S’ouvrir sur l’environnement de l’élève.
Khalid Barkaoui
Chaque enseignant fait de son mieux pour aider efficacement ses apprenants à réussir en classe et éventuellement à réussir dans la vie tout court. Pour cette raison, le professeur entame sa journée à préparer ses cours en passant au peigne fin les objectifs d’apprentissage à atteindre, les sous-objectifs à réaliser, le matériel didactique à mettre en place, les démarches prônées, les stratégies d’apprentissage les plus efficaces à mettre sur pied…Néanmoins, l’enseignant néglige les conditions socio-économiques de chaque élève et la dimension psychologique de ses élèves. Le résultat, l’enseignant explique, se démène, transcrit au tableau des informations, incite les apprenants à prendre des notes, à restituer, à mémoriser et à comprendre…Au final, épuisé et stressé, il se rend compte qu’une cohorte importante d’élèves n’ont rien retenu et que beaucoup de chemin reste à parcourir pour atteindre les objectifs fixés au préalable.
Notre enseignant est un vrai pédagogue, un professionnel hors pair qui aime son métier, qui fait toujours des recherches, qui actualise son savoir-faire, qui lit des livres d’une seule traite, qui se concerte régulièrement avec ses confrères et ses consoeurs…Cependant, il n’arrive pas à comprendre ce handicap qui persiste à savoir des élèves mal en point et qui sombre dans le désarroi.
Sans doute, un enseignant est censé maîtriser son univers et il est appelé à adapter son contenu, à recourir aux dernières avancées des neuroscientifiques, à avoir une idée claire sur la pédagogie positive, sur la pédagogie différenciée, sur la pédagogie du projet et du contrat, mais ce n’est pas suffisant pour peaufiner les performances de son groupe-classe. Notre professeur est tenu mieux connaître l’environnement familial et les problèmes psychologiques qui hypothèquent la réussite scolaire des apprenants.
Un élève qui sort de la classe, se dirige promptement vers le foyer familial pour couler des moments de joie, d’empathie et de quiétude en compagnie des membres de la famille. Si ce dernier vit dans un espace de tension, de déchirure et de violence, il sera impacté négativement et son appétit pour le savoir diminuera inévitablement.
Un apprenant violenté par ses pairs, quotidiennement sous-estimé et régulièrement victime de réprimandes et de harcèlement…Qui ne trouve pas une oreille attentive, un coeur tendre et attentionné pour amadouer ses souffrances n’apprendra pas grands choses en classe, même s’il dispose d’un quotient intellectuel élevé.
Nous exerçons le plus beau métier au monde, mais aussi le plus difficile et le plus pénible. Ce sacerdoce requiert toujours du travail, de la recherche, de l’écoute, de l’empathie…pour trouver les solutions qui s’imposent avec acuité afin de tendre la main à nos petites têtes blondes ou brunes pour devenir des citoyens responsables et engagés. De ce fait, l’enseignant n’est pas typiquement un pédagogue, il est aussi un psychologue et un sociologue pour agir positivement sur la motivation, la confiance en soi, l’estime de soi, de l’anxiété, la phobie scolaire, le harcèlement au niveau scolaire…. Si un chaînon manque à la gourmette, les autres chaînons ne serviront à rien.
La formation initiale et continue des enseignants doit porter sur deux dimensions interdépendantes à savoir la psychologie et la sociologie pour être en mesure de dispenser un enseignement de bon aloi qui percera le coeur et l’esprit de nos élèves.
Khalid Barkaoui
Membre de l’AMEF CP de Boulemane.
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