RETOUR SUR L’AVENTURE LIBYENNE DE NICOLAS SARKOSY
RETOUR SUR L’AVENTURE LIBYENNE DE NICOLAS SARKOSY
Il importe de prime abord d’élucider un paradoxe : l’aventure libyenne de N. Sarkozy a semblé démentir une quelconque indifférence française.
A l’initiative de la France et de la Grande Bretagne, une intervention militaire aérienne, essentiellement occidentale, avait lieu en Libye, pour soutenir les insurgés à l’Est du pays, sur la base d’une résolution du Conseil de sécurité de l’Onu.
Tout le monde doutait d’emblée de la cohérence et de la légitimité d’une telle opération, tout en comprenant cependant que les opposants libyens puissent l’utiliser à leur profit. Cette guerre était un piège et, sans doute, un cadeau empoisonné aux révolutions arabes en cours, à peine commencées.
Premièrement, la France de Nicolas Sarkozy était la plus mal placée pour faire des suggestions, se mettre en avant, étant donné sa compromission avec le régime de Kadhafi, la mise en scène de 2007, les contrats d’armement. On ne fait pas la guerre uniquement pour oublier, effacer son passé, faire diversion…
Deuxièmement, la suite l’a confirmé, cette guerre a été déclenchée sans analyse précise de la situation concrète, sans évaluation tactique ni même vision stratégique. Quel était le but de cette guerre ? S’agissait-il de renverser la dictature de Kadhafi ? Auquel cas, des frappes aériennes ne suffiraient évidemment pas. Armer les opposants sur le terrain ? Dans tous les cas, il ne saurait s’agir d’angélisme pour refaire l’Afghanistan !
Troisièmement, et sans doute cet argument-là a-t-il beaucoup pesé dans le positionnement autrement prudent et pragmatique de Barack Obama. On ne pouvait faire comme si les expériences concrètes de l’Afghanistan, de l’Irak, de Kosovo, n’auraient servi à rien.
Quatrièmement, et c’est l’argument le plus lourd, celui qui emporte la décision, l’argument rédhibitoire : la politique intérieure du pouvoir français qui n’avait rien à faire du peuple libyen, de ses misères, et de ses aspirations. Car les choses semblaient lamentablement manquer de cohérence, essentiellement pour le peuple français et ses alliés.
Dans tous les cas, en fin, on ne pourrait quand même pas prétendre que N. Sarkozy était décidé à voler au secours des arabes, de l’Islam, des intégristes musulmans, ayant souffert pendant plus de quarante années de la dictature de Kadhafi !
Tout portait à croire que N.Sarkozy, en réalité, cherchait beaucoup plus à se débarrasser d’un acolyte devenu désormais encombrant, compte tenu des rumeurs insistantes qui circulaient dans toutes les chancelleries occidentales, selon lesquelles le grand dictateur libyen aurait bel et bien subventionné, jusqu’au dernier sou, la campagne présidentielle de N.Sarkozy.
Une fois la guerre déclenchée, le président Sarkozy ne pouvait plus reculer. Ce ne fut qu’à ce moment précis qu’il se serait aperçu du piège diabolique dans lequel, il serait tombé.
Pour brouiller définitivement les cartes, le Grand Joueur prit la décision de tout faire pour que soit exécuté Moammar Kadhafi, par tous les moyens possibles et imaginables. Alors que la guerre faisait rage et que le peuple libyen se sacrifiait dans un combat héroïque contre les troupes deKadhafi, pour libérer le pays d’une sale dictature, le fin aventurier savourait jalousement sa victoire, à lui : la fin tragique du colonel Kadhafi.
Sur ce, le rideau tomba. Peu importe ce qui se passerait après !!!. /.
DE VIVE VOIX : Mohammed Essahlaoui
2 Comments
Mr ESSAHLAOUI, j’apprécie fortement la diversité des thèmes que vous nous présentez, toujours avec brio et une analyse qui ne peut être que celle d’un fin connaisseur du domaine. Vos sujets, à caractère fréquemment politiques, sont, en tout cas pour moi, très enrichissants. Les lire permet de faire rapidement et sans voyager le point sur un sujet d’actualité, comme celui de ce qu’on appelle « le printemps arabe ».
La France et le Royaume Uni s’apprêtent (ou menacent) d’intervenir contre Bechar el assad en « seulement » armant les révolutionnaires (pas de la même façon que pour la libye) , en dépit de la réticence des autres Etats européens. Tomberont-ils dans le même piège que vous avez décrit (pour Sarkozy). On verra bien. Cordialement. MEZIANE AHMIDA
israel n’oubliera jamais ses amis et ses ennemis bernard henry levy etait le cerveau qui a mis fin au pouvoir de kaddafi et le premier executeur sarkozy qui en ce 19 mars et en visite a benghazi et en lybie a l’invitation des nouveaux maitres de ce pays.