HOMMAGES POSTUMES A UNE NOUVELLE MEMOIRE DE TAOURIRT FEU SSi L FASSI.
Originaire de la région de TAOUNAT, la ville de TAOURIRT lui avait ouvert ses portes pour l’abriter quand il était venu de Fès en début des années soixante, j’avais quelques douze ans.
LA COLLINE DU ZA avait accueilli un jeune étranger élégant et grand de taille, habillé en djellaba blanche, chaussé en babouches neuves de couleur jaune en cuir style Fassi, tête couverte de ce tarbouch rouge appelé tarbouch l’watane (la nation) que les oulamas de Fès portaient et que tout nationaliste convaincu pouvait porter aussi et qui avait l’air pieux et paraissant discret. Il était fin de corps et d’esprit, d’une beauté marquée par la gaité et la clarté d’un visage souriant et séduisant dominé par la sympathie, par la timidité et par la pudeur, d’un regard discret et d’une allure respectueuse. Il a pu s’adapter à un milieu très diffèrent du sien et s’approprier sa mentalité en gardant ses distances tout en respectant son nouvel entourage pour se faire respecter. C’était le comportement de la « personne modèle ».
Il a été retenu dans cette ville et ouvert un KOUTTAB (école coranique) qu’il avait quelque peu modernisé .Il avait occupé un modeste local dans l’une des rues du HAY LAQDIM ( l’ancien quartier) , dans cette rue tout près de L’AASKRI SICLISS ( le réparateur et loueur de vélos), aussi proche des habitations de la partie sud – est du quartier qu’aux rues commerçantes. Il recevait tous les jours dans un premier début une douzaine d’enfants du quartier, filles et garçons, âgés à peu près de cinq à six ans, un effectif qui, au fil des mois s’est vu augmenter. Il avait fixé un petit tableau noir au mur sur lequel il écrivait dans un premier temps les premières lettres d’alphabet arabe qu’il leur initiait , leur faisait répéter en chœur (ALIFOUN, BA-OUN, TA-OUN…) ainsi que les chiffres du système décimal ( WAHIDOUN, ITNANI, THALATHATOUN…) et à leur faire recopier sur leurs ardoises, par la suite dans un deuxième temps les premiers versets du CORAN, ou encore de simples petites récitations qu’il leur faisait apprendre. Il avait mis ces petits assis en rangées, à même le sol couvert modestement, chacun devant une petite tablette lui servant à ouvrir dessus son fascicule en langue arabe pour suivre sa lecture ou son cahier pour recopier une leçon.
Lors de mon passage ce 21 Aout dernier pour quelques jours dans cette ville, ma ville natale, j’envisageais rendre visite à des personnes qui pourraient m’être utiles pour compléter mes mémoires, entre autre un sujet relatif à l’école marocaine que j’avais entamée sur ce site ( lire : l’école marocaine : rétrospective depuis l’indépendance), parmi elles ce Monsieur qui serait en mesure de me parler en connaissance de cause de la naissance de l’enseignement privé et de son évolution dans une ville comme la mienne, il en était le premier fondateur et resta l’unique durant presque quarante ans, j’envisageais qu’il me parlerait aussi un peu de lui.
A mon arrivée on m’annonça malheureusement sa mort qui a eu lieu mardi dernier suite à un diabète qu’il gérait depuis, cette nouvelle m’a bousculé pour me remettre bien en place et remuer mon esprit et m’a permis par conséquent de remettre surtout en question tout acte souhaité, toute pensée conçue, toute envie de faire, sauf la volonté de DIEU ; moi qui voulais le rencontrer vivant pour le saluer pour une deuxième fois dans ma vie, car j’avais eu cette occasion il y a moins de deux ans après l’achèvement d’ une prière de vendredi devant le MINBAR de l’ancienne mosquée où il donnait son discours aux croyants, nous nous sommes tenus quelques propos pendant quelques minutes. Que DIEU ait son âme , avais-je répondu à mes proches.
Me voilà parti le lendemain chercher les siens pour leur présenter les condoléances, une famille que je vais découvrir pour la première fois. Je fus reçu par deux jeunes gens appartenant à deux générations successives: d’abord son petit-fils DIAE ADDINE un jeune bachelier, bien éduqué et paraissant intelligent et qui s’apprête à découvrir les classes préparatoires durant cette prochaine rentrée scolaire, puis à un moment donné, son fils ainé ABDELMOUNAIME que j’avais appelé sur son téléphone, le père du jeune garçon, quand j’ai demandé après lui pour lui présenter et aux siens mes condoléances. Il est enseignant et journaliste et installé à OUJDA.
D’après ce jeune homme courtois et mûr que je viens de connaitre quelques jours après la disparition de son défunt père et qui avait aussi l’air bien instruit et paraissant maitriser notre langue ( la langue du SAINT CORAN), au cours d’une brève interlocution il m’informa que son défunt père a appris le CORAN, le FIQH (discipline religieuse), NAHW (grammaire) dès son jeune âge et accéda à l’ECOLE BEN KIRANE DE L’ENSEIGNEMENT PRIVE à Fès pour prendre place sur ses bancs où il a poursuivi ses études primaires en langue arabe, il fut interne avec ses compagnons dans une résidence à CHERRATINE, il décrocha son certificat d’études primaire, le CEP, ce qui lui a permis d’accéder aux études secondaires à l’université AL QARAOUIYINE pour y poursuivre ses études. Des grèves se déclenchèrent durant des évènements qui ont eu lieu en 1961 l’ont déstabilisé, il avait refusé de se soumettre à certaines pressions au sein de son contexte estudiantin, il était contraint de quitter pour construire son avenir. Il envisagea partir en ALGERIE afin d’obtenir un poste d’enseignant de la langue arabe dont nos voisins avaient drôlement besoin et que beaucoup d’autres de la région de l’oriental avaient saisi cette opportunité au lendemain de son indépendance. Il fit donc escale dans cette petite ville de l’ORIENTAL pour pouvoir se renseigner auprès de quelques vieux amis et reprendre son voyage mais il fut retenu par RABAA OURABAIINE WALYS (ceci pour rester dans l’esprit de notre culture), je dirais par ce milieu au sein duquel est déjà tracée sa destinée. Il découvrit un FQIH issu de sa région Ssi SANHAJI que DIEU ait son âme, retrouva les quelques camarades Taourirtis des QARAOUIYINES devenus instituteurs et fit la connaissance de quelques deux ou trois personnes qui devinrent ses amis et qui l’encouragèrent de séjourner dans la ville où il commença sa carrière dans ce KOUTTAB décrit plus haut.
Il ouvrit la première maternelle privée à coté et l’appela MADRASSAT ANNAJAH (l’école de la réussite) , elle devint la marraine des premiers enfants où ils vont recevoir une première base d’éducation d’un nouveau genre. Il s’inspirait et calquait sur le modèle existant dans les grandes villes. Il a établi un programme à son gout et sur mesure ainsi qu’un un emploi du temps qu’il adoptait selon sa conception et selon les capacités de ses élèves. Il a introduit dans cette ville une nouvelle notion d’initiation basée sur le rapport affectif entre maitre et élève, sur le suivi, la discipline ,le respect et le contact avec leurs parents, un ensemble d’outils qui vont ajouter une plus- value à l’éducation enfantine et qu’on peut qualifier de progrès du système éducatif dans cette ville et pour laquelle on ne pouvait que l’honorer.
Son séjour dans ce petit coin avait duré quelques années pour continuer son activité qui va évoluer autrement ailleurs car Il sentit pour les petits poucets de sa nouvelle ville le besoin de leur ouvrir une garderie sous le nom de RAWD AL ATFAL SINDIBAD à BLAN JDID ( le nouveau quartier), autorisée dans le temps par le Ministère de la Jeunesse et les Sports, le ministère de tutelle à l’époque. Ce fut en 1986.
Sa volonté ne s’arrêta pas à ce niveau, il avait un esprit créatif, il ouvrit un troisième établissement sous le nom de MADRASSAT AL MANAHIL où maternelle et cycle primaire vont aller de pair et qui allait regrouper trois annexes dans de différents coins de la ville dans des bâtiments qu’il occupait en location.
En 2010, Il s’acquière un terrain du côté du quartier administratif, à la sortie ouest de la ville où il construisit un bâtiment conçu pour recevoir les élèves du primaire et du premier cycle du secondaire où les études avaient démarré en septembre 2013 avec un moyen de transport confortablement assuré. Il baptisa le nouvel établissement DIAE AL AOULOUM où il prévoyait ouvrir un second cycle dans un proche avenir.
Cet homme infatigable et combatif a su planifier et mettre en œuvre ses concepts, pourvue que sa progéniture puisse réaliser ce rêve et aller de l’avant pour continuer ce grand combat mené par le défunt et qui n’est autre que celui mené contre l’ignorance , une lutte qu’il a entreprise sans relâche durant une période d’un demi-siècle.
C’était non seulement un F’QIH (un possesseur de coran) et un bon croyant mais aussi quelqu’un d’instruit en matière de langue arabe classique et de sciences religieuses : un FAQIH pour nuancer. C’était aussi l’IMAM des habitants de sa ville ayant pris la relève après la disparition de Ssi MOHAND AMMOUSSA, Ssi BELAID et de L’Haj L’GHAZI rahimahoumou ALLAH, qui se sont succédés dans la vieille mosquée.
Il avait fondé son foyer qui lui a parmi de donner trois enfants : ce jeune ABDELMOUNAIME qui est l’ainé, professeur de mathématiques de premier cycle, conseiller pédagogique et journaliste-directeur de son journal AKHBAR ACHARQ , ce qui lui a permis d’enseigner les techniques de l’écriture à l’E.S.T, MOHAMMED son cadet qui s’est lancé dans les affaires commerciales et NABILA sa benjamine qui est directrice pédagogique à MADRASSAT AL MANAHIL. Ils descendent tous les trois aussi d’une mère, la fille de KADAOUI Mohammed ben Abdelkader rahimahou ALLAH originaire de NADOR et ancien résistant dans la région nord, un marchand de tissu connu sous le nom de MOHAND L’GALII qui est venu s’installer à Taourirt en 1958.
Tous ces bourgeons qui se sont succédés au fil des temps, qui ont constitué des générations et dont la grande majorité a (ou ont) participé à l’édification de leur ville et de leur pays ont regretté votre disparition, mais ils ont bien fêté vos funérailles dans un grand recueillement avec grande affection qui est d’une ampleur plus énorme que celle que vous leur réserviez vous-même en tant que « maitre » et éducateur ensuite en tant que directeur. Ceux-là, ils ne vous oublieront jamais. ceux aussi qui viennent de vous connaitre s’en souviendront car l’(H)istoire est étanche, elle ne laissera rien échapper.
Leurs parents, hommes et femmes qui ignoraient votre vrai nom et prénom et qui n’est autre que SABii Si Mohammed vous ont attribué ce surnom que vous avez porté jusqu’à votre disparition et qui restera célèbre dans tous les temps. Vos créations continueront à prendre le nom de MADRASSAT Ssi L’FASSI , quant à ce 20 Aout, il restera une date mémorable.
Me voyant les yeux humides, je ne peux, et au nom des habitants de cette ville et particulièrement vos anciens élèves, que vous présenter mes hommages Postumes , mais loin de vous dire ADIEU.
8 Comments
Merci ssi BOUSSABSA pour cet hommage rendu au regretté ssi LFASSI. Que ssi ABDELMOUNIM et tous les membres de sa famille trouvent ici l expression de mes sinceres sentiments de compassion. je ne dirai pas condoléances car moi même j ai perdu en ssi LFASSI un grand ami et ungrand frêre je dirai même un père. Rahimahoy ALLAH
Notre ami Mohamed Bouassaba, toujours fidèle à son sens des valeurs et à celui des règles de la bonne morale et de l’éthique, mérite toutes les félicitations pour son initiative fort louable consistant à rendre hommage à une personnalité de la trempe de feu Ssi El Fassia, rahimahou allah. Le défunt mérite indibutablement l’oraison dite par Mr bouassaba d’autant qu’elle est emprunte de promptitude, spontanéité et sincérité à l’endroit d’un personnage qui a marqué l’histoire du système éducatif au niveau de notre chère cité TAOURIRT. Pour ne pas en dire plus que Mr bouassaba, je considère le défunt comme le pionnier de l’enseignement parallèle et privé à taourirt, sans compter le côté religieux de ses activités. Le parcours exposé avec brio et fidélité par Mr bouassaba est éloquent quant aux actions du défunt. A mon tour de rendre un vibrant hommage posthume au défunt et de renouveler mes condoléances à sa famille. AHMIDA MEZIANE
Notre ami Mohamed Bouassaba, toujours fidèle à son sens des valeurs et à celui des règles de la bonne morale et de l’éthique, mérite toutes les félicitations pour son initiative fort louable consistant à rendre hommage à une personnalité de la trempe de feu Ssi El Fassi, rahimahou allah. Le défunt mérite indibutablement l’oraison dite par Mr bouassaba d’autant qu’elle est emprunte de promptitude, spontanéité et sincérité à l’endroit d’un personnage qui a marqué l’histoire du système éducatif au niveau de notre chère cité TAOURIRT. Pour ne pas en dire plus que Mr bouassaba, je considère le défunt comme le pionnier de l’enseignement parallèle et privé à taourirt, sans compter le côté religieux de ses activités. Le parcours exposé avec brio et fidélité par Mr bouassaba est éloquent quant aux actions du défunt. A mon tour de rendre un vibrant hommage posthume au défunt et de renouveler mes condoléances à sa famille. AHMIDA MEZIANE
NOS CONDOLEANCES A TTE LA FAMILLE (inna lillahi wa inna ilayhi rajioun ) JE N AI PAS EU LA CHANCE D ETRE ELEVE DU DEFUNT MAIS MES FRERES L ONT EUE ET GARDENT ENCORE DE BONS SOUVENIRS ,UNE CHOSE QUE JE TIENS A DIRE C EST QU AU SEIN DE NOTRE FAMILLE QUAND ON EVOQUE LE NOM « SSI L FASSI » C EST LE RESPECT C EST LE SERIEUX C EST L HONNETETE ET C EST …….ENCORE MILLE FOIS » RAHIMAKA ALLAH WA ASKANKA FASSIHA JANNATIHI »
P.S. merci Mr bouassaba.
، احيي السيد جمال مزيان، النائب الإقليمي السابق بمدينة تاوريرت على شهادته في حق المرحوم و كذا الأخوين اللذان ادليا بشهادتيهما اللتان كانتا في العمق.
و بهذه المناسبة، ارجو من ابنه الاكبر الاستاذ منعم أن يزودنا بمقال آخر حتى نرصد من خلاله سيرته و مسيرته الدينية.
merci pour cet hommage ina lillahi waina ilayhi raji3oun.
merci pour ces informations concernant le défunt si lfassi que dieu ait son âme
j’étais son élève pendant les années 1970 et 1971 et je le qualifie comme le fondateur du préscolaire au niveau de la ville de taourirt
aussi j’été son élève que le mes condoléance a toute sa familles est tout ces proche (ina lolahi wa ina lillayhi ragioune) ceté le imam de de la mosquée l’ancien de taourite est je pense les ancien de taourirte le connaisse