MRE : Quelles suites à » l’ Appel d’Amiens » ?
Par Abdelkrim Belguendouz
chercheur en migration
L’Appel d’Amiens , issu de la rencontre du 19 mars 2016 sur » Marocains d’Europe , Européens d’origine marocaine , double nationalité et citoyenneté active » et reproduit ci-dessous en arabe , est le bienvenu . La parole de la société civile MRE se fait plutôt rare en effet ces derniers temps , par rapport aux renoncements du gouvernement Benkirane à opérationnaliser les articles de la Constitution rénovée de 2011 concernant les citoyens marocains résidant à l’étranger , et à le faire avec une vision démocratique .
L’analyse sur les poches de résistance et blocages en la matière et de leurs diverses formes d’expression , entreprise par l’Appel , est très pertinente.
Un regret
On pourra regretter toutefois que pour les éléments alternatifs et les propositions d’action , l’agenda retenu comme prioritaire , n’est pas cohérent avec l’état des lieux mis en avant , qui insiste sur la nécessaire opérationnalisation des articles constitutionnels relatifs aux citoyen(ne)s marocain(e)s résidant à l’étranger . En effet, au niveau des pro la seule priorité retenue en matière de mobilisation est celle liėe au futur CCME , en marginalisant pratiquement la question de la députation des citoyens marocains à l’étranger à la Chambre des représentants . Espérons qu’à l’occasion de prises de positions plus « partisanes » de la très grande majorité des participants à la rencontre d’Amiens , cette dimension essentielle pour la pleine citoyenneté des MRE par rapport au Maroc , soit réellement prise en compte .
Voilà pourquoi , à nos yeux , le débat qui a été suggéré pour le proche avenir , ne peut se limiter à « la migration et les instances de bonne gouvernance » dont le CCME qui n’en est pas une en vérité , compte tenu des multiples dysfonctionnements qui caractérisent ce Conseil .
Par ailleurs , pour être efficace et constituer un véritable dialogue , le débat projeté avec les groupes parlementaires ne pourrait , selon nous , se limiter seulement à des groupes de l’opposition parlementaire . S’agissant des propositions de lois sur le CCME, il y’a non seulement celles présentées séparément par le PAM , l’USFP, l’Istiqlal , mais également la proposition de loi commune des quatre partis formant la coalition gouvernementale : PJD, RNI, MP, PPS.
Quant aux amendements à la loi organique de la Chambre des Représentants , qui permettraient la présence de députés MRE , ils ont été déposés séparément par trois groupes parlementaires : USFP , Istiqlal , PJD.
De plus , à l’heure où les discussions entre le gouvernement et les divers partis politiques risquent d’être clôturées dans un proche avenir , il urge que la question de la participation politique et de la représentation parlementaire des MRE soit débattue publiquement et en toute transparence , et que l’on sache quelle est la position de chacun des acteurs politiques en la matière , pour mettre fin notamment au double langage chez certains .
Pour un débat national
En fait , ce débat gagnerait selon nous à être organisé PAR le Parlement dans son ensemble , les deux chambres réunies , avec la participation des divers groupes et groupements parlementaires , les partis et syndicats non représentés au parlement , les ministères et institutions nationales concernés , la société civile de l’intérieur du Maroc , mais surtout la société civile MRE , avec une approche ouverte et plurielle . Non seulement les ONG de Marocains en Europe avec leurs différentes sensibilités , mais également les ONG de Marocains de l’extérieur de l’Europe.
Enfin , il serait hautement souhaitable que les émissions de débat public , qui sont très rares sur les différentes chaînes de télévision marocaines , accordent toute l’importance et de manière plurielle en particulier à « 90 minutes pour comprendre » et à « Moubachratane Maâkoum , à la discussion sur cette thématique de la pleine citoyenneté par rapport au Maroc , des « Marocains du Monde ».
Rabat , le 28 mars 2016
Abdelkrim Belguendouz ,chercheur en migration
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