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DROITS POLITIQUES DES CITOYENS MRE 2/5- La direction du CCME est aussi responsable que les gouvernements successifs et les majorités parlementaires respectives, de la non effectivité de ces droits.

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DROITS POLITIQUES DES CITOYENS MRE
2/5- La direction du CCME est aussi responsable que les gouvernements successifs et les majorités parlementaires respectives, de la non effectivité de ces droits.

Par Abdelkrim Belguendouz
universitaire à Rabat, chercheur en migration

Dans l’édition d’hier d’OujdaCity, nous avons reproduit l’intégralité de la déclaration de Boussouf secrétaire général du CCME, sur le volet droits politiques du dossier MRE et formulé quelques observations préalables à ce propos.
Nous poursuivons le débat avec le secrétaire général de ce Conseil en reprenant (en italique) chacun des passages de la déclaration avec la référence : le site « Al Oâmk », en émettant nos remarques et observations à travers quatre autres parties.
2- La direction du CCME est aussi responsable que les gouvernements successifs et les majorités parlementaires respectives, de la non effectivité des droits politiques des citoyens MRE.
3- Double langage du secrétaire général du CCME et non existence d’un avis consultatif du Conseil relatif à la représentation MRE à la Chambre des Conseillers.
4- Le secrétaire général du CCME a combattu l’action responsable des partis politiques et des parlementaires en matière de droits politiques des citoyens MRE.
5 – Il y’a loin du CCME (Conseil de la communauté marocaine à l’étranger) à la CCME (communauté des citoyens marocains à l’étranger) !
Voici aujourd’hui la deuxième partie : la direction du CCME est aussi responsable que les gouvernements successifs et les majorités parlementaires respectives, de la non effectivité des droits politiques des citoyens MRE.
LE SITE « AL OAMK »
Le secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’Etranger (CCME) Abdellah Boussouf estime que le gouvernement et le parlement assument la responsabilité de priver les Marocains du monde de la participation politique. « C’est le gouvernement, dit-il, qui soumet les projets au Parlement, et les lois sont discutés et votées au sein de l’institution législative ».
NOS NEUF REMARQUES ET OBSERVATIONS
Huit points seront soulevés dans cette discussion :
– le trio dirigeant du CCME contre la pleine citoyenneté des MRE ;
– exemples d’arrogance et de mépris ;
– le livre du CCME d’octobre 2013 : des arguments avariés et éculés ;
– quelques déclarations représentatives et significatives du trio dirigeant du Conseil ;
– une directive royale non suivie ;
– le Mémorandum urgent des « Cinq » au président du CCME ;
– démission du CCME de Abdou Menebhi ;
– une revendication respectable ;
– pour une politique du vrai.

1- Le trio dirigeant du CCME contre la pleine citoyenneté des MRE :
Dans le cadre de notre dialogue avec le secrétaire général du CCME, nous voudrions d’abord exprimer notre plein accord sur la responsabilité manifeste des gouvernements successifs et de leurs majorités respectives (avec toutefois des nuances pour certains partis politiques comme nous le préciserons plus bas) dans la privation des Marocains de l’extérieur de la participation politique et de la représentation parlementaire à Rabat. Nous reviendrons plus loin sur ces deux types de responsabilité pour respecter l’enchaînement de la synthèse reproduite par le site « Al Oâmk Almaghribi ».
Dans ce qui suit, nous voudrions montrer, preuves à l’appui, en donnant les références précises et les sources, que cette responsabilité incombe AUSSI
à la direction du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger. Ses responsables, à savoir juridiquement ses deux responsables (le président et le secrétaire général nommés par dahir (n°1-08-08 et 1-08-09 du 21 décembre 2007), plus un chargé de mission (membre du Conseil et contractuel, qui avait pris le titre usurpé de « directeur », « coordinateur général » ou « membre dirigeant »), avec la compromission de leurs deux conseillers qui se sont succédés, ont tous leur part, volontaire et indéniable, dans le blocage et le maintien de l’exclusion des citoyens MRE de la jouissance effective pleine et entière de leurs droits politiques par rapport au Maroc , que leur confère la Constitution.
Ces trois responsables sont sortis de leur obligation de réserve et du statut même de l’institution qu’ils dirigent, en «militant» activement et publiquement de surcroît, pour une approche antidémocratique, dédaignable, négligeable et méprisable de la citoyenneté des MRE. Ils se sont posés comme un milieu réfractaire, des poches de résistance et des opposants farouches à cette participation. Ils ont, chacun à sa manière, mais collectivement solidaires, mené depuis la création du CCME, des campagnes et pris des initiatives multiples de décrédibilisation, de déconsidération et de déligitimation de la participation politique et de la représentation parlementaire des citoyens MRE au Maroc, à partir de circonscriptions électorales législatives de l’étranger.
Dans le cadre d’une offensive « idéologique » d’envergure, ce trio dirigeant du CCME a considéré les Marocains résidant à l’étranger, non pas comme des citoyens à part entière, mais entièrement à part, des sous-citoyens, des citoyens incapables et mineurs politiques, manquant encore de maturité, perméables aux slogans réducteurs, à la surenchère politicienne, et mus foncièrement par des intérêts purement personnels et égoïstes…
2- Exemples d’arrogance et de mépris :
Avant de revenir longuement sur ces aspects dans les trois prochaines parties de cette contribution au débat public pour l’action, livrons ici quelques exemples parmi tant d’autres, de l’expression de cette opposition viscérale à la représentation parlementaire à Rabat des citoyens MRE.
Ainsi, lors d’une conférence donnée à la mi-novembre 2008 à New York dans le cadre d’une O.N.G. de Marocains aux USA, la revendication du droit à l’éligibilité parlementaire des citoyens marocains à l’étranger, est considérée par le président du CCME comme une revendication « purement personnelle et égoïste», renvoyant aux «intérêts personnels de certains» (Propos tenus par le président du CCME, Driss El Yazami, dévoilés par une cassette diffusée fin novembre 2008 sur You Tube) .
Cette conception méprisable de la citoyenneté développée par le président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, trouvera même des émules à ce moment-là, ainsi que lors de l’élaboration du projet de constitution de 2011 et à bien d’autres occasions qui seront rappelées ici, parmi les autres dirigeants du Conseil.
Ainsi, lors du séminaire international organisé à Casablanca par ce conseil les 18 et 19 juin 2011, le secrétaire général du CCME, Abdellah Boussouf, répondait à ceux (comme l’auteur de ces lignes), qui interprétaient l’article 17 du projet de constitution comme donnant la possibilité d’être éligible à la Chambre des Représentants, à partir des pays de résidence, sous réserve du contenu de la loi électorale qui devait suivre, que cette interprétation était de la «pure surenchère politicienne » (!) .
La récidive a été entreprise également notamment dans la préface du secrétaire général du Conseil au livre en arabe du CCME d’octobre 2013 : « la question de la participation politique des Marocains du monde, renvoie à de multiples problématiques et défis ; cette question a été le plus souvent posée en termes simplistes à travers des slogans réducteurs qui s’interdisent de prendre en considération la complexité de ces problématiques » (édition en arabe, p,7).
De même, à l’opposé de l’approche démocratique, Driss Ajbali, directeur-coordinateur général (à l’époque) du CCME, déployait dans l’hebdomadaire casablancais «Actuel» numéro 99 du 17 au 24 juin 2011, le plaidoyer antidémocratique, arrogant et méprisant suivant. Pour lui, la représentativité dans l’une des deux chambres du parlement est loin d’être évidente. Les partisans de cette représentation « sont très peu nombreux et s’accrochent religieusement au discours royal de 2005 » (!!!), comme s’il ne fallait pas garder au discours royal toute son honorabilité, sa respectabilité et sa crédibilité.
Pour Ajbali, précise la revue qui cite les propos de l’auteur, « la participation politique ne peut être résumée en un mandat parlementaire. Et tous ceux qui veulent devenir députés aujourd’hui, ont le même profil : ils ont échoué dans leur projet de vie et d’intégration dans les pays de résidence. Ils veulent se notabiliser sur le dos des Marocains » (!!!)
Autrement dit, la société civile MRE qui a revendiqué depuis des années, ce droit de participer à la chose publique au Maroc (au travers notamment de pétitions, mémorandums, journées d’études, de multiples délégations au Maroc, de rencontres avec des acteurs politiques, syndicaux, des responsables gouvernementaux, les groupes parlementaires, des sit-in devant des consulats et ambassades du Maroc, le recours devant la Chambre administrative de la Cour Suprême, des correspondances au Cabinet royal, l’édition de livres etc…), n’est constituée que de ratés, des bons à rien !
Sans autre commentaire de notre part !
3- Le livre du CCME d’octobre 2013 : des arguments avariés et éculés
D’autres arguments inconsistants et fallacieux vont des difficultés matérielles, techniques, juridiques et politiques, voir l’impossibilité d’organiser des élections législatives à l’étranger, en passant par l’absence de demande démocratique des citoyens MRE, l’antinomie avec l’intégration des MRE dans les pays d’accueil, le risque de favoriser l’extrême droite dans ces pays, etc..
Un condensé de cet « argumentaire » destiné à discréditer et dévaloriser la participation politique des citoyens MRE par rapport au Maroc, se trouve notamment dans le livre publié par le CCME en arabe et en français en octobre 2013 sous le titre : « la question de la participation politique et de la représentation parlementaire des Marocains du monde ». Son idée centrale est que cette question est complexe, compliquée, très difficile à résoudre, impossible à trancher, exige une démarche évolutive, nécessite plus de temps, plus de réflexion pour trouver les solutions pertinentes.
Distribué à très grande échelle depuis cette date, le livre égrène en effet une série de justifications destinées à déconsidérer et à enlever toute raison objective de l’institution d’une participation ou représentation parlementaire des citoyens MRE: « Outre que la concrétisation de ce projet doit être étudiée davantage, (mais jusqu’à quand après plus de 6 ans d’exercice du Conseil au moment de l’édition du livre et plus de 12 années maintenant en 2020), il suscite des interrogations sur son opportunité :
– Les circonstances permettent-elles la participation politique à partir d’urnes installées dans les pays d’accueil ?
– Cette participation constitue-t-elle une priorité pour les émigrés ?
– Quelle valeur ajoutée apporte-t-elle au pays d’accueil ?
– Que faire dans le cas de pays qui interdisent l’organisation d’élections à leurs immigrés ?
– Est-il raisonnable de recourir à un droit démocratique dans des pays dont les citoyens en sont dépossédés ?
-L’évocation de la discrimination positive pose également problème dans ces pays.
– Les députés qui ne résident pas au Maroc, ont-ils le droit de se prononcer sur des questions qui n’intéressent que les Marocains de l’intérieur?
– Ceux qui ne payent pas d’impôts au Maroc, ont-ils le droit de participer aux élections ?
Il est évident que ces différentes questions nécessitent des expertises qui doivent être réalisées à l’aune du droit constitutionnel, afin d’éviter des hiatus entre l’avis consultatif (sous-entendu du CCME) et la règle de droit».
Or les questions précédentes tournent pour la plupart, non pas autour de l’opérationnalisation de ce droit politique, en réfléchissant aux modalités concrètes, mais de son opportunité et de sa raison d’être, alors que la Constitution a déjà tranché là-dessus, en le reconnaissant et en l’inscrivant dans le marbre.
CCME ou l’impossible pleine citoyenneté des Marocains de l’extérieur, la situation n’étant pas « opportune » pour de multiples raisons insurmontables !!!
Par ailleurs, aux pages 18 et 19 de ce même livre, il est affirmé qu’au niveau mondial, la double problématique de la participation et de la représentation politique des immigrés par rapport à leur pays d’origine, « soulève des questions majeures et complexes dont celle :
– de l’intégration dans les pays de résidence : la participation électorale dans les pays d’origine, n’est-elle pas un frein à l’intégration dans les pays d’installation ?
– de la double /voir triple) allégeance nationale : les binationaux, voir les trinationaux ne risquent-ils pas d’avoir des problèmes contradictoires entre leur pays de résidence et leur pays d’origine, ni d’importer des conflits ou des enjeux inopportuns ?
– enfin de la mise en œuvre concrète des scrutins : problème de logistique concernant le déroulement des scrutins, la garantie de transparence des procédures, l’établissement des registres électoraux etc…)
(….) Ainsi la participation politique des expatriés pose à la fois des questions majeures quant aux équilibres politiques intérieurs (!!!) et de mise en application (déroulement des campagnes, établissement des listes électorales, découpage des circonscriptions, juridictions de contrôle des scrutins, conflits de législation et …) et d’une justice et d’une inégalité entre citoyens ».
L’argumentaire de ce livre de chevet pour les responsables du Conseil, ne va pas rester au niveau de la simple formulation, mais il sera utilisé par la direction du CCME à chaque occasion qui se présente : contacts avec les ONG de l’émigration et/ou des délégations étrangères, interventions médiatiques, « sensibilisation » des acteurs politiques, syndicaux, associatifs, médiatiques etc…
Précisons également ici que ce livre ne fait que reprendre, mais en les affinant et en les approfondissant, un certain nombre d’arguments déjà utilisés par eux depuis la création du Conseil, montrant ainsi la continuité de leur approche antiparticipationniste par rapport aux citoyens MRE.
4- Quelques déclarations représentatives et significatives du trio dirigeant du Conseil
Ainsi , dans une interview parue dans « Le Matin du Sahara », le 10 mars 2008, Driss El Yazami, président du CCME, fait l’apologie de la «désintégration» des MRE par rapport au Maroc, leur participation électorale dans le pays d’origine étant considéré comme un parasitage à l’intégration dans les pays d’installation : «Ces terres d’accueil sont en train de devenir progressivement leurs propres pays et non seulement des pays de résidence (…) ll faut que la politique générale du Maroc réponde au principe d’accompagnement de l’intégration des Marocains résidant à l’étranger dans leurs sociétés d’accueil et non entraver cette intégration».
Par ailleurs, balayant publiquement d’un revers de main la nécessaire représentation parlementaire au Maroc des citoyens MRE, le même responsable institutionnel, confiait dans une interview à «Tel Quel» parue le 8 mars 2008 : «Je crois que la question de la participation politique a pris trop d’ampleur. Il y’a d’autres aspects tout aussi importants ».
S’agissant maintenant du secrétaire général du CCME, ses «arguments» par rapport à la représentation parlementaire des citoyens MRE, ont été également utilisés bien avant l’édition du « livre-chevet », mais ils ont été intensifiés par la suite, en se fondant aussi sur d’autres aspects plus « radicaux » qui distinguent son approche.
Ainsi, dans un entretien donné en mars 2013 et toujours publié sur le site du Conseil, il déclare ceci : «la migration marocaine est une question nationale et non pas politicienne» , «il est important de garder un peu de sérénité vis à vis de cette problématique (de l’immigration marocaine) en évitant de la politiser, la politique n’étant pas au centre des attentes des Marocains du monde et il n’est pas question de subir des tensions à ce sujet.»
Par ailleurs, rendant compte d’une rencontre organisée le 6 octobre 2016 avec une délégation d’élus franco-marocains du cercle Eugène-Delacroix, le site officiel du CCME fait le compte rendu suivant : «Dans son intervention, M.Boussouf a démontré (!!!) que la participation politique des MDM est confrontée à des écueils d’ordre technique qui entravent sa mise en œuvre (…) En cas de litige, quelle autorité doit intervenir? Et puis les sessions parlementaires nécessitant la présence des élus, durant quelques 9 mois au Maroc, comment ces derniers pourraient-ils représenter une communauté et exprimer ses attentes s’ils sont déconnectés 9 mois par an ?»
Dans la même logique antiparticipationniste, à l’occasion d’une déclaration en direct sur 2M TV dans l’émission Moubacharatan Maâkoum (28 mai 2014), le secrétaire général du CCME procède à une intervention en deux temps, qui se contredisent pratiquement comme à son accoutumée. Certes, pour se prémunir de toute critique, le SG du CCME prend bien soin de dire du bout des lèvres, que le droit de vote et d’éligibilité des MRE existe bel et bien, qu’il n’est nullement à discuter ou à remettre en cause.
Mais au même moment, il soutient que la seule solution viable, efficiente et réaliste, est l’intégration pure et simple des MRE dans les pays d’installation.
Dans cet esprit, il désigne les MRE comme posant problème en soi dans les relations bilatérales, du fait de leur «double allégeance» : « Le défi auquel on doit faire face est la nécessaire intégration totale de la communauté marocaine résidant à l’étranger dans les pays d’accueil. Le suivi d’un projet sociétal à l’intérieur de l’Europe, ne laisse nullement le temps suffisant pour l’implication dans un autre projet sociétal dans un autre pays /sous-entendu le Maroc) à plusieurs milliers de kilomètres de là. Dans cette situation, on serait dans une position contradictoire : opposition dans les références, conflits d’intérêts entre les pays. Le moindre problème qui surgit dans les pays concernés, pourrait donner lieu à une très grande crise… ».
Ainsi, ce livre du CCME d’octobre 2013, n’est nullement «un avis consultatif» comme ceci est propagé institutionnellement, notamment par le secrétaire général du CCME dans ses multiples sorties médiatiques, dont celle dans le cadre d’« Al Oâmk Al Maghribi ». Tout comme, faute d’un consensus qui aurait permis de dégager les termes d’un projet d’avis consultatif (à discuter et soumettre obligatoirement au vote en assemblée plénière du Conseil), il ne constitue pas la simple restitution de manière objective et équilibrée des deux points de vue défendus au sein du groupe de travail interne du Conseil relatif à la participation et représentation politique.
Le livre reflète plutôt fondamentalement le point de vue de la direction du Conseil qui a tout fait en termes d’entraves, d’obstacles et de verrous, pour que ledit groupe de travail interne ne fasse pas de manière ouverte, démocratique, plurielle et inclusive, son travail pour l’élaboration de manière objective, d’un avis consultatif en la matière, destiné au Roi.
5- Une directive royale non suivie
Cet avis consultatif avait été en effet demandé par le Souverain, le 21 décembre 2007, lors de l’audience royale de nomination de Driss El Yazami et Abdellah Boussouf, respectivement président et secrétaire général du CCME, avec administrativement et matériellement le grade respectif de ministre et de secrétaire d’Etat. Leurs postes leur sont toujours attribués plus de 12 ans après, en dépit des résultats très médiocres du Conseil et des multiples dysfonctionnements qu’il connaît.
Le communiqué du Cabinet Royal du 21 décembre 2007, souligne notamment ceci : « À cette occasion, Sa Majesté le Roi a rappelé les larges attributions consultatives que le Souverain a conféré audit Conseil pour permettre aux membres de la communauté marocaine à l’étranger, où qu’ils se trouvent, d’exercer la plénitude des droits attachés à leur citoyenneté. Par ailleurs, Sa Majesté le Roi a insisté sur le devoir qui incombe au Conseil de s’attacher, en plus de l’exercice de ses attributions, à approfondir la réflexion sur l’action à mener et à œuvrer de manière impartiale, en toute responsabilité et avec la sagesse, la clairvoyance et l’ouverture d’esprit requises, en vue de soumettre à la Haute Appréciation Royale, des recommandations sur les garanties nécessaires à assurer pour que le prochain conseil choisi gagne en représentativité, ainsi que sur les conditions à réunir pour garantir une présence réelle, globale et graduelle des citoyens marocains à l’étranger, au sein de toutes les institutions nationales et de tous les secteurs d’activité du pays».
Or cette directive royale, n’a jamais été suivie.
6- Le Mémorandum urgent des «cinq » au président du CCME
Les freins et obstacles mis au fonctionnement normal du groupe de travail, afin de formuler deux avis consultatifs, l’un sur le prochain Conseil, l’autre sur la participation politique et représentation parlementaire des citoyens MRE , ont entraîné notamment l’envoi au président du CCME, fin juillet 2009, d’un mémorandum au vitriol par le groupe des « cinq », (tous membres de la commission du Conseil sur la citoyenneté et la participation politique), mémorandum qui a été publié en son temps, notamment par Dounia News, Yabiladi.com et reproduit par la suite à l’avènement de WakeUp Info, dans la rubrique « Dakira ».
Ce document montre que les raisons de la non préparation de projets d’avis consultatifs par ce groupe de travail, sont dues essentiellement à la gestion calamiteuse, opaque et très autoritaire du «régime hyper présidentiel» du CCME (selon la formule de l’un de ses membres). Tout comme elles sont dues au travail d’obstruction, de sape, ainsi qu’à l’opposition viscérale de sa direction tripartite à la participation politique par rapport au Maroc des citoyens marocains établis à l’étranger.
Le premier des reproches essentiels à la présidence du CCME, qui avait sur ce point comme en d’autres, l’appui inconditionnel des deux autres membres de la direction du Conseil, est le suivant : « persistance non compréhensible de la présidence du CCME dans l’ignorance concernant le droit des citoyens marocains établis à l’étranger à la participation politique, comme condition de leur exercice de la citoyenneté pleine et entière par rapport au Maroc, et refus d’inscrire cette question dans les sondages d’opinion concernant leurs attentes et aspirations, alors que celles-ci ont été prises en considération dans les discours royaux et dans le dahir portant création du CCME ».
Une deuxième critique de fond figurant dans le mémorandum urgent est la suivante: « non-respect par la présidence du CCME de l’autonomie de fonctionnement du groupe de travail et imposition au groupe du conseiller du Président. Ce conseiller a manifesté dès le début et notamment lors du séminaire international organisé par le CCME les 3 et 4 mars 2009, ainsi que lors de la discussion liée à la préparation des documents concernant les futures consultations, une attitude très rigide, un parti-pris personnel flagrant et l’absence d’ouverture d’esprit, refusant toute idée de participation politique des citoyens marocains à l’étranger à partir des circonscriptions législatives de l’étranger. Cette démarche est en porte-à-faux avec l’avis des membres du groupe de travail, en totale contradiction avec les attentes de la communauté marocaine à l’étranger et s’appuie sur une lecture erronée du discours royal ».
Précisons ici, que le président du CCME a été entouré notamment d’un conseiller spécial, professeur de sciences politiques, ex-membre du groupe de travail de l’ex-CCDH qui a préparé le projet d’avis consultatif concernant la création du CCME, ex-membre de l’Instance Équité Réconciliation (IER) .Tout comme ce conseiller a été nommé le 10 mars 2011, membre de la commission consultative de réforme de la constitution (comme on le verra dans la troisième partie de cette contribution qui paraîtra dans Oujdacity). Le second conseiller (Ahmed Siraj) qui l’a remplacé suite à son décès, a poursuivi dans la même ligne politique antiparticipationniste s’agissant des citoyens MRE.
7- Démission du CCME de Abdou Menebhi
Les choses étant restées en l’état, tous ces blocages et entraves mis par la direction tripartite du Conseil, ainsi que le détournement des missions fondamentales (consultative et prospective) de l’institution et sa gestion avec autoritarisme, ont entraîné également la démission fracassante en février 2013 du militant associatif Abdou Menebhi (EMCEMO, Amsterdam), du poste de rapporteur de la commission « citoyenneté et participation politique » et même du CCME (alors que sa volonté n’a nullement été respectée, son nom n’ayant pas été supprimé, mais paraissant toujours en février 2020, dans le site officiel du Conseil).
Depuis lors, reniant leurs positions antérieures et leur engagement militant dans le cadre de la plateforme «Daba 2012», qui était non seulement un espace de débat pour faire avancer le dossier politique MRE, en prévision des législatives 2012 (devancées finalement en 2011), mais également et indirectement, dans un mouvement d’opposition à la direction du CCME, réfractaire à la pleine citoyenneté des MRE, d’autres membres de la commission défendent maintenant, bec et ongles, les responsables du Conseil. Ils affirment que ces derniers ne se sont jamais opposés à cette participation politique, qu’ils n’ont jamais été réfractaires au droit de vote MRE, que le CCME n’a jamais été en opposition à cette participation et qu’il n’a rien à voir la-dedans !!!
Se référer ici à l’émission du 15 janvier 2020 de Radio 2M, en partenariat avec Yabiladi et animée par Mohamed Ezzouak, consacrée à la question de la participation politique des MRE et publiée sur le site yabiladi.com. Inutile d’interpeler « sympathiquement » ou d’être « indulgent » à l’égard de l’auteur de ces lignes pour l’amener à être amnésique !
8- Une revendication respectable
Insistons pour dire que les droits politiques par rapport au Maroc, à reconnaître dans les faits aux citoyens marocains à l’étranger, ne sont pas de l’exploitation politicarde, de la surenchère politicienne, du « donquichottisme », une agitation inutile, stérile et contre-productive, voir même négative, une revendication démesurée ou disproportionnée, un slogan simpliste ou réducteur, un « luxe» injustifié ou une attente superflue , mais constituent une demande démocratique légitime et des revendications citoyennes respectables, à prendre en considération et à traiter avec dignité, responsabilité et respectabilité. Cette approche doit être intégrée non seulement par la direction du CCME, mais aussi par certains responsables au niveau du département ministériel chargé des MRE.
Ici nous nous reprendrons à notre compte une formule de l’ancienne ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, Nouzha Chekrouni (USFP) énoncée le 13 juillet 2004 dans le cadre de l’émission de télévision
« Entreprendre ». En effet, la situation à laquelle elle faisait allusion il y’a de cela 16 ans, n’a pas encore changé d’un iota en février 2020, en dépit du passage après elle des ministres suivants à la tête du département chargé des MRE : Mohamed Ameur (USFP), Abdellatif Maâzouz (Parti de l’Istiqlal), Anis Birou (RNI), Nezha El Ouafi (PJD).
La revendication des MRE de voter avait-elle précisé, est «une demande urgente, pressante, très importante et tout à fait légitime», à traiter «avec beaucoup de sérieux» (MAP et publié dans « L’opinion » du 15 juillet 2004).
9- Pour une politique du vrai
Ceci nécessite en effet une politique du vrai, du sérieux et non pas une démarche mensongère comme celle consistant à dire, au niveau de la Direction de la coopération, des études et de la coordination sectorielle, relevant actuellement du ministère délégué chargé des Marocains résidant à l’étranger, que l’on a une véritable stratégie nationale globale, cohérente et intégrée en matière de MRE, publiée d’ailleurs sur le site officiel du département, alors qu’il s’agit ici d’une véritable imposture.
Ainsi, concernant les attentes citoyennes et politiques des Marocains résidant à l’étranger par rapport au Maroc, partant des fondements de cette «stratégie» constituée prétendument notamment par les dispositions de la Constitution rénovée de 2011, notamment l’article 17, au lieu de proposer des formules concrètes du passage à l’acte, la « stratégie » met en avant deux éléments :
En premier lieu, parmi les « principales faiblesses actuelles l’émigration au Maroc », elle décréte les « difficultés de l’exercice du droit de vote » sans préciser par quels moyens et mesures, ces difficultés hypothètiques peuvent être surmontées. En second lieu, la « stratégie » se contente de prévoir les deux mesures «stratégiques» suivantes, comme si on ne savait pas encore quelles sont les préoccupations politiques des citoyens MRE appelés ici MDM ou Marocains du monde par rapport au Maroc et comme si la Constitution, à travers la nécessaire interprétation démocratique de l’article 17, n’avait pas déjà tranché le problème.
En effet, la soit-disante stratégie est encore à la « poursuite de la réflexion dans l’optique de permettre la participation des MDM à la vie politique marocaine :
*Organisation de séminaires-débats autour des préoccupations politiques des MDM
*Mise en place d’une plate-forme de recueil des attentes et propositions des MDM » (!!!)
Ainsi, une table ronde élargie sur la participation politique des MRE, a été organisée par ce ministère le 2 août 2017 à Rabat, mais l’enseignement principal tiré plus tard de la rencontre et utilisé comme argument par le gouvernement, face aux parlementaires qui le critiquent pour l’absence de représentation parlementaire des citoyens MRE, est le fait que ce genre de table ronde «suscite des polémiques », montre la diversité de points de vue de MRE, que «les Marocains du monde ne sont pas d’accord entre eux » sur beaucoup d’aspects concernant cette question, qu’il y a un grand fossé qui les sépare….pour ne pas passer à l’acte !!!

Abdelkrim Belguendouz
Universitaire à Rabat, chercheur en migration

DEMAIN : 3ème partie : Double langage du SG du CCME et non existence d’un avis consultatif du Conseil relatif à la représentation MRE à la Chambre des Conseillers.

MédiocreMoyenBienTrès bienExcellent
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