Enfin, le gouvernement s’est rendu à l’évidence!
Yahya Torbi
La majorité des jeunes marocains, hommes et femmes, quel que soit leur rang social, mais surtout les fils des gens notables et les jeunes issus des familles appartenant à la classe bourgeoise et aristocratique, passent leur vie à rêver de voyager en Europe; c’est pourquoi ils attendent les grandes vacances avec impatience et guettent toute occasion pour aller en France faire, le matin, des selfies sous la Tour Eiffel et à côté de la Cathédrale Notre-Dame de Paris, avant d’aller faire leurs emplettes dans les boutiques et galeries commerçantes, longeant l’avenue des Champs-Elysées, et le soir, se promener dans le Jardin des Tuileries et prendre un café ou un apéro au Café Diane, et, la nuit, boire du champagne et admirer les spectacles du nu au cabaret le Moulin Rouge. Et, pendant que les uns préfèrent depenser leur argent en des futilités dans la ville de Paris et que les autres s’amusent, en draguant les filles et les » garçons « , sur les plages de la Côte d’Azur, les plus fantaisistes s’envolent pour l’Espagne dans l’espoir d’assister à l’un des matchs opposant le FC Barcelone au Réal Madrid
Ainsi, au lieu d’être dépensée au Maroc, en vue de dynamiser davantage le tourisme local et l’economie nationale, une partie importante de la devise nationale quitte le pays d’origine pour d’autres destinations, en l’occurrence la France, l’Espagne, l’Arabie Saoudite, la Turquie, et ce sans compter les frais des dossiers de demande de visa, encaissés par les consulats des pays étrangers au Maroc. Pourtant, rien n’explique cet engouement pour le tourisme en Europe, dès lors que le séjour au Maroc est beaucoup moins cher qu’un séjour en Espagne ou en France; sachant, par exemple, qu’une nuitée à l’auberge ou dans une maison d’hôtes, au Maroc, coûte en moyenne 50dh, contre 25€ en Espagne ou en France, et un café ou une bière dans une guinguette, à Agadir ou Casablanca, est à 20dh contre 5€ à Paris, et un poulet rôti entier, servi avec une galette de pain, un cornet de pommes de terre frites et une bouteille de limonade à 40dh seulement, contre 8.50€ en France, une pizza aux fruits de mer à 60dhs, ou encore un tagine d’agneau ou de chevreau aux carottes et aux petits poids, savouré à Taroudant ou Ouarzazat, à 30dh, au lieu de 11 ou 12€.
Par ailleurs, l’ex-premier ministre français, Dominique de Villepin, a confié, un jour, à son homologue marocain Saad Eddine El othmani que la situation au Maroc était meilleure que la situation en France. C’est une raison de plus, donc, de démocratiser le touristisme national, et surtout d’encourager davantage le tourisme local et solidaire; à savoir que la décision prise par le chef du gouvernement, en vertu de laquelle il a incité ses ministres et leurs familles, au lieu d’aller enrichir la France et ses voisins, à passer leurs vacances au Maroc et à consommer les produits du terroir, est un acte sain, qui va dans le bon sens. Cependant, il reste à faire pression sur les autorités consulaires étrangères au Maroc, afin qu’elles suppriment les frais imposés sur les dossiers de demande de visa.
Yahya TORBI
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