Texte cadeau à notre conseil municipal.
Mon vieux !… le problème de la circulation… ça ne s’arrange pas du tout ! Du tout !…
J’étais dans ma voiture, j’arrive sur une place…
Je prends le sens giratoire… Emporté par le mouvement, je fais un tour pour rien…
Je me dis : – « Ressaisissons-nous. Je vais prendre la première à droite. »
Je vais pour prendre la première à droite :
… SENS INTERDIT.
Je me dis : – « C’était à prévoir… Je vais prendre la deuxième. » Je vais pour prendre la deuxième :
… SENS INTERDIT.
Je me dis : – « Il fallait s’y attendre ! Prenons la troisième. »
… SENS INTERDIT !
Je me dis :- « Là ! Ils exagèrent !… Je vais prendre la quatrième. »
… SENS INTERDIT !
Je dis : – « Tiens ?! ». Je fais un tour pour vérifier : Quatre rues, quatre sens interdits !
J’appelle l’agent :
– « Monsieur l’Agent ! Il n’y a que quatre rues et elles sont toutes en sens interdit. »
Il me dit :
– « Je sais… c’est une erreur. »
Je lui dis :
– « Mais alors… pour sortir ?… »
Il me dit :
– « Vous ne pouvez pas ! »
– « Alors ? Qu’est-ce que je vais faire ? »
– « Tournez avec les autres »
– « Ils tournent depuis combien de temps ? »
– « Il y en a, ça fait plus d’un mois. »
– « Ils ne disent rien ? »,
– « Que voulez-vous qu’ils disent !… ils ont l’essence… Ils sont nourris… ils sont contents ! »
– « Mais… il n’y en a pas qui cherchent à s’évader ? »,
– « Si ! Mais ils sont tout de suite repris. »
– « Par qui ? »,
– « Par la police… qui fait sa ronde… mais dans l’autre sens. »
– « Ca peut durer longtemps ! »
– « Jusqu’à ce qu’on supprime les sens. »
– « Si on supprime l’essence… il faudra remettre les bons. »
– « Il n’y a plus de ‘bon sens’. Ils sont ‘uniques’ ou ‘interdits’. Donnez-moi neuf cents francs. »
– « Pourquoi ? »
– « C’est défendu de stationner ! »
– « !!! »
– « Plus trois cents francs »
– « De quoi ? »
– « De taxe de séjour ! »
– « Ca commence bien ! »,
Il me dit :
– « Tachez que ça continue, sans ça, je vous aurai au tournant ! »
Alors, j’ai tourné… j’ai tourné… A un moment comme je roulais à côté d’un laitier, je lui ai dit :
– « Dis-moi laitier… ton lait va tourner ?… « ,
– « T’en fais pas !… je fais mon beurre… « .
Ah ben ! Je dis :
– « Celui-là ! Il a le moral !… »
Je lui dis :
– « Dis-moi ? Qu’est-ce-que c’est que cette voiture noire là, qui ralentit tout ? »,
– « C’est le corbillard, il tourne depuis quinze jours ! »,
– « Et la voiture blanche là, qui vient de nous doubler ? »
– « Ça ? C’est l’ambulance !… Priorité ! »
– « Il y a quelqu’un dedans ? »
– « Il y avait quelqu’un. »
– « Où il est maintenant ? »
– « Dans le corbillard ! »
Je me suis arrêté… J’ai appelé l’agent… Je lui ai dit :
– « Monsieur l’Agent, je m’excuse… J’ai un malaise… »
– « Si vous êtes malade, montez dans l’ambulance !… «
(c) Raymond Devos
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