Redonner un nouveau sens à nos écoles.
Khalid Barkaoui
C’est un fait incontestable : nos enseignants ne vivent pas leur fonction comme un sacerdoce, mais plutôt comme un calvaire. Ils sont sous-payés et sous-estimés. Leur formation initiale est insuffisante et incomplète. Leur formation continue fait cruellement défaut. Le développement professionnel est un vœu pieux. Leurs conditions du travail sont lamentables, en particulier dans le monde rural. Leur accompagnement est minime. La liste de leurs doléances est longue et le dialogue avec les partenaires sociaux ne débouche pas sur des résultats probants ce qui renforce leur frustration, leur désarroi et leur inquiétude grandissante.
Nos élèves sont déboussolés et ne savent plus à quel saint se vouer. Leurs attentes sont démesurées, mais la réalité du terrain à la peau dure. En classe, ils se taisent ou font beaucoup de vacarme, écoutent l’enseignant qui dispense un cours qui n’a plus de sens pour eux où rigolent et se divertissent sans se soucier de l’effort conjugué par le professeur.
Face à ce modèle pédagogique en déclin et qui se dégrade d’année en année, nos décideurs sont en quête d’une recette magique pour dégraisser le mammouth et sortir du marasme.
Je pense qu’il est temps de s’inspirer des modèles qui ont pignon sur rue à savoir le modèle singapourien et le modèle finlandais.
Que peut-on apprendre du système éducatif Singapourien qui préconise le culte de l’excellence ?
Il ne faut pas oublier dans ce contexte que le Singapour a toujours été en tête du classement PISA qui mesure les capacités des jeunes de 15 ans en matière de la lecture, des sciences et des mathématiques. Dans ce pays asiatique, l’éducation ne rime pas avec la mémorisation et l’apprentissage par cœur.
Singapour est un pays qui investit massivement dans le capital humain en termes de sélection rigoureuse des candidats professeurs susceptibles de dispenser un enseignement performant et motivant. Les enseignants bénéficient d’une formation initiale de qualité. Les enseignants ont une vocation pour le métier et bénéficient d’au moins 100 heures de formation continue par an.
Singapour, ce pays champion de la réussite scolaire est un exemple à suivre. Les jeunes enseignants bénéficient de mentorat de professeurs expérimentés et hautement qualifiés. Ce capital humain professoral travaille dans un espace équipé, moderne et attractif. Ce pays parie sur l’éducation pour préparer les jeunes écoliers aux différents bouleversements socio-économiques, technologiques et écologiques. Ce pays est résolument conscient que ce secteur de l’éducation et de la formation est un secteur névralgique qui requiert des investissements colossaux pour s’imposer comme une force compétitive à l’échelle mondiale.
Que peut-on apprendre de la Finlande pour remettre notre système éducatif sur les rails de la performance et de l’efficacité ?
Ce pays nordique considéré par les experts comme le pays le plus heureux au monde dispose d’un modèle pédagogique moderne qui s’appuie sur un environnement de travail agréable, épanouissant, motivationnel et bienveillant. Le principe de ce modèle est : enseigner moins et apprendre plus.
Ce modèle respecte le rythme d’apprentissage de chaque élève, préconise le travail en petits groupes pour favoriser la coopération, le partage, le respect de l’autre et l’empathie. Qui plus est, ce modèle prône les activités ludiques et les ateliers manuels.
Les enseignants de ce pays jouissent d’un statut privilégié. Ils sont fortement payés, hautement formés et disposent d’une grande manœuvre de liberté pour choisir les démarches pédagogiques appropriées et les stratégies d’apprentissage les plus adaptées. Les élèves finlandais sont accompagnés, récompensés et bénéficient d’un environnement scolaire bienveillant qui prend en compte les avancées neuroscientifiques.
Voici une piste clairement lumineuse que notre pays est appelé à analyser minutieusement pour trouver son propre chemin et son modèle pédagogique adéquat.
Khalid Barkaoui
Membre de l’AMEF CP de Boulemane
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