Lettre ouverte à Mr Mohamed Saad Berrada, ministre de l’éducation nationale .
akabbach mohammed
Monsieur le ministre :
Après le devoir du respect dû à votre excellence, permettez-moi d’étaler ci-dessous quelques questions épineuses qui n’ont cessé de causer le tort à la majorité de la sphère scolaire. . A quand donc reporter les expressions de doléances qui prouvent combien les professeurs du primaire, et par extension, ceux du secondaire collégial sont lésés dans leurs droits de la manière la plus flagrante ? D’abord sur le plan du statut légal et de situation administrative figés depuis longtemps, et ensuite à cause des conditions de travail pour le moins déplorables et qu’on peut résumer comme suit :
1- Isolement quasi systématique des écoles satellites dans des localités les plus reculées du royaume, avec une cadence presque insignifiante de l’implantation des écoles communautaires, ce qui entraine une privation sévère du corps enseignant , jeune dans sa majorité, des besoins les plus élémentaires pour une qualité de vie dans les normes.
2- Un effectif pléthorique qui laisse, aussi bien les élèves que leurs enseignants, patauger dans le désarroi quant à la gestion d’une classe multi-niveaux.
3- Une tendance préméditée à perpétuer le fait accompli qui consiste à :
*admettre l’idée d’un professeur pluridisciplinaire qui enseigne des disciplines parfois hétérogènes.
* charger le prof du primaire des tâches qui ne lui sont pas foncièrement accordées, telle la surveillance des élèves pendant les récréations
4- Un consentement implicite de l’opinion publique, allant dans le sens de sous-estimer les efforts des enseignants du primaire et de minimiser leur tâche, alors que l’institution officielle corrobore ce constat déplorable .Cela s’avère clairement dans la consécration d’une enveloppe horaire de 30 heures, alors qu’en secondaire elle varie entre 12 et 24 heures .c’est pénible et lancinant pour les enfants du bas âge. N’est-il pas contraire à la logique du moment où on apprend que le temps imparti au secondaire, qui doit être amplifié vu la consistance des contenus à véhiculer, est loin de céder place à celui imparti au primaire qui doit revêtir un caractère ludique et ponctuel?
5- Comment attribuer au cycle primaire un statut subordonné et condamner leur personnel dans ce qu’on est récemment convenu d’appeler cellules 10 et11. Comment le ministère a-t-il pu synchroniser avec l’opinion publique la plus la plus vulgaire qui accorde plus d’importance au cycle d’enseignement tant qu’il est placé dans l’ordre ascendant ? N’a-t-on pas bien assimilé les expériences éminentes des pays qui ont beaucoup investi dans le domaine , celles qui inversent l’équation en valorisant le rôle et le statut de l’enseignant du primaire par des mesures de réhabilitation ciblées , et par l’intérêt toujours grandissant à faire de l’enseignement primaire un socle sur lequel se base l’avenir des générations futures.
6- Comment le statut spécial des fonctionnaires du MEN, qui a subi des amendements successifs, a été aussi ingrat envers les enseignants du primaire et du collège ? Pourquoi cette injustice incompréhensible qui a pu hypothéquer l’avenir professionnel de cette catégorie laborieuse en l’intercalant entre deux échelles uniques ? Il faut rappeler, si besoin est, que s’il existe au monde celui qui doit être honoré, motivé et bien placé dans l’organigramme du MEN c’est bel et bien l’enseignant du primaire. Il faut évoquer à cet égard les systèmes éducatifs appliqués dans des pays qui ont développé des expériences phares dans le domaine de gestion de ressources humaines.
7- La vision stratégique, par son organe incontournable : les mesures prioritaires, celles qui ont initié le projet 9 (chapitre2) « pour une école de qualité pour tous », un projet qui vise à promouvoir la formation continu du corps enseignant à travers l’accompagnement pédagogique. Pourquoi donc tant de directeurs provinciaux n’ont pas eu le courage de s’investir mieux dans ce projet prometteur, et permettre ainsi à quelques dizaines d’accompagnateurs fraichement sélectionnés de vaquer à leur fonction ? N’est-il -pas dans l’intérêt du système d’éducation-formation de tirer profit de l’expérience de ceux-ci, surtout que les bénéficiaires potentiels sont embauchés à flots avec le recrutement massif des contractuels ? Selon ce que je viens d’apprendre récemment, seuls deux provinces : Midelt et Zagoura ont eu le courage d’installer cette expérience pilote en 2018 , en délimitant les zones d’accompagnement à l’instar du corps d’inspecteurs.
8- Le dialogue social demeure pour les enseignants le seul moyen légitime pour améliorer leur condition de vie. Vous savez M. le ministre que le cout de vie est en hausse vertigineuse, et l’on ne peut ouvrir une issue salvatrice face à la cherté de la vie que par l’activation de l’accord du 26 avril 2011 sans équivoque et à effet rétroactif tel qu’il est appliqué avec toute aisance dans les autres secteurs gouvernementaux, notamment la santé et la justice. Nous, professeurs du primaire et du collégial, ne sommes pas des ’’laissés-pour-compte’’ et l’on ne peut contester ou mettre en cause nos compétences pour nous priver d’un droit à la promotion, expressément garanti par la loi et la constitution. Un autre volet du dialogue social consiste en l’augmentation substantielle des salaires du corps enseignant, et j’insiste sur le corps enseignant parce qu’il en est sorti avec le minimum en comparaison avec des catégories favorisées. .
9- Quoique les défis sont imposants, il ne faut guère négliger l’apport qualitatif et quantitatif du ministère au secteur d’enseignement ou sous- estimer les efforts consentis , aussi bien du ministre sortant que de l’actuel ministre, et rien ne peut cacher les faits tangibles de la mobilisation tous azimuts lancée depuis le début de l’année scolaire avec le démarrage et l’avancement irréversible de l’école pionnière afin de dissiper l’image terne de l’école publique marocaine. Celle qui va certainement se métamorphoser pour devenir plus rayonnante , digne de la confiance du citoyen marocain connu pour être trop exigeant quant à l’avenir de sa progéniture.
Mr le ministre, je viens d’évoquer ci-dessus, de façon purement innocente, quelques défaillances inhérentes au fonctionnement de l’institution qu’on vous a honoré de diriger, dans l’espoir de tirer profit de votre disponibilité à ‘’ naviguer ‘’ avec aisance et succès dans différents secteurs économiques et étatiques, et du privilège d’être digne de la confiance de sa majesté le Roi, pour voir finalement se concrétiser les buts escomptés.
Avec tous mes respects et remerciements.
Akabbach mohammed : prof du primaire à kénitra
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