Quand le dossier des enseignants contractuels sera-t-il clos ?
Dans le contexte des manifestations fréquentes, que ce soit en termes d’organisation de rassemblements ou de marches dans les rues des villes marocaines et devant le Parlement dans la capitale, ou en termes de publications et de hashtags sur les plateformes de médias sociaux, qui continuent de condamner ce que les Marocains vivent au rythme de la flambée des prix ces dernières semaines, appelant le gouvernement d’Aziz Akhannouch à intervenir afin de mettre fin à la série d’augmentations de prix des carburants et à ce qui en découle comme une augmentation explosive des prix des autres produits de base, ainsi que ce que les centrales syndicales les plus représentatives appellent à une augmentation générale des salaires, à l’amélioration du revenu et à la protection du pouvoir d’achat des travailleurs et de tous les citoyens…
D’autre part, des milliers d’enseignants contractuels continuent de mener depuis environ six ans des luttes de différentes manières pour régler leur situation précaire et instable sur le plan psychologique et social. Indépendamment de notre accord ou de notre désaccord avec le contenu de ce dossier controversé, nous refusons fermement que la bataille de tir à la corde se poursuive entre la « Coordination nationale des enseignants sous contrat forcé » et le ministère de l’Éducation nationale, en raison de son impact considérable non seulement sur l’avenir des apprenants innocents, mais même sur notre système éducatif dans notre pays.
De nombreux enseignants contractuels, conformément à leur coordination nationale, continuent de boycotter la remise des notes et des feuilles de devoirs à l’administration éducative et de ne pas saisir les notes accordées à leurs élèves dans le système « Massar » comme forme de lutte, en plus de leur détermination à poursuivre les grèves jusqu’à la réalisation de leurs demandes complètes et non réduites. Ils ont exprimé leur mécontentement face aux harcèlements et aux poursuites judiciaires auxquels ils sont confrontés, rejetant ces mesures d’enquête, d’avertissement et de suspension du travail qui ont été prises par de nombreux collègues de la part des directions régionales. Le ministère a considéré que le refus de remettre et de saisir les notes constitue « une violation grave du devoir professionnel » et nécessite l’application des procédures administratives en la matière.
Ces mesures ont suscité l’ire de la « Coordination nationale des enseignants et cadres de soutien contractuels », qui n’a trouvé d’autre solution que d’appeler les enseignants concernés à descendre en masse dans les rues afin de faire entendre leur voix au public national et de sensibiliser profondément à leurs problèmes, tout en rejetant la méthode « d’intimidation » suivie par le ministère de l’Éducation à l’égard des cadres éducatifs. Elle a souligné que sans l’entêtement des hauts responsables et des responsables de l’éducation, elle n’aurait pas été obligée d’utiliser l’arme du boycott de la remise et de la saisie des notes, ni de demander plus de mobilisation et de consolidation des rangs pour faire tomber le plan d’embauche injuste, et intégrer tous les enseignants et cadres de soutien éducatif dans les rangs de la fonction publique.
Ainsi, il est clair une fois de plus que l’accord du 14 janvier 2023 conclu entre le gouvernement, représenté par le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement primaire et de la Formation sportive, et les syndicats de l’enseignement n’a pas réussi à désamorcer les tensions en cours, tant que les enseignants contractuels ou ce qu’on appelle les cadres des académies régionales de l’éducation et de la formation, continuent de s’opposer au statut unifié sur lequel un accord a été conclu, et insistent sur la nécessité d’être intégrés dans la fonction publique et d’obtenir une augmentation de salaire. Les syndicats de l’enseignement attribuent les tensions qui persistent dans le secteur à un manque de confiance dans les accords gouvernementaux, en raison des craintes des cadres de l’éducation concernés quant à l’engagement du gouvernement à les mettre en œuvre, comme c’est le cas pour l’accord du 26 avril 2011 et l’accord du 30 avril 2022. Ils attribuent également aux enseignants contractuels la « responsabilité morale de continuer à priver les élèves de temps scolaire en raison de la poursuite de leurs grèves, ainsi que de nourrir les tensions sur la scène, ce qui rend la situation propice à une aggravation et rend difficile de prévoir les conséquences ».
Les enseignants contractuels au Maroc sont confrontés à une situation difficile depuis 2016, où leur situation professionnelle n’a cessé de se dégrader, provoquant des dommages considérables pour les élèves et l’image de l’éducation publique marocaine. Dans un contexte de pénurie de ressources humaines dans le secteur de l’éducation, aggravée par les départs volontaires et le départ à la retraite de nombreux enseignants, le recours au recrutement contractuel a été la seule solution trouvée par les responsables pour faire face aux problèmes.
En 2017, la crise des enseignants contractuels a éclaté au grand jour avec le licenciement arbitraire de deux enseignants contractuels sans préavis ni indemnité, en violation des termes de leurs contrats. Les enseignants contractuels ont exprimé leur volonté de dialoguer de manière responsable et constructive, en suspendant leur boycott des corrections de copies pendant plusieurs semaines
Cependant, les problèmes persistent et les enseignants contractuels se retrouvent dans une situation difficile, obligés de passer des concours pour entrer dans le système éducatif et échapper au chômage. Face à cette situation, nous appelons les leaders de la coalition gouvernementale à faire preuve de conscience et à résoudre rapidement ce dossier épineux, évitant ainsi toute aggravation de la situation et tout préjudice pour l’intérêt supérieur du pays et de ses enfants.
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