Elles ont manifesté pour réclamer l’égalité : Les femmes pourraient-elles influer sur l’investiture du gouvernement Benkirane ?
Les femmes se sont bruyamment invitées à la présentation du programme gouvernemental présenté hier, jeudi 19 janvier, en fin de matinée, par Abdelilah Benkirane devant les deux Chambres du Parlement. Derrière la bannière du mouvement pour la démocratie paritaire, elles ont tenu à manifester, en face du Parlement, au moment même où le chef de gouvernement passait le grand oral devant députés et conseillers. A l’intérieur de l’Hémicycle et au tout premier rang, les membres du gouvernement ont pris place, 30 hommes et une seule et unique femme, noyée dans une masse masculine. « Et c’est là tout le problème. Une femme et 30 hommes, est-ce cela la parité ? », s’interroge avec force une activiste du Mouvement pour la démocratie paritaire avant d’avoir une pensée pour la ministre voilée Bassima Haqaoui. Pour parodier la chanson et entonner le refrain « de 30 hommes au gouvernement, et moi, et moi et moi».
Ce jeudi matin, elles ont donné de la voix, protesté, fustigé et revendiqué. « Notre présence ici est une manière de donner une voix pour la dignité, l’égalité et la démocratie », lance une Marocaine en colère.
Ceux et celles qui ont répondu à l’appel de ce mouvement né à la veille des élections législatives sont venus dire toute leur indignation, toute leur colère aussi face à ce qu’ils qualifient de recul de la démocratie et des acquis arrachés de haute lutte par les Marocaines. « Qui ose encore parler de démocratie si la moitié de la société est exclue des commandes du pouvoir ? Et dire que la Constitution prévoit la création d’un conseil de l’égalité ! La composition du gouvernement conduit par M. Benkirane démontre bien que l’égalité n’est qu’un slogan, un discours. Quant à la parité, nous sommes loin, très loin », affirme cette militante des droits des femmes.
En appelant à manifester devant le Parlement ce 19 janvier, jour de la déclaration gouvernementale présentée par A. Benkirane, le Mouvement pour la démocratie paritaire entend peser sur l’investiture du chef de gouvernement et de son équipe ministérielle. Ceux et celles de ce mouvement cachent à peine leur souhait, celui de voir l’Exécutif conduit par le leader des islamistes du PJD ne pas obtenir le vote de confiance des députés. Une ambition et un combat de femmes en quête d’égalité et de dignité qui ont très peu de chance d’aboutir. « Non seulement parce qu’Abdelilah Benkirane jouit d’une majorité confortable mais aussi parce que, hormis le PJD, les trois partis composant la majorité sont les principaux responsables d’une telle situation en ne présentant pas de candidature féminine à la ministrabilité. »
Le gouvernement Benkirane se serait-il mis à dos la moitié de la société marocaine même si le quotidien l’Economiste publie ce vendredi un sondage où l’on apprend que les femmes de ce pays sont légèrement plus nombreuses que les hommes à faire confiance à la nouvelle équipe au pouvoir, conduite par le patron du Parti justice et développement ?
En tout cas, les initiatives féminines se multiplient. Initiée par l’Association «Women’s Tribune», une pétition, sous forme de lettre ouverte adressée au chef de gouvernement et aux partis politiques, dénonce « la quasi-absence de la femme de l’actuel gouvernement» ainsi que sa « sous-représentation dans les états-majors de tous les partis politiques nationaux». La pétition va encore plus loin et en appelle à un remaniement ministériel et ce, en demandant expressément au chef de gouvernement « d’identifier dans l’immédiat les moyens de corriger cette injustice qui porte atteinte à l’image de notre pays, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur ».
Narjis Rerhaye / liberation
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