui produisent l’insuline. Ils étudient désormais les moyens de reproduire ce processus chez l’homme à l’aide de médicaments. Par ailleurs, d’autres scientifiques mettent au point des nanoparticules injectables dans le corps et capables, à la fois et ce pendant une semaine, de détecter les niveaux de glucose dans le sang et d’émettre, si besoin est, les quantités d’insuline nécessaires à une glycémie normale. Lorsqu’on sait qu’un diabétique doit s’injecter de l’insuline plusieurs fois par jour, on mesure le progrès que cela apporterait. De plus, cette nouvelle « insuline intelligente » éviterait pratiquement toutes les conséquences nuisibles de la maladie sur l’organisme (en supprimant l’alternance des périodes d’hypo et d’hyper glycémies préjudiciables aux vaisseaux sanguins).
Enfin, une étude, publiée en juin de cette année, a montré que l’apparition future du diabète de type 1 se signale déjà chez plus de 80 % des enfants concernés par la présence d’anticorps dirigés contre les cellules productrices d’insuline : ce type d’examen pourrait permettre au moins aux médecins de freiner sa survenue à défaut de l’empêcher.
Contact : Dr Moussayer Khadija
Spécialiste en Médecine interne
Présidente de l’Association Marocaine des Maladies Auto-Immunes (AMMAIS)
Tel : 05 22 86 23 63
GSM : 06 63 21 89 49
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