Les pays arabes à régimes dictatoriaux ou à gouvernements corrompus ont été secoués par ce qui est désormais connu sous l’appellation ‘’Printemps Arabe’’ : ce sont des vagues de protestations et d’insubordinations qui ont conduit à une véritable révolution, souvent réprimées dans le sang et qui ont fait tomber les régimes les plus corrompus à la tête desquels trônaient depuis si longtemps les plus pourris des hommes ou des partis. Beaucoup de sang a  coulé et beaucoup de vies humaines sont tombées sur les squares des capitales* arabes devenus célèbres et transformés en champs de bataille où les affrontements entre manifestants du peuple à mains nues et forces de la répression soutenues par des civils à la solde du pouvoir dont les noms sinistres sont entrés dans la mémoire commune comme la chabbiha, la baltajia ou les chmakrias**. Les peuples ont triomphé sur les tyrans qui ont pris la fuite comme les derniers des poltrons, ou qui sont morts comme de vulgaires bandits un jour de règlements de comptes ou mis à l’ombre sous les verrous. D’autres ont fait tomber leurs gouvernements avec les partis qui les ont fait monter au pouvoir. Les peuples qui ont réussi leur révolution vivent à l’heure des changements qui sont profitables aussi bien à la nation qu’au peuple ; au petit peuple, dirai-je, qui a été réduit à mendier son pain quotidien auprès de ceux qui lui ont spolié et sa liberté et son pain. Un grand ‘’ouf’’ a suivi !

Mais, manque à l’appel un peuple dont il a toujours été dit qu’il a du ‘’nif’’***, lui qui se vante d’avoir sacrifié un million et demi de martyrs pour sa liberté, lui qui se dit l’instigateur de tous les printemps arabes, lui, qui, enfin, à l’heure actuelle a choisi de continuer à vivre dans la ‘’hogra’’****soit en ayant choisi de voter pour un régime pourri, soit en ayant boycotté le scrutin , soit enfin, en acceptant les résultats de  la mascarade des dernières élections législatives mise en scène par le FLN et ceux qui sont proches de lui dont le but est de rester au pouvoir dans ce pays contre la volonté du peuple qui refuse de  rééditer ce qu’il avait entrepris dans les années 90 avec le Front Islamique de Salut.

Le peuple algérien a raté son rendez-vous avec les changements et avec la démocratie. Le gouvernement algérien qui a toujours été un gouvernement du FLN ou de militaires persiste à aller contre le bon sens en faisant avaler à l’opinion publique de son pays, des pays arabes et du monde entier que les Algériens continuent à faire confiance au parti du FLN en le portant au pouvoir une énième fois. Ainsi l’Algérie réédite le même tempo depuis que l’Algérie est Algérie. Tous les présidents qui se sont succédé à la tête de leur pays ainsi que tous les chefs de gouvernement sont issus du FLN ou des militaires. La seule fois où il y avait une réelle volonté de changement, le pays, à l’initiative guerrière du FLN et de l’armée, a sombré dans une guerre civile ayant abouti à l’emprisonnement et à l’exil des chefs de fil du Front Islamique de Salut. Il avait fallu ranger le FIS dans la rubrique des groupes terroristes et la chasse aux sorcières avait commencé contre les membres du parti.

Il n’est pas possible que le peuple algérien ne change ni de régime comme ses voisins arabes de l’est, proches ou lointains, ou de gouvernement comme son voisin de l’ouest. Il n’est pas possible non plus que ce pays accepte de rester à l’écart des autres pays arabes qui ont balayé les régimes totalitaires ou oligarchiques et les gouvernements pourris. Comment expliquer donc la prise du pouvoir du FLN ? Ou bien les dernières élections ne sont qu’une mascarade mise en scène par le FLN et les militaires au pouvoir depuis 1962, ou bien le peuple algérien garde encore en mémoire les années de sang qui ont suivi la montée au pouvoir du FIS , ou bien 50 années de pouvoir du FLN et des militaires ont été suffisantes pour abrutir ce peuple et le dépouiller de son identité.

*sahat ettahrir et sahat alkhdra devenues sahat al wagha

**civils corrompus à la solde des forces de répression

*** le nez est symbole de fierté

****mépris