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Manifestation ou insurrection ?

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Les manifestations actuelles qui secouent l’ensemble du pays déclenchées initialement par la mort d’un honnête citoyen broyé dans une benne à ordures alors qu’il essayait de retirer sa marchandise des  mâchoires de cette machine dans laquelle les autorités de la pêche maritime l’ont jetée pour s’en défaire, ne cessent de gagner du terrain dans un climat de silence absolu des autorités de l’Etat. La façon avec laquelle ont été traitées la confiscation et la destruction du produit de pêche, qualifié d’illégal comme s’il était prohibé, qui a abouti à un crime, et celle de la détermination et de la punition des responsables du meurtre du poissonnier n’ont pas convaincu le petit citoyen à l’échelle nationale et surtout à l’échelle régionale du Rif. En effet, depuis cette date, la région où le crime a eu lieu n’a pas cessé de bouillonner dans un silence complet des autorités locales et centrales qui, au lieu de reconnaître les torts de l’Etat et de rendre justice à la victime et à ses proches, a laissé pourrir l’affaire jusqu’à l’émergence d’un leader issu d’un peuple opprimé, asservi, appauvri, réduit à subir le mépris et l’insolence de ceux que nous avons élus et de ceux qui nous gouvernent en nous ayant fait porter le joug de la Hogra. Il a su conduire les foules en s’adressant à leurs cœurs et à leurs consciences et dans  la langue qu’ils connaissent et avec les mots qui saignent, crus et violents. Il a rouvert les plaies mal cicatrisées, dénoncé les injustices et les disparités sociales, mis le doigt sur la précarité, dressé la liste des revendications à caractère urgent. Bref, il a mis à nu un système corrompu en ayant pointé du doigt les responsables corrompus. Il a été écouté  et acclamé dans les rues et sur les places publiques car il avait dans la voix la sincérité d’un homme blessé et dans le cœur il portait le mal de tout un peuple honni, avec ses douleurs et ses misères jusqu’alors muettes, enfouies dans la conscience collective et transmises de génération en génération, sans oubli : les opprimés n’oublient jamais, les tyrans oublient vite car leur mémoire est courte, si seulement ils ont une mémoire humaine, sensible, vivante.

Au lieu d’écouter cette voix porteuses d’un message sans équivoque, de comprendre la portée de ces paroles qui sonnent vraies , au lieu d’aller à la rencontre  des manifestants  et d’essayer d’agir et de  prendre des décisions aussi minimes soient elles, ne serait-ce que pour tempérer, pour absorber la colère de tout un peuple mu comme un seul homme, ne serait-ce que pour montrer leur bonne volonté, les responsables se terraient, silence et à l’affut, attendant un délit, un crime que ce leader allait à coup sûr commettre. Et il en a commis. Tant va la cruche à l’eau qu’elle finit par se casser.

D’UN AUTRE COTE

Nous aurons beau essayer de comprendre, de soutenir ou de sympathiser avec ce rejeton descendu des montagnes et cette populace qui le suivait, qui l’acclamait, qui criait son nom, mais la raison l’emporte sur les sentiments et ses actes  et paroles font douter sur sa bonne foi comme sur celle de ses suiveurs.

-N’a-t-il pas dit que ‘’le colonialisme espagnol était plus clément (pour les Rifains) que le colonialisme arabe marocain ?’’ Pour lui donc, le Rif est sous occupation arabo- marocaine.

-Ses revendications ne revêtent-elles pas un caractère ethnique (le drapeau amazigh), séparatiste(le drapeau de la république du Rif) et régionaliste (victimisation du Rif) ? L’intention  l’emporte sur les apparences.

-N’a-t-il pas interrompu le prédicateur d’une mosquée prétextant que Slaman Al Farissi a fait de même avec le Commandeur des Croyants Omar ? Ne sait-il pas, lui et ceux qui essaient de justifier son acte, que Salman n’a pas interrompu Omar le prédicateur mais Omar en sa qualité de responsable de la trésorerie des Musulmans croyant injustement que ce dernier aurait bénéficié de deux pièces d’étoffe au lieu d’une seule ?

-Les manifestants qui ont afflué vers la capitale en soutien au Rif, ont-ils seulement hissé le drapeau national, symbole d’unité, d’indépendance et de souveraineté ? C’est le drapeau amazigh qui flottait au-dessus des têtes des manifestants. Et quand il y en avait un qui portait le drapeau national, il est vite pris à parti et traité de « ayyach »( loyaliste, royaliste). Qui sont-ils donc ces manifestants : des harkis ? Et que veulent-ils au juste ? Ce n’est donc pas une manifestation mais une insurrection à peine déguisée.

Il est vrai que l’ensemble du pays a été embrasé, enflammé, conduit vers l’abîme, vers l’insondable.

Il est également que l’Etat ne réagit toujours pas,  ni en promesses, ni en actes. C’est l’inertie, c’est l’hibernation. Comme si dans notre pays il n’y a que le peuple et rien que le peuple. Comme si le peuple, il peut gueuler et aboyer et courir de ville en ville et de rue en rue et de place publique en place publique tout  son aise : rien n’y fera. Gueulez tant que vous voudrez. RIEN !!!

ET PUIS

-Comment pouvons-nous écouter et croire les propos de la délégation ministérielle envoyée pour parlementer avec les manifestants et composée des serviteurs de l’Etat qui ont bénéficié de lots de terrain à 350 dh/m² et qui demeurent à la cité interdite de la route de Zair ? Les membres de cette triste délégation font  partie du problème et non de la solution.

-Comment pouvons-nous écouter et croire cet ancien ministre démis de ses fonctions à cause du fameux scandale dit de la ‘’raclette’’ et qui préside une séance au parlement et qui voulait savoir s’il était sur une estrade ou une tribune ? Comme si cela était inscrit à l’ordre du jour et que sa connaissance contribuerait à résoudre une partie des manifestations.

-Comment pouvons-nous faire confiance à la justice qui a condamné à la prison un haut responsable pour avoir ruiné les caisses d’une banque et qu’elle libère momentanément pour lui permettre d’assister aux obsèques de sa défunte mère et qui ne revient plus à sa cellule pour finir sa peine ? Pourquoi cet acte si humain en surface ne peut-il pas profiter également à tous les détenus, quel que soit leur statut et quel que soit leur crime ? De quel type de grâce a-t-il donc bénéficié sachant qu’il n’y a que le roi qui l’accorde ?

-Comment pouvons-nous faire confiance à l’’Etat alors que l’un de ses anciens ministres de la santé a fait illégalement fuir des capitaux pour s’acheter deux appartements de haut standing à Paris ? A-t-elle été traduite en justice pour savoir de quelle manière elle a fait sortir tant d’argent sans l’accord du bureau de change ?

EN CONCLUSION

Les responsables volent, les citoyens gueulent. Ainsi sont distribués les rôles chez nous.

C’est écœurant !!!!

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