40 ans après, le Maroc est dans son Sahara
Par Mustapha Tossa
Les chiffres ronds ont toujours cette inexplicable magie de faire réfléchir sur le passé et d’inspirer des anticipations sur l’avenir. Quarante ans après le lancement de la Marche verte, l’acte à la fois symbolique et populaire à travers lequel les marocains, dans leur grande diversité, ont spectaculairement recousu les fils rompus par les méandres du colonialisme, de la géographie et de l’histoire.
La Marche verte, comme l’indépendance, a été un acte fondateur de l’identité marocaine. Le génie de la démarche a été généreusement souligné dans des livres et des documentaires. Les images de citoyens marocains ordinaires, par dizaines de milliers, le drapeau et la Coran à la main, marchant pacifiquement vers le sud ont servi à créer la légende et à nourrir le mythe.
La marche verte a été un élément fondateur de l’actuelle réalité marocaine. 40 ans après, il est impossible de réfléchir sur le devenir politique et économique du Maroc sans faire référence à cet événement qui a mobilisé toutes les énergies et influencé toutes les orientations. En termes de séquences, la Marche verte avait signalé la césure historique: Après avoir eu son indépendance, la Maroc s’était lancé dans le parachèvement de son unité nationale.
Et cette démarche inédite avait un prix. Économique d’abord. Il était question littéralement de verdir le désert, de transformer ces provinces pour les mettre à niveau et en harmonie avec le reste du pays. Le prix était exorbitant comme l’avait résumé le Roi Mohammed VI dans son discours du 6 novembre dernier : »Pour chaque dirham des recettes de la région, le Maroc investit 7 dirhams dans son Sahara ». Cet investissement était un gigantesque sacrifice consenti par les autres composantes du royaume pour venir en aide à cette région et sa population marocaine longtemps délaissée. Pour le Maroc, il s’agissait de gagner la bataille de la transformation et de l’intégration économique. Pari largement réussi, à voir les belles réalisations et les projets structurants qui ont distingué ces territoires.
Avant d’atteindre cet objectif, il a y eu l’épreuve du feu et de la guerre. Les sacrifice humains consentis par les forces armées royales impliquées dans la bataille contre la rébellion armée et téléguidée par les voisins algériens et libyens ont été le prix à payer pour gagner militairement la guerre de l’unité nationale. Les performances de l’armée marocaine à travers l’efficace stratégie du Mur défensif et celle offensive du retour des rebelles séparatistes ont imposé une réalité militaire nouvelle, à travers un cessez le feu durable, qui a permis au Maroc de déployer son argumentaire politique et diplomatique.
Le Maroc aurait pu clôturer définitivement ce conflit depuis longtemps et ne pas attendre la fin d’une quatrième décennie pour le faire s’il ne devait compter avec la pathologie obsessionnelle de son voisin algérien. Alger a en effet fait de l’amputation du Maroc de son Sahara un but stratégique vital pour la survie de son institution militaire et de ses intérêts. À travers cette politique belliqueuse assumée, Alger voulait réaliser deux objectifs. Le premier, avoir un accès à l’Atlantique à travers l’instauration d’une république artificielle. Le second, affaiblir le royaume du Maroc dont le leadership régional naturel donne des insomnies à la direction algérienne. Pour atteindre ce but, Alger n’a pas lésiné sur les moyens. Elle mobilise des fonds immenses, souvent au détriment du développement de sa propre population, pour soutenir les séparatistes du Polisario au point de faire de leur cause la principale préoccupation de son appareil diplomatique et sécuritaire.
40 ans après la Marche verte lancée dans une grande euphorie populaire par Feu Hassan II, le Roi Mohammed VI a choisi de célébrer cet anniversaire en prononçant un discours historique dans la ville de Laâyoune. Il y dévoilera la stratégie marocaine pour asseoir et renforcer l’unité du pays. L’euphorie de consolider ainsi l’unité nationale et l’enthousiasme de lancer des chantiers de développement sont toujours de rigueur. Ils marquent l’air du temps et donnent à cette célébration une intonation particulière et un précieux relent d’histoire. En effet, Les provinces sahariennes du Maroc sont devenues l’épicentre de sa politique de régionalisation avancée. Un choix politique clair conçu dans le cadre de la solution de l’autonomie proposée par le Maroc aux forums internationaux et qui vise à donner un grand coup de fouet au développent harmonieusement orchestré pour l’ensemble des régions composant le royaume.
Mardi 3 Novembre 2015 – 15:18
Atlasinfo
Aucun commentaire