Zaid Tayeb

Le baiser de Spider Man a déclenché une véritable polémique qui s’est étendue au-delà de nos frontières puisqu’un soi-disant écrivaillon égyptien s’en était, lui aussi, mêlé, jetant ainsi les grains de la confusion et de la discorde parmi les lecteurs qui ont suivi cette affaire au dénouement encore en composition chez le scénariste. Aux dires des incrédules, ce Spider Man n’est autre qu’un libertin et un écervelé qui aurait embrassé l’une des femmes de notre illustre délégation partie apporter son soutien à nos frères Gazaouis. Mais il s’est avéré que les membres de la délégation n’avaient ni donné ni reçu de baiser, ni de Spider Man ni de la Panthère Rose. Aux dires des plus futés, il aurait été plutôt question d’un passager soudain pris par le feu d’un coup de cœur pour une passagère qu’il aurait embrassé sans aucune retenue. La délégation marocaine aurait mal encaissé ce baiser aérien : décidément, ce Spider Man, pour qui se prend-il pour oser manquer de respect à nos éminents émissaires ?

Pour d’autres, l’affaire se résumerait à un simple baiser du commandant de bord du nom de Spider Man fait à une hôtesse de l’air. Et comme tout un chacun sait, qui peut résister au charme de ces dames aux sourires ensorcelants ? A moins que ce ne soit une pratique en usage entre les membres de  l’équipage d’échanger des baisers, façon de rendre hommage à Eros et  à Psyché.

Je me suis laissé aller aux lectures espérant à chacune d’elles démêler le vrai du faux.

De jour en jour, d’article en article, de fil en aiguille, la vérité commence à faire jour dans mon esprit obnubilé par une histoire peu commune. Cela me rappelle cette anecdote de ce paysan parti à pied au souk hebdomadaire de son bourg, pas celui de M.Alem, car ceux-là sont poétiques, ils embaument la culture non le crottin comme ceux des ‘’boujadis’’, remarquez bien l’orthographe du ‘’souk’’ commun et celle de‘’sou9’’ de notre maître à penser, c’est bien différent. Sur son chemin, dis-je, le paysan fit la rencontre d’un âne sans ânier, lui aussi se rendant seul au souk, en quête peut-être d’un bât et d’un maître. Chemin faisant, le bonhomme et la bonne bête engagèrent la discussion. Après les ‘’ça va ?’’, ‘’ça va bien, merci, et toi ?’’, le paysan qui se croyait sans famille découvrit, à sa grande joie, que l’âne et lui entretenaient des liens de cousinage.

Vous voyez à présent où ça peut mener une discussion, tout comme une lecture.

Toute cette histoire tourne autour d’un baiser fait, disent les mauvaises langues, par Spider Man à une fille. Je crois, quant-à-moi, qu’il y a erreur, que s’il y a quelqu’un à incriminer c’est bien la fille et non Spider Man. Je connais Spider Man depuis l’époque où j’allais au cinéma Vox : ce fut  au milieu des années 60. J’y allais en ma qualité de ‘’Voxiste’’ acheter, vendre ou échanger des bandes dessinées comme ‘’Marvel’’, ‘’Strange’’ et bien d’autres illustrés dont je ne dirai pas les noms pour ne pas nuire à l’instruction, si jamais on veut bien prendre en compte mon témoignage. Spider Man est un garçon très timide, jamais je ne l’ai vu embrasser une fille, mais au contraire c’étaient les filles qui lui sautaient au cou, l’embrassaient sur les lèvres, lui faisaient les yeux doux et le cœur tendre, et lui, de honte et de confusion, il devenait tout rouge. Tout cela quand il était simplement Man.  Quand il était Spider, il était toujours suspendu à sa toile, volant dans les airs : d’ailleurs quelle fille peut être assez folle pour vouloir embrasser une araignée pendue à un fil ?

En conséquence, avant d’engager tout débat, il convient de s’assurer que le même posé sert de base de discussion aux différents intervenants et que, s’il y a désaccord, c’est sur les présupposés qu’il doit porter.