La fraude au bac : responsabilités et remèdes.
par Zaid Tayeb
Jamais la fraude à l’examen du baccalauréat marocain n’a été autant décriée et désignée du doigt que pendant cette année. Le gouvernement actuel, fraichement porté au pouvoir veut rendre au baccalauréat sa crédibilité en déclarant la guerre aux tricheurs et à la triche. Le chiffre rendu public et qui avoisine les 1400 cas de tricheurs pris sur le fait est loin de refléter la réalité qui est bien plus grave. La fraude à l’examen du baccalauréat continuera à subsister tant que le climat favorable à la fraude subsistera.
Certains professeurs chargés de surveiller les candidats au baccalauréat font mal leur travail : au lieu de dresser un rapport à l’encontre du fraudeur pris en train de manipuler son portable ou d’utiliser des documents écrits, ils les laissent faire ou, dans le pire des cas, saisissent le portable ou les documents qu’ils rendent tout simplement au fauteur à la fin de l’épreuve.
Cette indulgence déplacée dans l’exercice de l’accomplissement du devoir est un acte de faiblesse, ou plutôt un sentiment de crainte des représailles de la part des tricheurs pris la main dans le sac. En effet, une fois le surveillant hors du périmètre de l’école, il perd son immunité et devient plus vulnérable et plus exposé à des actes éventuels de violence de la part des tricheurs qu’il aura épinglés et contre qui il aura établi un procès verbal.
Avec l’initiative de faire surveiller les professeurs dans d’autres lycées que ceux dans lesquels ils travaillent, le fléau de la triche a été de beaucoup réduit. Il subsiste encore des poches de résistance que les membres de l’administration d’accueil nourrissent par certaines de leurs manœuvres. En effet, certains d’entre eux sympathisent toujours avec les élèves avec qui ils entretiennent des liens d’amitié, de voisinage, de famille ou autres ; ce qui fait que le professeur venu surveiller dans le lycée d’accueil est vu comme un étranger aussi bien par les membres de l’administration du lycée que par les élèves. Aussi une fois le surveillant épingle-t-il un tricheur, il s’en trouve un membre de l’administration du lycée d’accueil qui tente de minimiser l’acte de l’élève fraudeur, d’étouffer l’affaire en intervenant auprès du surveillant au profit de l’élève afin d’obtenir l’abandon des poursuites. Bref, les élèves se sentent plus en sécurité dans leur lycée parce qu’ils sentent qu’ils ne seront pas abandonnés par leur administration qui fera l’effort de ne pas les abandonner aux griffes des surveillants.
Je crois que ce sont les élèves qu’il convient de déplacer vers d’autres centres d’examens.
D’un autre côté, les élèves sont le maillon faible de la chaîne du système éducatif et scolaire. En effet, quand un candidat est épinglé en situation de fraude, il ne peut pas échapper à la sanction. Mais, dans le système éducatif et scolaire, il n’y a pas que les élèves qui trichent.
1-Les professeurs trichent :
-Certains professeurs ne respectent pas le cadre de référence : nature des contrôles continus, leur nombre, le mode de calcul des moyennes, les périodes de passation…
-D’autres ne rendent pas les copies aux élèves.
– D’autres notent leurs élèves d’après la photo des fiches vertes des élèves se trouvant dans les bureaux des surveillances générales.
– D’autres encore pratiquent une pédagogie différenciée en notant différemment leurs élèves en fonction qu’ils suivent ou pas les cours de soutien qu’ils donnent hors du lycée.
2- L’administration triche :
-Les élèves dits responsables de classe devenus les pions et les mouchards de l’administration et qui sont souvent des cancres, des récupérés, des agitateurs, sont généreusement notés en assiduité et conduite par l’administration malgré leurs absences fréquentes des cours scolaires.
– L’administration ne prend aucune mesure contre les professeurs qui attribuent des notes d’après la consultation des fiches vertes des élèves, ni contre ceux qui ne rendent pas les copies…
3- Les inspecteurs trichent :
-Les inspecteurs connaissent nommément les professeurs qui ne font pas leur travail et ne font rien ou peu de choses pour les rappeler à l’ordre : contrôle des copies d’élèves, des feuilles de notes…Tout juste s’ils consultent les cahiers de textes.
– Les visites des inspecteurs aux professeurs se font de plus en plus rares : en l’absence de contrôles fréquents et réguliers, les tricheurs parmi les professeurs se sentent en sécurité…
En conclusion, seuls les élèves sont sanctionnés car ils n’ont pas de syndicat pour les défendre. Quant aux professeurs, aux membres de l’administration, aux inspecteurs, personne n’ose y toucher car ils trichent sous le couvert des syndicats.
5 Comments
mais quels sont les remèdes dont vs avez parlé dans le titre???
Je crois que ce sont les élèves qu’il convient de déplacer vers d’autres centres d’examens.
Source : link to oujdacity.net
oui la description est bonne mais les remèdes ( voir titre) ne sont pas proposés
est ce qu’il ya une suite ?
Au fait, je n’ai proposé qu’une solution qui consiste à déplacer les élèves au lieu de déplacer les professeurs. Je laisse le soin aux lecteurs de proposer leurs solutions pour aller de l’avant de l’école et du système éducatif et scolaire.
Je pense qu’il faut essayer d’analyser pour trouver les origines et le pourquoi, pour connaitre les causes et les conséquences et finir par trouver des solutions pour remédier à ce phénomène. Faisons un effort pour faire un diagnostic pour être plus rentable et pouvoir avancer.
Ne tournons pas autour du pot en nous limitant uniquement à rapporter ce que nous constatons!…C’est un constat que tout le monde peut faire.