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Discours et récit : télescopage et collision terminologiques

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Zaid tayeb

Les mots discours et récit sont communément utilisés aussi bien par les linguistes que par les poéticiens. Utilisés par les uns et les autres, dans des situations particulières, les deux mots prennent des sens différents et engendrent des collisions ou télescopages terminologiques chez les usagers de la langue.

1-Pour les grammairiens, les linguistes et les stylisticiens.

a- Le mot discours, employé au sens large pourrait avoir pour équivalent ou synonyme le mot style, qui est une manière d’écriture propre à un écrivain, comme d’ailleurs le style d’être, de s’habiller, de se coiffer, de se tenir en société pour une personne, etc.…Pierre Fontanier, dans son livre ‘’Les Figures du discours’’ (édité chez Flammarion) optait pour cette acception du mot où figures de discours équivaut à figures de style ou tropes.

 

b-Employé au sens étroit, il désigne les différentes formes que peut avoir une manière de rapporter les paroles d’un personnage dans un roman. Ainsi donc, on pourra parler de discours direct, indirect, direct libre, indirect libre, narrativisé comme si on parlait de style direct, indirect, direct libre, indirect libre, narrativisé. Discours et style sont donc pris pour des synonymes interchangeables.

 

2-Pour les poéticiens et les critiques littéraires.

Les deux mots sont pris pour distinguer deux formes de narration différentes en fonction du système temporel que chacune des deux formes utilise.

a- Une narration dans le mode du discours exige l’emploi des temps d’un énoncé ancré dans la situation d’énonciation qui sont: le présent, le passé composé, les futurs et l’impératif et tous les autres temps excepté le passé simple.

 

b- Une narration dans le mode du récit demande l’utilisation du passé simple comme temps propre à un énoncé non ancré dans une situation d’énonciation, accompagné de tous les autres temps compatibles en dehors de ceux du discours.

 

c- Les critiques littéraires opposent au mot récit le mot histoire ou la forme au contenu, comme les linguistes opposent au mot signifiant le mot signifié pour distinguer la transcription phonétique au sens.

Ainsi, le mot histoire s’applique au contenu, aux différents faits et évènement et le mot récit à celui de leur narration.

 

Un autre sens du mot discours, et qui n’a rien à voir ni avec la linguistique, ni avec la critique littéraire, beaucoup plus large que les premiers, est celui de tout énoncé de forme orale prononcé par une personne d’une certaine notoriété à l’attention d’un auditoire.

 

En guise de conclusion, je propose qu’au lieu de désigner par discours la manière de rapporter les paroles d’un personnage intégrées à celles du narrateur, il conviendrait d’utiliser le mot style. Cela permettrait sûrement de réduire les risques de collision d’ordre terminologique.

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