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MAROC SOCIETE : LES LIMITES DES APPROCHES SECURITAIRES

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                  MAROC SOCIETE : LES LIMITES DES APPROCHES SECURITAIRES

     

   En feuilletant certaines pages de la presse écrite marocaine, on est souvent frappé par le nombre effrayant et sidérant d’affaires-et le mot n’est pas choisi par souci d’euphémismes socioculturels-pourtant s’inscrivant dans une rubrique à priori réservée à des faits divers, si tant est que l’on soit d’accord sur l’acception sémantique du signifiant et du signifié du concept «  F.D. », en vogue dans une société particulièrement éblouie par l’invasion systématique  de titres et de sous titres quasi insignifiants qui assaillent inlassablement le lecteur et/ou le téléspectateur à la recherche d’un brin de calme quelque part dans les rues des grandes villes du Maroc.

 

Cela étant dit, encore faudrait-il partager-le concept est également en vogue chez nous- les mêmes soucis grégaires du fait que la société au sein de laquelle nous vivons, fait tout pour être et demeurer sournoisement dans un creuset socioculturel, on dirait spécialement conçu pour elle.

 

En réalité, tout paraît démodé et modelé selon des moules archaïquement stéréotypés : partout on ne parle quotidiennement que de tueries horribles, de crimes bien soignés parce que méticuleusement prémédités, d’histoires de viols impitoyables, d’incestes atypiques, sans citer les accidents de tous genres qui endeuillent chaque moment des familles entières.

 

Curieuse société que la nôtre qui se croit sur la voie de la modernité, après avoir perdu tous ses repaires,  toutes ses racines, en se faisant bêtement enrouler, embobiner par des individus assoiffés de faits divers sur mesure. De surcroit, ils relatent, ils décrivent, ils  jugent, ils condamnent des morts et des survivants.

 

On a l’impression du fade, du fastidieux, du malsain : les faits divers sur mesure semblent évoqués avec  une absurdité accablante et malhonnête, comme si leurs auteurs  étaient payés pour camoufler des vérités criantes qui deviennent banales par la force des choses .Le citoyen est sollicité, est incité à fuir la politique de son pays et se réserve le droit de la glaner ailleurs.

 

Cela, tout cela sent du faux, du nauséabond, à gogo ! Ils croient détenir toutes les vérité ces caféards assidus, ces cafieux fidèles et désœuvrés qui, en  entendant parler  de toxicomanie suffisamment installée aux coins et aux recoins des grandes artères, en entendant raconter des scènes macabres,  finissent de siroter leur diabolo menthe puis réclamer des interventions des plus musclées des forces de l’ordre,  celles des forces spéciales,  pour opérer des nettoyages, pour endiguer les avatars du  crime, de la drogue, du sexe.

 

« Pour  guérir les maux qui gangrènent la société, il n’y a pas trente-six solutions, s’exclament-ils: il faut ramasser toute cette racaille, jusqu’au  dernier, il faut libérer la société de ces sous hommes qui y font régner une terreur féroce, il faut jeter tout ce déché du monde,  en prison, etc.… ! »

 

Voilà le type de discours revendicatifs, revanchards, bagnards, que tiennent ceux de notre société qui veulent s’accaparer pour eux seuls, le droit de vivre impunément dans leur Maroc : ils réclament des interventions à la mesure du crime, ils exigent des services compétents le recours aux méthodes fortes pour se débarrasser une fois pour toutes de « cette vermine », qui déstabilise leur quiétude, leur plaisir, leurs intérêts égoïstes. Le respect du critère social de l’altérité devrait, selon cette caste, irrémédiablement aboli.

 

Finies donc, les leçons de morale citoyenne ; finis les grands principes de la société honnête qui voit les choses tout autrement. Les maux sociaux qui rongent notre société  sont tout autres, ou du moins il n’y aurait pas exclusivement que le recours sauvage aux approches sécuritaires.

 

Si la société a  droit à la protection  des biens et des personnes, elle n’en a pas moins le devoir citoyen de contribuer au redressement de la situation au moyen de l’éducation rapprochée, l’éducation orientée, l’assistance sociale et médicale, l’assistance psychologique, la protection des cas abandonnés et des cas spécifiques.

 

« Les malades » ou « les gangs » en question,  sont des citoyens au même titre que tous les autres. Ils ont, eux aussi, le  droit aux études, le droit au travail, le droit aux soins adaptés à leur état physique, psychique, mental et moral. Dans tous les cas de figure, ils ont le droit inaliénable de bénéficie, eux aussi, d’un jugement juste et équitable, d’une prise en charge et d’un suivi honorables, car c’est bien leur dignité humaine et citoyenne qui est en jeu. /

DE VIVE VOIX : Mohammed Essahlaoui

 

 

 

 

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