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Appel citoyen aux partis politiques marocains

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Par : Abdelhak Riki
Il n’est pas de coutume, voir un citoyen se décider de lancer un appel aux partis, à tous les partis… Mais l’idée a germé depuis un certain temps et j’ai décidé  de rendre publique ce qui me préoccupe.
Ce qui m’inquiète, c’est le sort de mon/notre pays et son avenir. En réalité, j’ai peur. J’ai peur des conséquences de décisions partisanes précipitées. J’ai peur à ce que les intérêts personnels l’emportent sur l’intérêt national et collectif.
De quoi s’agit-il ? Du bon choix entre un avenir de conciliations, compromis et démocratie et celui de conflits et de guerres… Hélas, les conflits et la guerre sont aussi à l’ordre du jour si notre société n’en prenne pas conscience…
Nous ne sommes en rien différends des peuples arabes amis qui sombrent dans des conflits armés ouverts ou larvés (Irak, Syrie, Yémen et la Libye), sans oublier l’instabilité sécuritaire et sociale en Égypte et la longue traversée du désert de nos voisins algériens…
Notre singularité, à sauvegarder aujourd’hui et demain, est d’avoir su réagir à temps au tremblement de terre que fut « le printemps arabe »… Ailleurs ce printemps a été ponctué par la concrétisation du slogan populaire « dégage », entraînant chaos et désordre… à l’exception unique, aujourd’hui,  de la Tunisie…
Ailleurs les discours des Présidents ont été néfastes. Un « je vous ai compris » inutile et inapproprié. Il n’a fait qu’exacerber la situation et précipiter l’irréparable. Chez nous le discours Royal du 9 mars 2011 a ouvert une porte d’espoir. C’est un discours historique qui a marqué les esprits et les évènements…
Depuis, le Maroc tout entier, vit au rythme de l’agenda de réformes détaillées lors de ce discours… Ainsi en est-il de la loi suprême, la Constitution de 2011, les élections anticipées et acceptées par tous, le gouvernement de coalition présidé par un parti islamiste…
Aujourd’hui, notre pays est jalousé par certains mais, admiré par d’autres, tant dans le monde Arabe qu’en Occident. Disons-le haut et fort : le Maroc peut être un modèle pour le monde arabe. Je crois qu’on doit l’être, car nous en avons le talent et les moyens…
Alors, me diriez-vous : qu’est-ce qui cloche ? Eh bien c’est la piètre prestation de nos leaders politiques. Au lieu de débattre de questions sérieuses, ils ne cessent de se chamailler, de s’insulter, de se discréditer les uns les autres et ce publiquement au su et au vu de tous…
Ce spectacle n’est pas nouveau. Certes, hélas. Déjà feu Sa Majesté le Roi Hassan II, avait parlé de « cirque parlementaire » et Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, conscient de la gravité de la situation, avait aussi pris les devants en exhortant les élus de la Nation et les responsables politiques à plus de retenue et de responsabilité…
Ainsi et lors de l’ouverture de l’année parlementaire en octobre 2014, le Roi Mohammed VI, a interpellé les élus de la Nation et les partis politiques de manière directe : « A moins d’une année des élections locales et régionales, Je m’adresse à tous les acteurs politiques : Quelles élites et quels programmes avez-vous préparés pour assurer la gestion des affaires publiques ? ».
Et Le Roi de préciser que le débat politique ne se  « hisse pas toujours au niveau des aspirations du citoyen, précisément parce qu’il est arrimé à des calculs partisans ou politiciens » et que l’arène politique est devenue le lieu de « surenchères et luttes politiciennes »… tout est dit…
Malheureusement et à la veille d’élections cruciales pour l’avenir de la démocratie de notre pays, la classe politique continue dans sa litanie de surenchères et de disputes…
Je pense que les jours suivants seront décisifs pour notre pays… Le choix est entre, consolider et raffermir le système démocratique, ou bien, remettre tout à zéro et ouvrir les portes sur « l’inconnu inconnu »….
Alors, quelle est l’alternative… C’est ouvrir le débat citoyen pour que tous, ensemble, nous puissions puiser dans notre intelligence et notre histoire millénaire et y ressortir ce qui nous a permis d’être toujours une Nation unie, fière et combative…
C’est le sens de ma lettre, un appel citoyen, aux citoyens marocains d’abord et ensuite aux leaders politiques… Un appel pour que la société politique puisse se hisser au niveau des défis, trouver les compromis indispensables pour continuer dans la construction de l’édifice démocratique…
Notre pays a plusieurs atouts : un État monarchique garantissant unité, stabilité et arbitrage ; un système démocratique, basé sur le pluralisme et l’alternance politiques ;  une administration moderne et structurée ; un système économique libéral avec forte intervention étatique; un islam modéré et un tissu social varié, diversifié et uni…
Nous disposons de tous les ingrédients d’une société moderne pour aller de l’avant… Pour rejoindre les pays émergents… Il nous reste à trouver des compromis sur des questions simples mais importantes… En commençant par l’opération électorale.
Un compromis entre la majorité et l’opposition sur les textes et procédures électorales est de nature à rendre confiance aux citoyens et de les pousser à adhérer massivement à ce processus important qui tiendra le pays en haleine de septembre 2015 à septembre 2016…
Alors, au travail… Les partis de la coalition gouvernementale doivent tendre la main vers l’opposition sans utiliser, outre mesure, leur majorité numérique… Les partis d’opposition doivent trouver des compromis dans « un esprit gagnant-gagnant » et préparer l’alternance qui surviendra tôt ou tard…
Ainsi la balle est dans le camp des politiques… Les citoyens sont aux aguets… Ils décortiquent les gestes et paroles des politiques… en attendant de s’exprimer par les armes, dont ils disposent : le bulletin de vote ou la rue…
Mon espoir est de voir la raison l’emporter et les bulletins de vote s’exprimer librement et massivement…

Par Abdelhak Riki
Rabat, le 18 mars 2015

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