Les composantes d’un soutien efficace en lecture
Les composantes d’un soutien efficace en lecture
Dans la plupart des classes des milieux défavorisés la présence des élèves qui éprouvent des difficultés en lecture n’a rien d’exceptionnel. Certains enseignants malgré le peu de matériel qu’ils possèdent s’efforcent de proposer des séances de lecture-soutien qui favorisent l’acquisition des habilités du déchiffrage. Mais malgré ces efforts les élèves trouvent encore des difficultés de déchiffrage et de compréhension.
Suffit-il de s’entrainer au déchiffrage pour acquérir les compétences de lecture ?
Qu’est ce qui manque aux séances de soutien pour atteindre les objectifs tracés?
Dans ces quelques feuilles nous essayerons de présenter quelques éléments nécessaires pour préparer une remédiation réfléchie en répondant à la question suivante :
Quelles sont les composantes d’un enseignement efficace en lecture pour soutenir les élèves en difficultés?
Pour mener à bien notre tâche, nous vous proposons une articulation en deux temps. Nous essayerons, dans un premier temps de faire un survol de certaines définitions et notions relatives à l’acte de lire pour changer quelques représentations autour de la lecture.
Dans un deuxième temps nous présenterons les composantes d’un soutien efficace en lecture. Nous tenterons de vous faire identifier presque toutes les composantes nécessaires qui contribuent de près ou de loin à la réussite d’un soutien réfléchi.
1. Qu’est-ce que lire?
Certains professeurs croient qu’il suffit qu’un élève décode correctement tous les mots d’un texte pour attester qu’il sait lire. Cette représentation se reflète dans les pratiques des enseignants qui résument leurs interventions dans la lecture à tour de rôle de toute la classe. Néanmoins, lire c’est plus que décoder, C’est comprendre un message écrit. C’est justement ce que MAlARET et BOREL affirment dans leurs définitions de l’acte de lire:
» Lire c’est transformer un message écrit en message sonore….puis le comprendre. » MAlARET
« Lire c’est rendre sonore un message porteur de sens. » BOREL [1]
On ne peut progresser dans notre recherche d’une réponse plus détaillée et plus significative à la question ci-dessus « qu’est-ce que lire? » sans se référer à la définition que nous avons trouvé dans le guide « pour aider votre enfant en lecture et en écriture, du ministère de l’éducation de Toronto, qui définit la lecture ainsi: » Lire c’est plus qu’être capable de décoder des mots ,c’est avant tout comprendre le sens d’un texte, dans les livres, les magazines, les sites web, les manuels et sur les affiches des panneaux de signalisations. C’est aussi faire preuve d’esprit critique face au texte lu…découvrir l’intention de l’auteur et sa vision du monde. » [2]
D’après cette définition, lire c’est, en même temps, décoder, comprendre la signification d’un mot ou d’une suite de mot pour enfin réagir (l’effet produit chez le lecteur).
Cette compétence suppose la maîtrise de deux habilités : le décodage et la compréhension.
Le décodage : C’est la prononciation des lettres, des syllabes et des mots dans une suite appropriée après les avoir identifier.
La compréhension : C’est donner un sens à l’écrit. C’est se construire une image mentale de ce qu’on vient de lire et pouvoir l’exprimer dans ses propres mots. Cette dernière habilité amène le lecteur à prendre position à ce qu’il vient de lire (accepte, refuse, être avec ou contre, aime ou déteste, faire ou ne pas faire…).
Après ces dernières définitions qui soulignent l’importance de la compréhension comme finalité de la lecture, il est important, en tant que praticien, de définir ce que c’est apprendre à comprendre.
2. Qu’est-ce qu’apprendre à comprendre?
Pour que les élèves puissent lire ils doivent:
Apprendre à décoder:
– Acquérir les compétences techniques du déchiffrage (reconnaitre les lettres et les combiner en syllabes puis en mots et la reconnaissance d’un mot dans sa globalité)
– Développer la fluidité en lecture (Dire un texte avec rapidité et expression en respectant les règles de la ponctuation)
Apprendre à comprendre:
– Acquérir un vocabulaire abondant et thématique et être capable de l’utiliser.
– Apprendre à utiliser les connaissances linguistiques (grammaire, conjugaison..) pour comprendre un écrit.
– Apprendre à utiliser quelques stratégies de la compréhension (repérer les connecteurs, …..
– Apprendre à anticiper le contenu d’un texte.
– Apprendre à questionner un texte (trouver son idée générale. Les informations du texte).
– Apprendre à faire des liens entre les informations du texte et les connaissances du lecteur sur le sujet pour adopter une attitude critique à l’égard du texte.
1. Les composantes d’un soutien efficace en lecture.
Pour éviter que vos élèves n’aient pas de difficultés pendant le soutien- lecture, et avant de commencer la remédiation, il faut s’assurer que vous disposez des éléments nécessaires pour appuyer le rendement de ces apprenants en lecture , nous citons en particulier l’environnement physique adéquat, des objectifs bien définis, une communication orale bien travaillée et une évaluation qui détermine le profil de chaque élève. Les paragraphes qui suivent traitent chaque élément en détail.
1.1. Bien déterminer les objectifs d’un soutien-lecture.
D’après les textes officiels, qui décrivent les compétences en lecture en classe d’initiation (3 et 4 années) comme :
« L’apprenant doit pouvoir :
– Mettre en relation les lettres et les sons,
– Identifier les mots familiers, prénoms, mots usuels, jours de la semaine, mois d’anniversaire…,
– Identifier les différents supports d’écrits (livres, revues, cartes, journaux, dictionnaires, affiches publicitaires, écrits documentaires.
– S’initier à utiliser une bibliothèque adaptée à son âge et à son niveau
– Opérer des classements, choisir un album, un livre, une bande dessinée et réunir une documentation… » [3]
Et pour traduire les intentions de la remédiation en lecture et préparer les apprenants en difficultés à s’intégrer dans leur milieu scolaire. Le soutien-lecture doit permettre l’acquisition des objectifs principaux suivants :
Permettre aux élèves de reprendre les bases oubliées ou non maîtrisées du code écrit par l’acquisition des stratégies de reconnaissance des mots d’un texte :
– L’identification du vocabulaire global ;
– le déchiffrage des mots nouveaux ;
– la résolution des problèmes de lecture en cas de blocage.
Développer la fluidité en lecture :
– Respecter les règles de la ponctuation ;
– Lire avec une certaine vitesse et d’une manière expressive.
Enrichir le vocabulaire des élèves par :
– Des activités spécifiques qui visent l’acquisition quotidienne de mots nouveaux dans tous les enseignements (les textes de lecture, les leçons de langue…) ;
– Des échanges oraux répétés et fréquents entre professeurs et élèves ;
– La lecture quotidienne aux élèves.
Amener les élèves à la compréhension des textes par l’acquisition des stratégies de compréhension :
Questionner le texte :
– repérer les connecteurs ;
– repérer les substituts ;
– faire des inférences ;
– retrouver les idées essentielles d’un texte.
Développer la motivation des élèves à lire dans et hors classe par :
– La création d’une bibliothèque en classe ;
– La lecture régulière aux élèves ;
– La multiplication des moments de lecture.
1.2 Créer un environnement propice pour la remédiation
Pour créer un climat favorable pour un soutien efficace, l’enseignant doit planifier et gérer sa classe d’une manière intelligible pour fournir la structure nécessaire à la remédiation et l’acquisition des habilités relative à la lecture.
Pour faciliter la gestion de la classe l’enseignant doit créer un environnement physique (salle de classe) bien organisé qui contient une bibliothèque, un tableau de lecture et des murs d’affichage.
v La bibliothèque de la classe:
Elle a une place marquante dans le soutien – lecture. Elle favorise l’acquisition des habilités de lecture et suscite l’envie de lire. La bibliothèque de la classe doit contenir des livres de genres variés, adaptés aux niveaux des élèves, et qui représentent la culture enfantine.
Elle doit être bien organisée afin que les élèves l’utilisent comme un véritable outil qui permet un accès rapide et facile à des livres nombreux et variés.
v Tableau de lecture
Il peut être un tableau noir disponible ou un volet mobile qui sera consacré à la lecture permanente. Ce tableau contient des lettres, des syllabes, des mots, des phrases, des bouts de texte et aussi des textes courts.
v Les Murs d’affichage.
Ils sont des coins qui contiennent des propositions de lecture pour l’élève, comme ils sont aussi des occasions pour enrichir son vocabulaire.
Exemples: des syllabes, des images étiquetées, des contes courts, le programme du jour, un emploi du temps, le règlement intérieur de la classe, Tableau de responsabilité, étiquettes pour classer et ranger les livres de la bibliothèque, les productions d’élèves, ateliers de classe, les présentations de livres, des exposés, page d’information, …..
1.3 la communication orale fondement de la lecture.
La communication orale et la lecture sont deux compétences interdépendantes. Un élève qui maîtrise bien le langage oral a de forte chance d’acquérir aisément les habilités de lecture. En d’autres termes l’apprenant qui possède un bon vocabulaire oral et qui a une bonne conscience phonologique de la langue parlée, peut facilement apprendre à lire car la lecture pour lui consiste seulement à faire des liens entre la forme graphique du mot rencontré, sa forme phonique et son sens déjà mémorisé à l’oral. Par contre un enfant qui a un lexique oral pauvre, à chaque fois qu’il rencontre un mot nouveau, il doit mémoriser plus que sa forme phonique sa forme graphique et son sens.
1.4 Elaborer un profil pour chaque élève.
L’évaluation est un processus continu, planifié et lié à l’enseignement qui prévoit la cueillette, l’enregistrement et l’analyse d’information sur les connaissances et les compétences en lecture. Elle suppose des interventions fréquentes qui aident les élèves à progresser.
L’évaluation cible deux objectifs d’enseignement de la lecture: la fluidité et la compréhension.
La fluidité correspond à l’habilité de reconnaitre les mots et de lire un texte avec rapidité et expression.
La compréhension est l’habilité de recueillir des idées et de traiter les informations d’un écrit.
Conclusion
L’envie d’aider les élèves et de remédier à leurs difficultés germait dans l’esprit de chaque enseignant. Ce qui nous manque c’est la volonté de changer nos pratiques et de reconnaitre que ce sont nos élèves qui sont le point de départ de notre planification. Celle-ci doit prendre en compte les éléments nécessaires qui préparent le soutien lecture.
HICHAM BOUGEDRAWI
[1] (Les difficultés de lecture. Par le professeur Gean Paul Martinez. http://www.er.uqam.ca/nobel/lire/nostextes/difficultelect.pdf)
[2] [2] Pour aider votre enfant en lecture et en écriture – Conseil … www.cscprovidence.ca/images/Guide_parents_littratie_F.pdf
[3] Rahma Marakechi,rajaa Boukheriss, Anissa benjelloun, Dris Damri, Abdelkader farhani, Mes apprentissage en français 4ème année de l’enseignement du primaire, Maroc, librairie Papeterie National,2003,p3.
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