Retraites : la réforme devient une urgence
Le vieillissement démograpique devrait se traduire par une dégradation du rapport actifs/retraités.
Afin de pallier les failles et les nombreux problèmes de ce système, un vaste chantier socio-économique a été enclenché depuis 2003. Mais il s’est avéré que le système de retraites au Maroc souffre d’une profonde crise. Une crise qu’il va falloir résorber par une réforme profonde sur le long terme. Même les organisations internationales telles que le Bureau international du travail, ont alerté le Maroc. Plusieurs études ont démontré la nécessité de revoir le système dont l’état est alarmant. Une révision qui prendra également en compte les différents régimes de retraite en place. Autre aspect qu’il faudra prendre en considération : le vieillissement de la population marocaine. En effet, le vieillissement démographique, selon les prévisions, devrait se traduire par une dégradation du rapport actifs/retraités. Ce qui impactera directement la Caisse marocaine des retraites (CMR).
L’État au cœur de cette tracasserie sociale
Les problèmes liés au système des retraites au Maroc ne datent pas d’aujourd’hui. En à en croire Abdelkader Berrada, depuis 1957, l’État ne paye plus la totalité de la part patronale. « Il a certes procédé à des remboursements, mais des remboursements sans taux d’intérêt », soutient l’économiste et professeur d’économie politique et de finances publiques. Pour Abdelkader Berrada, « l’État est le principal responsable de la crise du système de retraites. Si auparavant les assurés du secteur privé étaient jugés mal protégés, aujourd’hui le contraire s’avère plus vrai. Sur le long terme, le privé se porterait mieux », précise A. Berrada. L’État marocain, par le biais du ministère des Finances, serait à l’origine de cette situation, entraînant un déséquilibre du système. La CMR, établissement public doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, a en charge la gestion des régimes de certaines pensions civiles et du régime des pensions militaires. Au cœur du système public, elle n’est pas également épargnée. « La CMR connait actuellement des difficultés qui informent sur un déficit imminent d’ici fin 2013. Ces difficultés résultent de la gestion de l’État, non rationnelle. L’État doit définitivement régler ce qu’il doit à la Caisse marocaine des retraites » souligne A. Berrada. Un système qui ne souffre pas d’un seul mal. Les composants à réformer dans le système de retraites marocain sont nombreux. Il s’agit d’abord, comme le suggère A. Berrada, de revoir le problème des versements indus. En d’autres termes, s’acquitter des arriérés qui remontent à longtemps. « Il est plus que nécessaire de régler des arriérés qui ne cessent de s’accumuler et qui remontent à 1994 ».
« Prendre le taureau par les cornes »
L’économiste fustige également l’autonomie accordée à la CMR, qu’il juge « insuffisante ». Le démarrage tardif de la liberté d’assouplissement est aussi partie intégrante des griefs. Pour résoudre la crise du système de retraites, des études ont été réalisées. Une bonne dizaine, s’est intéressée à cette question aussi sociale qu’économique. Cependant, regrette A. Berrada, « leurs conclusions n’ont pas été appliquées. Elles n’ont pas eu d’effets. » Quelle réforme pour le système de retraite marocain ? Une question qui urge dans le contexte social actuel. La population marocaine ne cesse de vieillir, l’État marocain recrute de moins en moins. « Mais tout cela n’est qu’un aspect du problème » indique A. Berrada. Pour ce dernier, « il faut prendre le taureau par les cornes », c’est à-dire procéder dans les plus brefs délais à un audit pour redresser le système. Une réflexion d’ensemble et sérieuse s’impose. Il faut assainir la situation et mettre tous les acteurs devant leurs responsabilités. Pour le système public, il s’agira de trouver la bonne formule en remédiant au « mode de gestion makhzénien ». Toujours dans cette optique, la solution judicieuse serait d’ « opter pour une méthode participative qui associera les syndicats». Trouver un dénouement favorable à la crise du système de retraites marocain, serait bénéfique pour tous. Et principalement pour l’économie nationale, car, comme l’affirme A. Berrada « des caisses de retraite bien gérées peuvent contribuer à un regain de l’économie ». Comment ? Par un reversement dans les caisses de l’État des surplus qui seront générés
Le soir Echos 17 04 2012
. Bineta Ndiaye
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