Le Désespéré. ( Poème de jeunesse)
Qu’importe ce que j’ai été, si je ne puis plus rien être.
Ma jeunesse et ma beauté m’ont quitté, ô les vils traîtres !
Déprimé, abattu et las de cette existence piétinée ;
triste, solitaire, abandonné, telle est ma douloureuse destinée.
J’ai goûté toutes les coupes d’amertume et de fiel ;
et lorsque, éperdu, je lève les yeux au ciel,
je n’y découvre point l’étoile salutaire qui pourrait m’apaiser ;
et je plains, oui, je pleure ma jeune existence brisée.
Dans l’eau fangeuse du ruisseau traîne une fleur.
Du haut d’un arbre, un hibou pleure ;
et la forêt vierge lui fait écho.
Mon cœur se serre comme un étau.
Je serai comme cette fleur, qui souffre de douleurs incomprises,
sans cesse accablée par la neige et par la brise.
Je serai comme cette fleur, une bien piteuse créature,
qui sans avoir vécu, payera son tribut à la nature.
Je serai comme cette fleur, qui meurt par une longue nuit,
sans avoir fleuri et sans avoir donné aucun fruit.
Je serai comme cette fleur, qui expire sans appui,
sans avoir été aimée par le soleil ni par la pluie.
La mort est peu de chose pour une âme flétrie par l’adversité ;
mais que sa main est poignante lorsqu’elle tombe sur un cœur dilaté !
Mort, lugubre instrument de Dieu, patientez encore un peu !
Laissez-moi à mes dernières contemplations, je suis si malheureux !
Laissez-moi respirer l’air libre du soir,
avant de sombrer pour toujours dans le noir !
Laissez-moi entendre les cris des rainettes et les chants doux des oiseaux !
Laissez- moi admirer les rayons de la lune qui tremblent sur les eaux !
Laissez-moi m’emparer de cette nature où je crois voir mon bonheur
et qui m’apparaît pour la première fois dans sa plus belle splendeur !
Laissez-moi jeter un dernier regard à ce soleil couchant !
Laissez-moi m’enivrer de ce divin parfum des champs !
Ah ! Si l’on savait, si l’on avait
ce genre de vie tant désirée et tant rêvée !
Mais maintenant, tout m’est égal,
puisque j’approche de l’instant fatal.
Au loin, me parviennent les sons d’une mélodie funèbre qui me glace d’effroi.
Je crois que c’est le glas des morts qui sonne pour moi.
Une ombre en voiles noires m’aborda sans émoi.
C’est l’Ange de la mort qui vient saisir sa proie.
2 Comments
cestuntresbeaupoeme
Nous sommes tous des apprenants à l’école de la vie et nous connaissons tous durant notre courte existence des hauts et des bas. Le désespoir tout comme l’espoir, les échecs ainsi que les réussites ,font partie de notre apprentissage.
Mais ce qui est beau, rassurant et positif chez nous les Musulmans, c’est que quel que soit le niveau de désespoir que nous pouvons atteindre parfois, nous nous tournons toujours vers Dieu qui est notre espoir suprême. C’est ce qu’on peut appeler l’espoir des désespérés.
Mes Hommages à notre cher professeur, M.AHMED ADDOU, le grand poète, le vrai poète.