Quel engagement lie l’électeur à l’élu ?
Ceux pour qui nous votons, nous leurrent. Il est vrai que ce n’est pas la première fois et ce ne sera certainement pas la dernière, non plus, qu’ils nous considèrent comme des sujets tout juste bons à les porter sur le podium. Il est vrai aussi que nous nous faisons avoir toutes les fois que nous allons aux urnes pour leur donner nos voix. Il est également vrai qu’ils nous tiennent toujours des discours qui sont toujours faux et que nous croyons toujours leurs paroles sincères. Ils nous ont donc à tous les coups et nous nous faisons avoir à tous les coups. Nous votons pour tel parti et à travers lui pour tel candidat. Le candidat pour qui nous votons est censé nous représenter et défendre nos intérêts communs et collectifs. C’est un engagement réciproque : de manière simplifiée, de notre côté, nous, citoyens, nous engageons par le présent bulletin que nous faisons tomber dans l’urne que tel parti et à travers lui tel candidat s’engage à nous représenter et à défendre nos intérêts communs et collectifs. De son côté et de manière simplifiée, lui, candidat de tel parti, s’engage, une fois que le bulletin du citoyen tombe dans l’urne, à représenter et défendre les intérêts communs et collectifs des citoyens. Seulement, il se trouve que la première opération vient toujours avant la seconde, et que, par conséquent, l’opération d voter vient toujours avant celle de représenter. Comme il n’y a jamais d’alternance, c’est-à-dire de ‘’ à tour de rôle’’, de ‘’tantôt toi ; tantôt moi’’ l’opération de représenter ne peut jamais venir avant celle de voter, l’électeur ne peut pas prendre sa revanche sur l’élu et l’élu n’est jamais inquiété par l’électeur. Ainsi donc, l’élu est toujours en position de force même si son existence dépend de celle de l’électeur. En effet, s’il n’y a pas d’électeur, il n’y a pas d’élu. Cela va de soi. Imaginons que tous les électeurs se mettent d’accord pour ne pas se présenter aux bureaux de vote. Zéro votant, zéro voté : élection annulée. Pourtant, il y a eu bel et bien des élus avec leurs noms et prénoms, ou les symboles représentant leurs partis sur les bulletins de vote. L’élu n’est donc rien sans l’électeur. L’élu tire son existence de celle de l’électeur. Malgré cela, une fois élu, l’élu renie l’électeur, le rejette. Et, au lieu de le représenter et de défendre les intérêts communs et collectifs des électeurs, et des citoyens de manière générale, l’élu se penche sur ses propres intérêts.
Nous les voyons donc, à titre d’exemple et pour rapprocher le petit citoyen des cas de figure les plus marquants et qu’ils peuvent à loisir considérer de visu, circuler avec ces belles voitures qui portent dans une partie de leur plaque minéralogique un ‘’jim’’ de couleur rouge. Ne sont-ce pas d’une partie de ceux-là que je parle ? Il se pourrait que la commune que gèrent ces heureux élus, il n’y a pas de dispensaire, ou d’école ou de route, ou électricité, ou d’eau potable. La misère de la commune se manifeste dans l’absence, en partie ou en tout, des écoles, des dispensaires, des routes, de l’eau potable, de l’électricité et la richesse de la commune se manifeste également sur la marque de la voiture de service de l’élu. Les citoyens ne sont pas aveugles quand ils voient des élus se pavaner sans honte dans l’une de ces belles voitures, hors des horaires de service, parfois en famille. L’élu, une fois dans sa commune ou dans sa mairie, se sert le premier du maigre budget de la commune ou de la mairie. Pour les écoles, les routes, les dispensaires, l’électricité, l’eau potable, il n’en reste pas ou peu.
Les électeurs ont voté pour cet autre, qui, une fois élu, invite les citoyens à lui acheter des mini villas constituées d’un salon, de deux chambres, d’un garage …pour la modeste somme de 25 millions. Le comble est qu’il accroche ses panneaux publicitaires aux lampadaires de l’éclairage public de la ville et de la manière la plus professionnelle et de la plus voyante. Qui lui a donc donné cette autorité sinon celle de l’anarchie qu’il a instaurée lui et ceux qui le regardent et le laissent faire ? N’est-ce pas là un défi aussi bien aux électeurs qu’aux autres élus qui siègent avec lui à la mairie? Est-il normal que personne ne peut lui demander de retirer ses panneaux publicitaires des lampadaires de la ville ? Oui, parce que chaque élu défend ses propres intérêts. Oui, parce que tous les élus se sont mis d’accord de manière tacite et non déclarée pour fermer l’œil sur ce que chacun d’eux fait. Sers-toi et tais-toi dans une assemblée de mafieux.
Les électeurs ont également voté pour les députés qui siègent au parlement. Ces députés ont un salaire, une multitude de privilèges et une retraite à vie pour les 5 années passées à s’en mettre pleines les poches. Cette retraite est contraire à tous les systèmes de retraite en vigueur dans le pays et dans le monde. Une retraite s’octroie pour limite d’âge et non pour fin de service. Comment, peut-on nous demander, une personne peut-elle toucher une retraite à vie après seulement 5 années de service ? La réponse est simple. Après les élections, une partie des élus devient députés et une autre ministres. Les premiers légifèrent, les seconds exécutent. Voilà donc de quelle manière est constitué le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Les élus sont à la fois avocat et partie adverse. S’il en est ainsi et il en est ainsi, le citoyen ne peut pas espérer à une abolition de la retraite des députés et des ministres.
En conclusion, les élus, une fois au pouvoir, rompent le contrat qui les engage à défendre les intérêts communs et collectifs des citoyens qui les ont portés à ce poste. Ils ne se manifestent qu’une fois tous les cinq ans. Ils se conduisent comme le simple des citoyens : ils s’assoient dans les cafés populaires, mangent les figues barbares directement de la charrette à bras du marchand à qui ils sourient de manière aimable, serrent la main aux habitants des bidon villes…. Puis, ils disparaissent sans laisser de trace pour vaquer à leurs affaires.
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