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ILS SONT PASSES PAR LÄ. ILS SONT REPARTIS. D’AUTRES ONT DEBARQUE !

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« Ils » sont de hauts fonctionnaires, de grands chargés de missions, des  responsables locaux, régionaux, centraux, des ministres, des Chefs de gouvernements, des députés, des conseillers, des rois, des commandants de places d’armes, des généraux de divisions, des directeurs d’entreprises, des chercheurs, et d’autres.

« Ils »  sont arrivés un jour de grand soleil pour certains, de brume épaisse pour d’autres. Cela ne dépend pas d’eux, ni du temps, ni du climat, munis d’un ordre de missions et d’un dahir de nomination à un poste donné, se trouvant quelque part au Maroc.

« Ils » ont passé de longues années, à la tête d’un département, d’une équipe gouvernementale, ou d’un pays. Animés d’une volonté inébranlable, d’un enthousiasme légendaire, possédés par une passion quasi donquichottesque ; ils ont juré pour certains, prêté serment pour d’autres, de ne ménager aucun effort susceptible de contribuer à s’acquitter de leurs lourdes missions de la façon la plus honnête, la plus compétente, la plus fidèle aux grandes valeurs, aux  inégalables principes fondamentaux de la déontologie rigoureuse de la profession, du grade, de la panoplie de missions dures, rudes, particulièrement exigeantes, qui nécessitent avant tout de l’endurance, de la patience, et de toute évidence de la passion, sans oublier une santé physique et morale de fer inoxydable.

Une fois l’émotion contrôlée, mais encore insuffisamment maîtrisée, ils entreprennent les premiers contacts, non pas comme ils ont entendu dire « autant que faire ce peut », mais « il faut, ils doivent, ils se sacrifient » pour les causes nationales en vue desquelles ils ont été nommés, désignés, choisis, selon des cas et en fonction du contexte, de la conjoncture ambiante dans le pays.

Et la traversée du désert débute, pour certains c’est un paradis, pour d’autres c’est un enfer, avec une nuance de taille : ce n’est jamais tout à fait un paradis, ni tout à fait un enfer. Entendons par là, que ce sont les nuances qui font les styles. Car il n’est pas demandé à un responsable de parler et de décrire un ciel bleu, ce serait nul, ce ne serait pas pertinent, ce serait vide, ce serait à jeter, à « classer » dans la poubelle.

Puis, des années passent, se succèdent et se ressemblent. On est broyé par le temps, on se consacre entièrement aux missions, sans avoir la possibilité de respirer, de réfléchir, de méditer. C’est bien là que le bât blesse, vu qu’on ne gère pas le temps, mais on est plutôt géré par le temps.

Arrive le jour où on doit partir, car il le faut bien, d’une façon ou d’une autre, sans avoir légué quoi que ce soit ! Notre société est fière de son oral, de son oralité. Les seules traces qu’on laisse, sont d’ordre administratif. Est-ce parce que nous n’aimons pas écrire ? Nous ne voulons pas écrire ? Nous n’avons pas le droit d’écrire ?

Les traces écrites dont je souhaiterais parler, devraient faire partie de mémoires de réflexions, de points de vue, d’opinions personnelles. Mais quel gâchis ! A la veille du départ d’un responsable, on procède d’une manière expéditive à une passation de consignes, à une remise de documents administratifs officiels, bref tout sauf le plus important : des mémoires, des souvenirs, des descriptifs de lieux, d’espaces, de la société, des potentialités  humaines, matérielles, culturelles, dont bénéficient, la ville, la province, la région, le pays !

Qu’est-ce qui empêcherait, par exemple un Wali, un ministre, un  haut responsable d’un domaine donné, un commandant d’une région,  et j’en passe, de rédiger chaque jour, des traces écrites sur les points saillants de sa journée, avec son entourage, ses collègues, la société, le milieu, les spécificités régionales en général. non point exclusivement dans son domaine. Il s’agit bien de traces écrites ouvertes sur le milieu social, économique, sportif, éducatif, et autres.

De telles sources, de tels repaires, de telles informations évènementielles, circonstancielles et circonstanciées, pourraient faire l’objet de documents-patrimoines scientifiques dont notre pays a grandement besoin, pour  conduire des études plus approfondies sur la région, ou du moins pour renforcer les formations initiales et continues de nouveaux responsables, appelées dans le jargon : les formations expérientielles par alternance, sur le terrain.

Je sais que parmi les lecteurs de cet essai, se trouveraient quelques uns qui partageraient ces visions.
Imaginons un seul instant que le genre de traces écrites retrouvées sur des bureaux de hauts responsables partants, soient lues, consultées, exploitées, par de nouveaux arrivants dans le sens d’entreprendre des investigations laborieuses comme des études de cas,  ou de rédiger des  mémoires d’étudiants.

Qu’on ne dise surtout pas que ce serait une corvée supplémentaire, et que le temps, pour ce faire, manque lamentablement. Dans le cas où ce prétexte s’avère véridique, il importe que les grands responsables de la nation se penchent sérieusement sur  ce problème monumental : le peu de crédit que les hauts responsables du Maroc attachent à la créativité, aux points de vue, et à l’opinion personnelle des fonctionnaires et des chargés de missions.

De ce fait, ces mêmes responsables auraient tant de choses à relater, à décrire, à mettre en exergue, si tant est que les plus hauts responsables de l’Etat Nation trouvent un véritable plaisir qui est celui de s’adonner, fièrement et consciencieusement, aux productions écrites, synonymes d’assurer une discipline de traçabilité par des mémoires, qui en s’accumulant régulièrement ne manqueraient pas d’enrichir la mémoire collective de la société marocaine.
DE VIVE VOIX : Mohammed Essahlaoui

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