ENSEIGNEMENT ET EDUCATION
ENSEIGNEMENT ET EDUCATION
« Enseignement » et « Education », dans notre société sont deux concepts, ou deux mots, qui sont considérés presque comme deux synonymes et pourraient s’employer l’un pour l’autre, tant sur le plan familial, que scolaire.
Mais il existe cependant entre eux une nuance, de sens, loin d’être légère, surtout lorsqu’il est question de faire des mises au points dans tel ou tel registre linguistique, lexical, épistémologique, ou autres.
Ainsi, l’enseignement désigne dans notre milieu scolaire, social, la retransmission pure et simple de connaissances intellectuelles, par le biais des adultes, tous âges considérés. Surtout quand il est question de recours à un paternalisme qui domine toutes raisonnances purement et définitivement discriminatoires
Parler de l’enseignement, c’est en l’occurrence parler de liens entretenus entre des adultes censés détenir un savoir, des connaissances, destinés , en premier lieu à être retransmis d’une génération à une autre, comme un patrimoine confié par une génération à une autre génération conformément à un contrat social à valeur juridique reconnue licitement par une autorité justiciable au pouvoir incontestable.
Par la suite, la notion de programme, de contenu, est venue s’imbriquer dans les registres de modèles d’enseignements, selon des méthodes, des manuels, des essais de réflexion et de recherches dirigés par des chercheurs et des théoriciens « avisés », avec toujours un ascendant de paternalisme indissociable du registre social, communautaire.
Il convient, dans ce sens, de signaler que l’enseignement et l’éducation tendent aujourd’hui à se confondre irrémédiablement comme étant deux notions inséparables, interchangeables. Par l’enseignement, les adultes retransmettent des connaissances et des savoirs permettant de découvrir le monde, l’histoire, la géographie, les sciences, les maths, la physique, les langues , la grammaire, la lecture, l’écriture mais au moyen de « bonnes manières », « de bonnes habitudes » : ce qu’il faut faire, ce qu’il convient de faire, ce qu’il ne faut pas faire, ce qu’il n’est pas permis de faire.
Il s’agit d’asseoir l’ enseignement sur une morale de bienséance, basée scrupuleusement sur des voies de « bonnes mœurs sociales », visant la formation du bon citoyen à la morale irréprochable, aux paradigmes indéfectibles, en fonction d’un contrat de socialisation imperturbable, inoxydable, irrévocable.
Il est donc question d’instaurer un enseignement appuyé sur un socle moral, religieux, spirituel, humaniste, ne laissant rien échapper aux consignes de dogmes définis par une morale stricte, inébranlable, inextricable. Pas question par conséquent , d’éduquer, de former des générations à la laicité, à l’ouverture de l’esprit, sur d’autres horizons !
En ce sens, Enseignement et Education se complètent, se ressourcent, s’alimentent, tant sur le plan de la forme que sur celui du contenu
Naturellement, enseignement intellectuel et formation morale ne sont jamais tout à fait l’un sans l’autre. Mais il se trouve que, depuis quelques décennies, une sorte de divorce semble être intervenue entre ces deux orientations, et il s’est ainsi ouvert une crise qui paraît grave et s’aggraver au fil des jours et des mois, sur laquelle il conviendrait d’insister régulièrement et avec persistance
Les causes de cette crise sont , je crois, évidentes : elle n’est imputable à aucun gouvernement, à aucune administration, :mais à un ensemble de tendances qui sont peu à peu développées dans l’opinion en général .Il y a d’abord l’attrait légitime des découvertes scientifiques, techniques , et technologiques de notre temps, qui fait oublier ce qui devrait les faire compléter.
Il y a surtout l’urgence créée par les difficultés sociales et économiques qui exigent de trouver un gagne-pain rapide .Il y a d’autre part le respect passionné de la liberté de l’enfant, respect qui va souvent à l’encontre de ses intérêts : c’est là alors que s’affaiblit l’action éducative de la religion et de la famille. Alors que l’aspect fondamental de l’Education qui est la formation de l’esprit et du caractère tend à passer au second plan.
Il importe donc de souligner une sorte de dialectique qui anime continuellement un débat, parfois même allant en s’accentuant dans le sens d’une animosité virulente. D’où la nécessité de l’intervention d’une sagesse intellectuelle, loin de se limiter à une forme de moralisation rigoureusement méfiante de toute sorte de tendance laique, imposant des balises de conduite humaine, tracée vicieusement au moyen de dogmes inaltérables, séparant dangereusement et pathologiquement Enseignement et Education appelés portant à, se côtoyer, à cohabiter, défiant bravement , intellectuellement, philosophiquement, logiquement , toute contrainte et/ou tout isolationnisme nuisant inéluctablement à la création et au développement d’un monde d’entente, de dialogue, de conviction./.
DE VIVE VOIX : Mohammed Essahlaoui
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