ESSAI : EVOLUTION DES FONCTIONS DES ACTES D’EVALUATION
ESSAI : EVOLUTION DES FONCTIONS DES ACTES D’EVALUATION
La fonction éducative est en fait une fonction de gestion des individus en formation tout à fait homogène et complémentaire de la fonction traditionnelle d’attribution d’une valeur scolaire au terme d’une formation : on a d’ailleurs observé depuis longtemps un certain morphisme entre les mécanismes de la sélection par examen final et les mécanismes de l’élimination par orientation. La seconde n’est rien qu’une « rationalisation » de la première permettant d’éviter les « gaspillages » en situation de formation.
Remarque importante à nouveau : les phénomènes de rationalisation, n’affectent plus seulement les pratiques d’évaluation de personnes. Mais le développement de réflexions des individus dans les différents lieux où ils se forment et se transforment.
En même temps que se développe la docimologie proprement dite, on assiste dans les secteurs les plus variés au développement de réflexions, ou de procédures ayant pour objectif d’améliorer les jugements portés sur les individus dans les différents champs, où ils se révèlent présents.
C’est aussi que, par exemple, dans le cadre d’une psychologie scolaire ou dans le cadre d’une psychologie du travail dont le véritable essor ne remonte lui non plus qu’à quelques décades, on a vu élaborer de multiples instruments ou techniques ne se proposant, en fait, que de repérer avec davantage de précision les différences individuelles.
La caractéristique commune de tous ces outils est de reculer implicitement des normes de jugements dans leur démarche d’identification des caractéristiques individuelles. Le phénomène est particulièrement frappant dans le cas du QI ou plus généralement de la « psychologie différentielle », mais il touche assez largement un bon nombre d’outils proposés par certaines branches spécialisées de la psychologie.
En fait, on peut parler d’un véritable développement des sciences de repérages des différences individuelles, correspondant au développement des appareils de gestion des caractéristiques individuelles.
L’histoire de l’évaluation des actions en formation, elle, est en fait une histoire courte, et même très courte, et l’on dispose relativement de peu d’informations sur elle. Son examen n’en est pas moins riche d’enseignements.
Paradoxalement ce n’est pas dans le monde des institutions de formation, mais dans le monde industriel que sont posés la première fois des problèmes d’évaluation des actions de formation. : Les premiers lieux d’exercice des pratiques d’évaluation des résultats de la formation ont été des entreprises américaines suffisamment importantes pour qu’elles aient pu recourir aux services spécialisés de psychologues ou de chercheurs.
Comme l’écrit M. Morin : « Ce sont les industriels américains qui, autant qu’on en puisse juger, ont été les premiers à subventionner des recherches sur l’évaluation des résultats de la formation. Tout système d’éducation nationale, auparavant, disposait, bien entendu, de moyens d’appréciation de l’effet pédagogique, mais c’est dans l’entreprise que sont apparues les demandes d’élaboration de moyens nouveaux et spécifiques d’estimation des effets de la formation du personnel des adultes dans l’entreprise. »
Lieu initial donc d’émergence des pratiques d’évaluation en formation, l’entreprise et ses préoccupations apparaissent même plus largement comme le vecteur de leur développement. On constate, par exemple, que c’est à l’initiative de l’Agence Européenne de Productivité que, dans les années 60, s’est organisée à l’échelon européen toute une série de travaux sur l’évaluation des résultats de la formation du personnel d’encadrement.
A l’heure actuelle, l’entreprise paraît jouer un rôle privilégié et moteur dans la demande d’évaluation. /.
DE VIVE VOIX : Mohammed Essahlaoui
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