L’art africain accueilli par la galerie d’art – Al Maghreb al Arabie – à Oujda
Avant de vous
parler des œuvres créées par le jeune artiste Camerounais Fotue Sokoudjou
Justin, jeune de son âge mais grand de son talent, je voudrais évoquer
la question de l’art africain dans l’histoire contemporaine et sa
relation avec ceux qui écrivaient l’histoire avant les années
60. Les années 60, années des indépendances des pays d’Afrique.
C’étaient aussi les années de confirmation et de reconnaissance
de l’art africain. C’est aussi aux années 60 que les artistes Africains
ont acquis et arraché le droit de se faire appeler artistes contemporains.
C’est aux années 60 que les pays d’Afrique se sont défaits
de l’emprise de l’acculturation du colon qui les présentait systématiquement
comme artistes primitifs ou encore naïfs. Iba N’Diaye, Malagantana,
Skunder Boghossian, Pascal Kenfack ou Uché Okeke de l’Afrique noir
ou charkaoui, gharbaoui, mlihi, Houamel Abdelkhader, Ahmed Kara-Ahmed, Ezekiel Baroukh de l’Afrique du nord sont tous des
artistes africains qui avaient transgressé le cadre de l’art traditionnel
local de leurs pays depuis les années 30, pour un art recherché aux
niveaux contenu et contenant. Ce sont des artistes parmi d’autres,
pour qui la création était un acte de militantisme et de construction
d’un avenir culturel, qui marque son identité dans le contemporain.
C’est vrai que leur travail n’était pas une continuité de l’art
traditionnel mais c’était une sorte d’approche de ce qui ce passait
au fond de l’évolution de la conscience collective humaine. Cette
conscience qui s’est penchée sur le conceptuel, sur la recherche
de valeurs pures sans aucune référence matérielle, raciale ou historique.
Cette conscience qui a mis le doigt sur ce qui fait de l’œuvre une
œuvre plastique et non pas sur ce qu’elle pouvait représenter de
cathédrale, de souverains, de femme, de cheval, de dieux ou de masque
sacré. Les artistes ce sont penchés sur la matière, la texture, la
composition, la couleur, la structure, l’ombre et la lumière. Ses
artistes sauveurs subissent actuellement la critique des plus jeunes,
parce que l’irrévérence fait et fera toujours partie de la création,
de l’évolution et de la transcendance. Les artistes ont toujours
besoin d’écrire leurs histoire et encore plus important, de savoir
contre quoi ils se dressent et de quoi ils se définissent. Ces jeunes
dont fait partie notre invité d’honneur, nous les Oujdis, M Fotue
Sokoudjou Justin le sculpteur camerounais qui au cours de son voyage
de 5 années entières a donné naissance à plus de 160 sculptures,
lier à 160 histoires différentes du banal au plus sacré. Le travail
de Justin l’a mis en communion profonde avec la terre, le bois, les
ossements, les plumes les cornes et autres matériaux qu’il a récupérés
de notre nature chérie. En regardant son travail, on est tenté de
le toucher, de le palper et de le sentir. Cette texture qui varie du
rugueux et brute au tendre et lisse comme le portor qui donne
une sensation de noblesse de l’œuvre et de la sensibilité si raffinée
de l’artiste.
Les différents sujets des sculptures de Justin reflètent
la richesse et la profondeur de la culture africaine d’une part et
la maturité du monde intérieur de ce jeune artiste aux niveaux savoir,
technique, croyance et émotion. Ses sculptures qui racontent l’histoire
des animaux des hommes et des esprits sacrés, ses sujets à qui il
dévoue un respect profond et sincère sont le reflet de tout ce qu’il
est. Justin, cet artiste camerounais, qui fait un travail magnifique,
utilise, pour parler son langage artistique africain, l’image
de l’arbre qui a des racines, un tronc, des branches et raconte l’homme.
Beaucoup d’artistes africains s’inscrivent dans des recherches contemporaines
au niveau mondial, mais ils ont aussi besoin de savoir d’où ils viennent
et qui ils sont.
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