Monsieur le délégué :

Permettez-moi de porter à votre connaissance que la salle des professeurs du Lycée Oued Eddahab, Oujda, est dans un état de dénuement total : l’absence totale des chaises en son sein contraint les professeurs à passer leurs moments de  repos et leurs récréations debout, et les quelques seddaris qui la meublent sont si vieux et si fripés que leur seule utilisation par les professeurs constituerait un affront et une grave atteinte à leur dignité et à leur estime. Depuis quand la salle des professeurs est dans cet état, je ne le sais, mais je suis horrifié de constater la misère de son mobilier, la pauvreté de ses équipements et de leur maintien.

A  une époque où l’on parle de l’école de la réussite, de l’enseignement de qualité, de l’introduction des nouvelles technologies dans l’enseignement, de l’ouverture de l’école sur son environnement ambiant, du projet d’établissement, du partenariat, et j’en passe, le lycée Oued Eddahab vit à l’ère de l’indigence, de la privation et de l’humiliation. Comment peut-on concevoir qu’après le travail, le professeur ne trouve pas une chaise sur laquelle s’asseoir pour se reposer, se relaxer, se détendre pour reprendre son activité ? Peut-on considérer que, comme Sisyphe a été puni par les dieux à rouler éternellement sa roche, les professeurs du lycée Oued Eddahab sont condamnés à rester debout sur leurs deux pieds pour quelque faute qu’ils auraient commise, eux, ou leurs prédécesseurs ? Si tel est le cas, que les professeurs de Oued Eddahab restent debout jusqu’à leur retraite, sinon, que Monsieur le Délégué veuille bien donner ses instructions pour que la salle des professeurs soit équipée en chaises et en tables dignes de leur rang, ou qu’il dépêche sur les lieux une délégation pour constater de visu l’absence totale des chaises dans la salle des professeurs et la dégradation avancée de celles qui sont dans les salles de classe.

J’ai confiance en vous, Monsieur le Délégué, et j’ai le noble sentiment que vous allez intervenir de manière positive pour faire retrouver au lycée Oued Eddahab son visage humain qu’il a depuis longtemps perdu et rendre aux professeurs leur dignité maculée.