A QUOI LES REVOLUTIONS ARABES DOIVENT-ELLES S’ATTENDRE ?
A QUOI LES REVOLUTIONS ARABES DOIVENT-ELLES S’ATTENDRE ?
Ce serait de la piètre naïveté que de croire un instant, à la bienveillante affection des grandes puissances occidentales à l’égard des dernières révolutions populaires du monde arabe. Mieux encore, certains pays parmi ceux qui ont scandé des chansons printanières, parce qu’ayant une mémoire incorrigible, se sont même payé le luxe, à bon marché, d’apparaître étonnamment crédules aux yeux d’une opinion publique toujours en quête de cette ère de victoire qui tardait tristement à pointer aux horizons d’un Machrek durement éprouvé, par des guerres dévastatrices entretenues par l’Etat hébreu contre ce qui reste encore des mouvements de résistance palestinienne.
Ceux-là n’ont guère rougi à l’idée que les démocraties maîtresses de la planète ne manqueraient pas de les féliciter pour leur exploit mémorable, tel un groupe d’élèves rompus à la note zéro, et qui soudain n’hésitent guère à exprimer leur joie devant leur professeur, après avoir obtenu un encouragement pour avoir dénoncé des énergumènes qui se moquaient de leur maitresse de L.E !
Il suffit de prendre l’exemple du gouvernement Sarkozy pour s’apercevoir qu’à aucun moment on n’a daigné encourager le peuple tunisien de l’autre côté de la méditerranée : ce fut, au contraire, l’indifférence totale ; même pas un coup de téléphone pour s’informer de l’évolution des événements qui secouaient la Tunisie.
Le grand ami de France, a pris une distance surprenante vis –à- vis des nouveaux dirigeants de la Tunisie. On dirait qu’il craignait d’être mal compris par ses amis occidentaux qui ne verraient pas d’un bon œil la France de Sarkozy se mouiller quelque part.
Par conséquent, à l’indifférence injustifiée et injustifiable, il fallait ajouter l’extrême prudence de toutes les chancelleries occidentales qui, pour dire vrai, n’hésitaient plus à se défier ni à se méfier des amis d’hier ; surtout après le départ ou la chute des dictateurs avérés.
Mais il faut aussi citer l’exemple de la Libye de Kadhafi. Tous les observateurs avaient compris le manège et le stratagème qui avaient présidé à la chute du grand acolyte de Sarkozy L’objectif ultime de l’intervention manu militari au moyen d’avions mirage et rafales, c’était bien pour faire disparaitre et le plus tôt possible, le colonel dictateur, détenteur de grands secrets d’Etat.
En fin de compte, on aura compris que les puissances occidentales, loin de souhaiter la bienvenue aux révolutions arabes et aux nouveaux dirigeants, font tout pour marquer leur suspicion et leur méfiance, d’autant que le drapeau noir flottait sur toutes les grandes artères des capitales arabes au lendemain des révolutions et de la chute des dictateurs.
Aujourd’hui que les anciens dictateurs ont disparu de la scène, du moins physiquement, et que les Etats concernés s’ingénient tel le mythe de Sisyphe à reconstruire leur infrastructure tragiquement détruite suite aux affres de la guerre qui a mis ces pays à terre, pour de nombreuses années, force est de constater que l’aide aux efforts de reconstruction semble se faire rare, et de surcroît les Etats ayant subi l’onde de choc sont désormais au bord du gouffre.
Le fait que des mouvements islamiques salafistes aient pris part aux combats féroces aux côtés des peuples, contre les régimes dictatoriaux en Tunisie, en Libye, en Egypte, au Yémen, et actuellement en Syrie, pour ne citer que ces pays, a semé un doute profond chez les puissances occidentales, qui étaient ne l’oublions pas, les protecteurs inconditionnels des dictateurs partis ou déchus, et qui continuent jusqu’à présent à entretenir des contacts discrets de coordination stratégique avec des clans hostiles à toute « tentation diabolique d’islamisation » de la société.
Ainsi va le monde arabo musulman d’autant que la tendance chez les peuples de la région et de la sous région semble basculer sciemment et irréversiblement vers l’option, sinon de l’instauration de régimes islamiques radicaux, du moins de celle d’un islam politique « modéré ».
En ce sens, il faudrait s’attendre inéluctablement à une évolution rapide sur le plan des choix sociopolitiques de l’ensemble de l’Afrique du nord qui promet des risques certains de bouleversements
profondément fulgurants, à tous les niveaux.
Face à de telles perspectives, les nouveaux régimes dits du printemps arabe savent indubitablement qu’ils devraient s’attendre, à court ou à moyen terme, à des lendemains particulièrement difficiles, auxquels cas ils seraient appelés à ne compter que sur eux-mêmes, sachant que des forces occultes, de toutes parts, attendent la première occasion propice pour renverser la vapeur et renouer avec l’Occident , ainsi qu’avec des régimes arabo musulmans jusque-là comptés parmi les « modérés ».
DE VIVE VOIX : Mohammed Essahlaoui
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