La Maladie Cœliaque en examen le 24 novembre à Casablanca
Association Marocaine des Maladies Auto-immunes et Systémiques
La Maladie Cœliaque en examen le 24 novembre à Casablanca
L’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) présidée par le Dr Moussayer Khadija, organise sa deuxième journée de l’auto-immunité, le samedi 24 Novembre 2012 à l’Hôtel Palace d’Anfa à Casablanca (entrée libre-inscription pour le repas 100 dirhams) sur le thème « Prédisposition génétique et maladies auto-immunes et systémiques ».
Un des thèmes en sera la maladie coeliaque, pathologie auto-immune liée à l’intolérance au gluten qui provoque, même éventuellement quand l’atteinte est silencieuse, des dommages d’abord à la paroi intestinale et ensuite potentiellement à l’ensemble de l’organisme.
Mmes Brigitte Jolivet et Catherine Rémilleux-Rast, présidente et vice-présidente de l’AFDIAG (association française des intolérants au gluten) ainsi que des représentants de fabricants/distributeurs d’aliments sans gluten seront présents, notamment pour exposer les problèmes du régime alimentaire sans gluten.
Une maladie « caméléon » au diagnostic souvent tardif
Alors que la maladie cœliaque était considérée classiquement comme spécifique aux nourrissons et aux enfants en bas âge, l’amélioration des moyens de détection a profondément modifié son tableau : elle est découverte en majorité chez les enfants plus âgés et surtout les adultes. Les formes silencieuses ou oligosymptomatiques, avec, pour seuls signes, des symptômes extradigestifs, sont prépondérantesfaisant de la « coeliaquie » une maladie aux multiples visages et potentiellement mortelle (risque de lymphome).
En effet, à plus de 50 % des cas, la manifestation est endocrinienne ou hématologique, hépatique, dermatologique, stomatologique, ostéoarticulaire ou encore neuro-psychique. De ce fait, elle n’est pas, bien souvent, diagnostiquée tant qu’elle n’a pas provoqué de sérieuses complications : on estime que le délai de sa mise en évidence est de 13 ans en Europe et que, pour chaque cas détecté chez l’adulte, 8 resteraient ignorés.
Pour faire face à cette situation, la ESPGHAN (Society for Paediatric Gastroenterology, Hepatology and Nutrition) vient d’ailleurs de publier en 2012 des recommandations insistant sur le dépistage des groupes à risque et l’utilisation des outils génétiques (typage HLA pour écarter le risque de maladie). Les personnes atteintes de diabète de type1, de thyroïdites, ainsi que les parents de premier degré des cœliaques constituent un de ces groupes.
La seule solution est pour le moment la suppression du gluten dans l’alimentation. D’autres pistes thérapeutiques sont actuellement explorées : utilisation de polymères séquestrant le gluten dans le système digestif, d’enzymes dégradant le gluten, de modulateurs de la perméabilité cellulaire intestinale, vaccinothérapie, développement de nouvelles espèces de céréales moins immunotoxiques…
Au Maroc, cette maladie est également un problème de santé publique qui fera durant cette journée l’objet d’interventions de la part notamment du PR Nawal Kanouni, du DR Fouzia Chraibi et du DR Said El Kettani: la maladie toucherait plus de 1 % de la population avec des zones, en particulier dans le sud, certainement plus touché. Une étude ponctuelle menée sur des enfants sahraouis en 1999 sous l’égide de l’OMS, avait en effet révélé une prévalence de 5,6 %, soit le plus haut taux connu au monde.Desépidémies de gastroentérites et de diarrhées à l’époque ont certainement amplifié le nombre de cas observés chez les enfants. Il n’en reste pas moins que ce taux démontre une certaine susceptibilité à contracter la maladie ainsi que la nécessité de réaliser de nouvelles enquêtes épidémiologiques pour apprécier exactement l’étendue de la maladie dans le sud.
Un régime alimentaire strict à vie
Le gluten et les protéines apparentées sont présents dans les céréales et contenus dans des aliments de base ou de consommation courante, comme la farine, le pain, les biscuits ou les gâteaux mais aussi dans de nombreux produits divers et souvent insoupçonnés : médicaments, rouge à lèvres, rince-bouche, dentifrice, colle, bonbons, sauce à salade…
Le colloque sera l’occasion de mieux appréhender les contraintes de la prise en charge diététique, notamment quant à :
– l’observance au régime (et sa nécessité ou non dans les formes silencieuses) et les conseils que peuvent donner les professionnels de santé ;
– l’étiquetage des produits ;
– l’offre et la disponibilité de produits sans gluten au Maroc, en particulier par les pharmaciens en officine ;
– l’utilité des probiotiques qui sont des micro-organismes vivants existants sous forme de médicaments ou ajoutés à certains produits alimentaires (yaourts). Les malades cœliaques présentent en effet une modification de leur flore avec la présence de certaines bactéries qui joueraient un rôle dans sa pathogénèse ; les probiotiques contribuent à rééquilibrer la flore intestinale et à moduler ainsi la réponse immunitaire.
Lors de cette journée, présidée par le professeur de médecine interne Loïc Guillevin, d’autres thèmes seront par ailleurs abordés sur la spondylarthrite, les maladies monogéniques, les vascularites, les uvéites… sans oublier plus généralement la prédisposition génétique à ces pathologies au travers d’exposés sur l’héritabilité familiale, les systèmes HLA et une nouvelle orientation de la recherche médicale, l’épigénétique.
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