Ecole publique, école privée : parlons-en
Zaid Tayeb
Ce qu’on peut reprocher à la décision du ministre de l’éducation nationale de suspendre provisoirement l’application des dispositions de la circulaire ministérielle n° 109 du 3 septembre 2008 autorisant aux cadres du corps enseignant à donner des heures supplémentaires dans les établissements privés est la période de sa mise en application. Si la décision avait été prise à la fin de l’année scolaire, par exemple, elle n’aurait sans doute pas déclenché toute cette polémique qui a divisé la communauté entre partisans et adversaires.
Il est vrai que l’école privée se nourrit et s’engraisse de l’école publique comme les cliniques privées se nourrissent et s’engraissent de l’hôpital public. La renommée de l’école privée repose sur celle de l’école publique, comme la renommée de la clinique privée sur celle de l’hôpital public. Les meilleurs cadres pédagogiques, formés par les centres de formation de l’Etat et à ses frais, comme les CPR, les Cycles Spéciaux, les ENS, les centres de formation des professeurs agrégés, les centres de formation des inspecteurs, qui ont acquis expérience et savoir faire au fil des années, en exerçant dans l’école publique et qui ont coûté et qui coûtent à l’Etat les yeux de la tête se font exploiter et de manière dégradante par l’école privée qui les paie à l’heure de travail effectué. Si à l’école publique, les cadres sont payés 12 mois sur 12, congés de maladie et congés scolaires payés, à l’école privée, ils sont payés à l’heure de travail effectué. Et combien ? De plus, l’école privée a fondé son empire sur la misère de l’école publique. Elle se targue de dispenser un enseignement de qualité et à quel prix, mais avec les cadres de l’école publique qu’elle paie et à quel prix. Il en est donc de l’école publique et de l’école privée ce qui en est de l’hôpital public et de la clinique privée. D’un côté, la qualité de l’enseignement dans l’école publique et la qualité des services et des soins dans l’hôpital public font parler d’eux avec les mots les plus cruels, de l’autre, on n’entend qu’éloges et glorifications à l’adresse de l’école et de la clinique privées. Pourtant, ce sont les cadres de l’école publique, pour ne parler que de ceux-là, qui exercent dans l’école privée. D’un autre côté, la conduite du même cadre de l’école publique varie en fonction qu’il est à l’école publique ou à l’école privée. A l’école publique il se montre fatigué ou détaché, avec des absences ou des retards fréquents, justifiés ou pas, peu soucieux de l’application des notes ministérielles qui régissent les contrôles continus, leur fréquence, l’accomplissement du devoir…A l’école privée, il est là avant la première cloche, toujours présent à l’appel, appliqué et rigoureux, généreux dans la distribution des notes des contrôles continus qui font la différence à l’examen du baccalauréat et dont il est fait un si mauvais usage. L’école privée, échafaude toute sa réputation sur son parent pauvre qui est l’école publique qu’elle use en usant ses cadres, qui, eux, ignorent sans doute qu’ils se conduisent en ingrats vis-à-vis de l’école publique qui les a forgés et qui lui tournent le dos tout en se nourrissant si gloutonnement de ses mets.
Qu’est-ce qui nourrit les craintes de l’école privée suite à l’interdiction aux cadres de l’école publique d’exercer dans l’école privée ? L’école privée, sans l’expérience, la compétence et le savoir faire des cadres de l’école publique sur lesquels elle comptait et qui ont fait sa grandeur, est vouée à la médiocrité et à la décadence. En effet, à considérer la chose d’un point de vue pragmatique, lequel des parents va placer ses enfants dans une école privée dont les cadres sont de jeunes diplômés sans formation pédagogique et sans expérience ? L’école publique, il n’y a pas longtemps, faut-il le rappeler, recrutait de jeunes diplômés qu’elle forgeait sur le terrain, souvent au détriment des apprenants et de la pédagogie. L’école privée, elle aussi doit compter sur ses propres ressources comme l’école publique comptait sur les siennes, puisque toutes deux s’approvisionnent en cadres enseignants dans le même marché de travail.
5 Comments
il y a du rififi dans l’application des lois et dans les expressions utilisées,les vrais heures supplementaires sont ceux que donnent les enseignants de la fonction publique dans leurs propres etablissements écoles,collége,ou lycée .ce qu’on appelle heures supplementaires d’un enseignants dans le privé c’est une double fonction interdite par l’état,et il faut appelé un chat un chat.
Excusez moi, et permettez moi de vous dire que dans tous les articles que je lise, bien évidement au Maroc, toujours et toujours de l’analyse, de la critique, ceci est devenu culturel chez nos intello, partout où je suis passé, à l’université et leur forums de discutions, dans la press, dans discussion entre amis, dans les débats télévisés toujours des analyses et des critique,
Maintenant, qu on est devant ce problème, on veut des solutions, on veut que privé continu sa réussite relative, et on veut une reforme du publique donc, nous avons besoin de solutions, d’idées, de propositions, nous avons besoin d’avancer et non de commenter les faits. L’analyse et la critique tout le monde en est capable.
ألسلام عليك أستاّذي المحترم .ما قلته لا يختلف فيه اثنان.المدرسة الحرة بدون أساتّذة المدرسة العمو مية جسد بلا رجلين.هذه حقيقة يعرفها جيدا القائمو ن على التعليم الخصو صي ولكنهم استغلوا صمت الوزارة الوصية عملا ا بالقاعدة المعروفة في بلادنا -كثرة المذكرات والتوصيات والتدشينات …..وقلة المتابعة والأفعال -وهذه هي مصيبة البلاد والعباد.الآن نحن أما ممشكلةعويصة ولا بد من حل لها في أقرب الآجال والا سيكون الوضع كارثيا. واللوبي الستثمر في التعليم الخصوصي أقوى بكثير من السيد الوفى الذي يبدو أنه يستعرض عضلاته التي ستفشل لا محالة وتستلم للأ مر الواقع .عملا ب-اطلع تأ كل الكرموس انز من قالها لك – .ويبقى الضحية هو التلميذ…… فمتى نفكر قبل الآقدام على اتخاذأى قرار مصيري .ونتجنب المزاجية والارتجالية؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟؟
On se demande jusqu’à quand ce ministre continuera à prendre des décisions hâtives sans se donner la peine d’en étudier les conséquences négatives sur le bon fonctionnement de l’institution. A mon avis il aurait du réfléchir longtemps avant de prendre de telles décisions à la veille de la rentrée scolaire. Au cas où les responsables du privé ne parviendraient pas à trouver les professeurs pour leurs écoles, que va-t-on faire des 9% des élèves inscrits au privé ? Est-ce que les structures existantes dans le secteur public sont suffisantes pour les accueillir ?
La parallèle mené par mr Zaid entre le domaine de l’enseignement et celui de la santé est superbe et très éloquent. Pas du tout étonnant de la part de notre éminent prof qui nous a habitué à la pertinence de ses analyses ( et également, avouons-le et regrettons le, à ces ripostes parfois exothermiques si on tient des propos le contrariant ; mais il n’empêche que débattre avec lui n’est pas sans intérêt).
revenons à l’article pour émettre quelques remarques livrées au débat:
– j’ai cru comprendre que Mr zaid ne critique pas, voire ne met pas en cause la justesse et la pertinence de la fameuse décision du Ministre puisqu’il se contente d’évoquer « le moment » de cette mesure. Pour ma part, j’exprime de manière plus franche et plus directe ma totale adhésion à cette mesure.J’aurai l’occasion d’argumenter mon opinion et de la livrer à débats dans un proche article et je serai heureux que Mr Zaid tayeb en donne son précieux avis.
– la dicotomie développée par mr Zaid entre l’enseignant d’une part et l’agent de la santé d’autre part est conséquente. J’aurais, pour ma part, nuancé car il existe encore ( Mr zaid en fait partie) des enseignants du public qui affichent des comportements exemplaires et irréprochables en matière de ponctualité, de sérieux, de compétence …etc…Bien évidemment et fort malheureusement, l’autre catégorie ne manque pas à l’appel.
– Mr zaid a passé sous silence un autre élément du décor: les pauvres parents d’élèves contraints à recourir aux établissements privés et les arnaques auxquelles ils sont livrées de la part de certains de ces établissements. Là encore, il y a matière à discuter.
– question : pour quelle(s) raison(s) et sous quel(s) prétexte(s) le secteur privé continue-t-il à puiser parmi les enseignants du public alors que des milliers de diplômés grossissent chaque jour les rangs des chômeurs?
– etc….etc…