L’examen régional de français de l’AREF de l’oriental: qu’en pensons-nous?
L’examen régional de français de l’AREF de l’oriental: qu’en pensons-nous?
Zaid tayeb
L’examen régional de français de l’AREF de l’oriental a suscité de vives indignations parmi les professeurs de langue française qui ont relevé d’innombrables insuffisances et erreurs. Les élèves et leurs parents n’ont pas caché leur inquiétude et leur désarroi. En effet, Les professeurs ont tout au long de l’année scolaire préparé leurs élèves à cet examen que l’AREF a faussé par une évaluation qui est loin d’être minutieusement préparé et répondant à l’esprit des recommandations pédagogiques qui nous sert de cadre de référence. Dans un article antérieur, j’ai relevé quelques failles que je reprends dans cet article et auxquelles j’ajouterai d’autres à la lumière de la correction des épreuves et de mes rencontres avec un certain nombre de professeurs qui m’ont tous manifesté leur mécontentement.
QUESTION 2 : ‘’Pourquoi le narrateur regrette-t-il de ne pas être malade ?’’
Elle est tournée de manière maladroite. La présence du verbe ‘’regrette’’, de l’adjectif ‘’malade’’ tous deux de sens négatif et de la négation ‘’ne pas’’ dans une phrase interrogative ‘’pourquoi’’ appuyée par l’inversion du sujet et du verbe ‘’regrette-t-il’’ constituent une surcharge qu’il aurait fallu éviter par l’emploi d’une tournure plus souple du type ‘’Pourquoi le narrateur regrette-t-il de quitter l’infirmerie ?’’.
QUESTION 3 : ‘’Parmi les affirmations suivantes, recopiez seulement celles qui sont vraies’’
a-Avec l’aide des médecins, le narrateur a réussi à s’évader de l’infirmerie.
b- Le narrateur est en très bonne santé malgré son séjour au cachot.
c- Le narrateur croit qu’il aurait pu s’évader s’il était resté à l’infirmerie.
d-Le narrateur est tout à fait sûr que son pourvoi sera accepté.
e-Le narrateur retourne CHEZ LUI après avoir quitté l’infirmerie.
Le corrigé offre 2 réponses : b et c alors que d est également vraie. En effet l’adverbe de lieu ‘’CHEZ LUI’’ n’a d’autre référent que le cachot. Dans d’autres chapitres postérieurs à celui-ci, le narrateur évoquait son cachot avec regret ‘’je l’aimais, mon cachot,-Puis, je l’ai laissé vide ; ce qui donne à un cachot un air singulier’’ XXII. Il considérait au chapitre XXIII le condamné qui va lui succéder dans ce cachot comme un héritier ‘’C’était l’autre condamné, le condamné du jour, celui qu’on attendait à Bicêtre, mon héritier’’.
Question 6 :’’Relevez dans le texte quatre énoncés exprimant le désespoir de l’auteur d’échapper à la mort’’.
A elle seule, cette question concentre en son sein trois insuffisances :
-Enoncé : c’est un mot vague qui peut aussi bien servir à désigner une phrase ou une partie de phrase qu’un paragraphe ou une partie de paragraphe. Dans ce cas-là, tout ‘’énoncé’’, quelle que soit sa longueur est correct. Je pense, quant à moi, que tout le texte repose sur ‘’le désespoir’’.
On aurait peut-être mieux fait de laisser de côté le mot ‘’énoncé’’ que l’on aurait pu exploiter dans la distinction entre ‘’énoncé//énonciation’’ et s’orienter vers le champ lexical qui est beaucoup plus précis et auquel les élèves sont si précieusement préparés.
-Auteur : l’examinateur emploie-t-il à bon escient ou à mal escient les noms ‘’auteur’’ et ‘’narrateur’’ ? Dans la question 1, ‘’l’auteur’’ renvoie à Victor Hugo qui est une personne de chair et d’os, tel que nous le connaissons tous à travers sa biographie. Par contre, dans la question 6 et 9, il est plutôt question de narrateur qui se confond ici avec le personnage, et qui tous deux sont des personnages de fiction.
-La mort : il n’est pas juste de parler ‘’d’échapper à la MORT’’, mais ‘’d’échapper à l’EXECUTION’’, car le condamné à mort ne va pas mourir de mort naturelle (vieillesse, maladie, blessure), il va être exécuté et il n’a que trois moyens, si minces soient-ils, pour sortir de Bicêtre la tête sur les épaules : s’évader, bénéficier du pourvoi, avoir sa grâce.
Question 7 : ‘’l’exemple ! Comme ils disent’’
a- Le pronom ‘’ils’’, qui désigne-t-il à votre avis ?
b- Quel sens donnez-vous à cette expression ?
Il ne s’agit pas d’une EXPRESSION mais d’une phrase à tonalité ironique. En effet, pour le narrateur, la peine de mort n’a pas de pouvoir dissuasif comme le soutiennent ses partisans.
Cependant le corrigé propose cette réponse qui me semble très simpliste car elle n’a pas pris en considération la tonalité ironique et sarcastique de la phrase :
’’b- Il servira d’exemple pour que d’autres ne commettent pas de crimes’’.
De plus, ce n’est pas ‘’il’’ (le condamné !) qui sert d’exemple mais son exécution.
Questions 6 et 8. Pour ce qui est de ces deux questions, je vais les mettre côte à côte pour en montrer la parfaite similitude entre l’une et l’autre.
Question 6- ‘’Relevez dans le texte quatre énoncés exprimant LE DESESPOIR de l’auteur (sic !) d’échapper à la mort.’’
Le corrigé propose (à titre indicatif !) ces quatre réponses : ‘’Plus de chance maintenant’’ ; ‘’je n’y compte plus’’ ; ‘’non, folie ! Plus d’espérance !’’ ; ‘’Il est impossible qu’on me fasse grâce’’.
Question 8-
a-‘’Selon vous dans quel état d’esprit se trouve le narrateur (sic !) ?’’
b-‘’Justifiez votre réponse’’.
Le corrigé ne propose aucune réponse. Toutefois, il recommande au correcteur ‘’d’accepter toute réponse en cohérence avec le texte’’ pour a, comme pour b. Ce qu’il n’a pas fait pour la question 6 qui offre plus de réponses que les quatre qu’il propose.
Nous avons dit que la réponse à (a) de la question 8 se trouve dans l’énoncé de la question 6 : ‘’l’état d’esprit du narrateur est le ‘’DESESPOIR’’. Cependant, la réponse à la question (b) de 8 est l’une des réponses proposés dans le corrigé de la question 6, à savoir : ’Plus de chance maintenant’’ ; ‘’je n’y compte plus’’ ; ‘’non, folie ! Plus d’espérance !’’ ; ‘’Il est impossible qu’on me fasse grâce’’.
Question 9- ‘’D’après vous, pourquoi l’auteur (sic !) insiste-t-il sur la jeunesse et la bonne santé du condamné à mort ?’’
Personnellement, je n’ose proposer aucune réponse à cette question. Mais le corrigé propose celle-ci, un peu loufoque, me semble-t-il : ‘’Pour montrer que le condamné ne mérite pas de mourir (qu’il mérite de vivre).
Conclusion : Tous les professeurs que j’ai rencontrés au lycée Omar Ibn Abdelaziz le jour de la correction m’ont exprimé, et d’une voix unanime, leur indignation et leur colère. En effet, il y a de quoi. Les professeurs qui ont préparé de la meilleure manière leurs élèves, regardent impuissants leurs efforts et ceux de leurs élèves mal évalués.
4 Comments
c est vraiment atroce ce qu ont fait ces gens de l académie, la preuve l examen regional en Français et en Arabe comme s ils n ont aucune idee des cadres de reference
Il faut informatiser l enseignement et l apprentissage de la langue française, il en est temps; alors que les outils archaïques tels que la craie, le tableau, le roman, le manuel, le carnet, classeur, double-feuille, …, ils sont rejetés par nos élèves, car ils en ont marre; ils veulent chacun un ordinateur pour effectuer des recherches sur la langue et ainsi mieux la comprendre. Idem pour les autres disciplines; c est plus pratique et plus efficace.
Monsieur Zaid:
Est ce si on a répondu à la question 3 seulement avec b-c et non « e » la note sera diminuer?
ET dans la question 7-a) si on a dit « ils » désigne les géoliers les gardes et les gens de justices .c’est juste?
Bonjour Mr Zaid,
C’est trop facile comme examen, plus facile que cela n’existe pas :)
Un élève qui ne peut pas répondre à la majorité de ces questions ne mérite tout simplement pas de passer au niveau supérieur de son cursus scolaire.
Salutations