Zaid Tayeb

Depuis sa nomination à la tête du ministère de l’éducation nationale, monsieur le ministre ne cesse de faire parler de lui et de surprendre à cause de ses prises de décisions précipitées et souvent inappropriées. La dernière en date est la suspension provisoire de l’application des dispositions de la circulaire ministérielle n° 109 du 3 septembre 2008 autorisant aux cadres du corps enseignant à donner des heures supplémentaires dans les établissements privés. Cette interdiction tombe mal, au mauvais moment et au mauvais endroit. En effet les établissements scolaires privés habitués à aller puiser leur personnel enseignant dans les établissements publics se retrouvent à la dernière minute et sans préavis au pied du mur.

La décision d’interdire aux professeurs et inspecteurs de l’école publique de travailler dans l’école privée permet, il faut le reconnaître, de créer des emplois pour les jeunes diplômés en chômage, ce qui n’est pas peu de chose. Toutefois, elle a beaucoup d’aspects négatifs puisqu’elle tombe comme une bombe sur un secteur qui a tout mis en place pour une rentrée scolaire réussie : les inscriptions sont faites ou en train de se faire, les professeurs déjà en vue et l’année scolaire sur le point de démarrer. La décision de monsieur le ministre ruine l’école privée à un moment où elle compte beaucoup sur le ministère de l’éducation nationale pour la promouvoir. Je vois mal comment l’école privée va pouvoir s’en sortir avec une décision de dernière minute qui grippe sa mécanique de manière irréparable. Je vois mal également comment monsieur le ministre peut s’en sortir sans trop de dégât et pour lui, et pour le ministère qu’il dirige avec plus de zèle que de sagesse, et pour l’école privée dont il coupe les affluents en ressources humaines qu’elle puisait dans l’école publique. Déjà monsieur le ministre a suspendu l’application des dispositions  de la note ministérielle relative à la gestion du temps scolaire, du temps d’apprentissage et du temps administratif qui étai mal comprise puisque l’attention de l’administration s’était focalisée essentiellement sur les absences des professeurs alors que l’esprit de cette note était beaucoup plus noble que les intentions de ceux censés la mettre en application.

La dernière bévue de monsieur le ministre est la mise à la disposition du public un numéro de téléphone vert pour permettre à tout venant de dénoncer les professeurs en manquement de leur devoir. Comme si dans tout le pays et parmi tous les fonctionnaires, il n’y a que les professeurs qui manquent à leur devoir. Bref, une vaste battue menée à tambour battant est en train de se préparer contre les absents et les retardataires parmi les professeurs. Si monsieur le ministre de l’intérieur, celui de la justice, celui des finances… faisaient de même pour leurs fonctionnaires, on aurait compris et sans rancune que la décision de monsieur le ministre de l’éducation nationale n’est pas une décision punitive menée contre ses fonctionnaires.