Jeudi, le 12 Février 2015, l’Ambassadeur de l’Autriche, Wolfgang Angerholzer, a inauguré à Oujda l’exposition intitulée « Calme agité avant la tempête – la période d’avant 1914 en Autriche », conçue par le Ministère de l’Europe, de l’Intégration et des Affaires Etrangères de la République d’Autriche. Cette exposition donne en rétrospective le développement de la société autrichienne à la veille de la Grande Guerre 1914.
Pourquoi  une exposition sur une époque révolue en Europe et cela  justement au Maroc? Pourquoi  la vue d’Oujda d’aujourd’hui à Vienne au début du 20e siècle?
Si l’Europe moderne est à la recherche de son identité, elle la cherche toujours en 1914, l’année de la Première Guerre mondiale et l’année fatidique européenne. L’année dernière il y avait bien de manifestations pour commémorer le déclenchement de cette Grande Guerre. Cependant, il aurait peut-être être préférable de penser moins à l’horreur de cette Grande Guerre qu’au dynamisme et aux craintes de la période qui la précédait. L’exposition présentée par le Ministère autrichien des Affaires Etrangères fait justement cela. Ainsi, on peut découvrir pas mal de parallèles; comme par exemple le téléphone a bouleversé la communication à l’époque, c’est aujourd’hui l’internet. En quelque sorte, cette époque révolue miroite notre temps moderne.
Ces années précédant la Première Guerre mondiale sont quelque fois décrites comme une période calme avant la tempête. Par contre, c’était une phase vraiment dynamique et créative, une phase, avec laquelle la modernité a été entamé en Europe: Sigmund Freud explorait l’inconscient de notre existence, les femmes commençaient à s’émanciper, la musique quittait les fondements de l’harmonie, la peinture se séparait du figuratif. Dans tout les domaines de la vie, les conceptions d’auparavant et celles de la nouvelle ère se sont affrontées dans ces années d’avant 1914. Les idées politiques, sociales et artistiques héritées du passé furent analysées quant à leur validité, des fondements moraux et théoriques furent reconsidérés et de nouvelles possibilités techniques furent mises à l’épreuve dans l’économie et la science. C’était véritablement une époque de vertige et Vienne, la capitale d’Autriche, se retrouvait au pivot de ce dynamisme: On y pouvait  ‘vivre une centaine d’année dans un seul jour’, l’a décrit l’écrivain autrichien Robert Musil.
Le haut vol et la chute ont déterminé ce temps. Franz Reichelt, un inventeur autrichien, symbolise cela peut-être comme personne d’autre. Pour achever son projet, il monte le 4 Février 1912 sur la Tour Eiffel, à l’époque le bâtiment le plus haut. Il veut voler avec son costume à des ailes, fabriqué lui-même. Bien des journalistes sont venus. Tout semble possible en ce moment, à cette époque. Il fait un pas en avant, ce sont 57 mètres jusqu’à la terre, il perce et il est mort. Peu de temps après, les lumières s’éteignent en Europe. C’est la guerre. Mais on peut dire aussi que l’Europe moderne est née pendant ces années. C’est une Europe qui se présente aujourd’hui multiculturelle et diverse, déjà par nécessité, elle n’a pas de choix aussi, il n’a jamais été autrement non plus. C’était toujours un continent en mouvement, par fois en vertige. En 1900, la ville de Vienne, capitale bouillonnante d’un empire multinational avec différentes langues a anticipé cette évolution, pleine chances et de défis.
L’exposition « Calme agité avant la tempête – La période d’avant 1914 en Autriche », sera présentée à Oujda du 12 au 25 février au Point de Dialogue Allemand dans la Villa Verte, rue Ibn Sina, située derrière le commissariat de police. Elle est ouverte chaque après-midi, sauf dimanche.