LES RICHES ONT TOUJOURS BESOIN DES PAUVRES !

    Le choix et l’arbitrage, permanent, obsédant et aliénant, entre les trois besoins des citoyens occupent toute la vie des travailleurs.

Certains en fonction des choix qu’ils sont obligés de faire, n’ont pas mangé et se trouvent mal sur leur lieu de travail ; d’autres souffrent, mais ne peuvent acheter les médicaments qui les soulageraient ; d’autres enfin, tombent de sommeil, car ils n’ont que leur voiture ou  un mortel délabré et bruyant pour seul domicile.

Voici quelques extraits de la conclusion du livre de Barbara EHRENREICH :

« Il nous est difficile de prétendre être la première démocratie du monde, lorsqu’un grand nombre de nos concitoyens passent la moitié de leur temps de veille dan un environnement qui est l’équivalent, pour  le dire en termes simples, d’une dictature ».

Face à cette situation, poursuit l’auteur : « l’émotion devrait être la honte- la honte que nous devrions tirer de notre dépendance à l’ égard du travail, sous payé des autres.

Lorsqu’une personne travaille pour moins que ce qu’il lui faut pour vivre- lorsque par exemple, elle connaît la faim pour que vous puissiez manger moins cher-cela veut dire qu’elle a fait un grand sacrifice pour vous, qu’elle vous  a fait don d’une partie de ses qualités, de sa santé et de sa vie. Le pauvre qui travaille est en fait le grand philanthrope de notre société.

Il néglige ses propres enfants afin qu’on prenne soin des enfants des autres ; il vit dans des logements insalubres pour que les logements des autres soient étincelants ; il souffre de privations pour que l’inflation soit négligeable et que la bourse grimpe.

 Etre un pauvre qui travaille, c’est être un donateur anonyme, un mécène sans nom. Comme disait une serveuse célèbre : «  tu donnes, tu donnes et ils prennent toujours plus ».

« Un jour bien sûr, et je ne ferai aucune prédiction sur la date exacte, le pauvre sera fatigué d’obtenir si peu en retour, et il exigera d’être payé pour  ce qu’il vaut. Il y aura ce jour là, beaucoup de colère, des grèves, et des bouleversements. Mais le ciel ne nous tombera pas sur la tête et nous ne nous en porterons que mieux. Tout compte fait ». (Fin de citation)

Tout ce qui précède se passe de commentaire ! J’en ferai cependant un, un seul : pendant trois décennies, je n’ai pas entendu une fois, je dis bien une fois, un expert, un homme politique de droite ou soi disant de gauche, d’aucune démocratie du Monde, mettre en exergue ces faits et ces chiffres, les commenter, les dénoncer et en tirer des leçons ! Je n’ai entendu au contraire, qu’un ensemble de perroquets, abrutis, corrompus et insupportables nous sommer de nous mettre à plat ventre devant ce « modèle » de réussite extraordinaire ! Comment  ne pas être profondément en colère et révolté ?

Ce que je dénonce, en fin de compte, ce ne sont pas exclusivement les types de gouvernances adoptées par des Etats classés hiérarchiquement parmi les plus avancés d’Afrique, ni les fossés horribles qui ne cessent hélas de s’approfondir entre différentes catégories sociales dans ces pays.

Néanmoins, ce serait trop facile de critiquer des régimes irrémédiablement gangrénés de corruption, oui je dis bien trop facile ; c’est même ce que font de brillants intellectuels lamentablement désœuvrés, après un repas consistant dans un restaurant scintillant,  au beau milieu d’un grand boulevard de la capitale, honteusement mais discrètement interdit aux pauvres accusés irréversiblement d’atteinte au repos moral de ceux qui tirent profit de la dégringolade d’une gouvernance brillant surtout pour l’Extérieur ; lequel à son tour ne tarit point d’éloges à la hauteur des choix et des pratiques spectaculaires des régimes en lutte sans merci, affirment-ils, contre la pauvreté, la précarité, et les inégalités sociales./.

DE VIVE VOIX : Mohammed Essahlaoui