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Les Manuels scolaires et le traitement du discours rapporté

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En consultant le Manuel scolaire ’’PASSERELLE FRANÇAIS ; Troisième année du cycle secondaire collégial’’, pages 57, 58 et 59, j’ai relevé quelques irrégularités dans le traitement du discours rapporté.

D’abord, les concepteurs du manuel parlent de discours rapporté mais ne vont pas plus loin que le discours direct dont ils disent que ’’les paroles sont rapportés telles quelles’’ (Je retiens : encadré jaune ; page 58). Il faut rappeler que tous les discours sont rapportés d’une manière ou d’une autre qu’il faut préciser, que ce sur quoi il faut attirer l’attention c’est le mode d’intégration du discours rapporté au discours rapportant sachant que le premier est énoncé par un personnage, le second par le narrateur.

I- Première approche.

A- Le discours direct ou discours rapporté intégré tel quel au discours rapportant

Pendant que j’étais occupé à effeuiller une marguerite près du jardin, un homme de haute stature, entièrement vêtu de noir, m’aborda : « Veux-tu venir avec moi en ville… ? », me demanda-t-il.

« J’irai volontiers avec vous si mon père y consent », répondis-je.( page 57, texte 1)

Tout ce qui est entre guillemet est un discours rapporté intégré tel quel au discours du narrateur resté en dehors des guillemets. Les deux points, les guillemets, le point d’interrogation, l’inversion du sujet et du verbe de la phrase qui sert à rapporter ou verbe introducteur, le changement de parole, sont autant de marques de cette intégration telle quelle.

B- Le discours indirect ou discours rapporté intégré de manière partielle au discours rapportant.

Pendant que j’étais occupé à effeuiller une marguerite près du jardin, un homme de haute stature, entièrement vêtu de noir, m’aborda. Il me demanda si je voulais venir avec lui en ville. Je répondis que j’irais avec lui si mon père y consentait. (Page 57, texte 2)

Le mode d’intégration du discours rapportant au discours rapporté est dans ce cas partiel. Les verbes introducteurs (il me demanda ; je répondis), les conjonctions de subordination ( que ; si ) qui servent d’attelle entre la principale et la subordonnée conjonctive sont des marques linguistiques, des séquelles de cette intégration partielle. Le discours du narrateur et celui du personnage demeurent identifiables malgré leur fusion en un discours, celui du narrateur. Et la frontière entre l’un et l’autre demeure bien visible.

C-Le discours narrativisé ou discours rapporté intégré de manière totale au discours rapportant.

Pendant que j’étais occupé à effeuiller une marguerite près du jardin, un homme de haute stature, entièrement vêtu de noir, m’aborda. Il me proposa d’aller avec lui en ville mais je ne pouvais pas l’accompagner sans l’accord de mon père.

Le mode d’intégration est total. Le narrateur a complètement éclipsé ses personnages, prenant lui-même en charge le contenu des discours de ses personnages.

II- Deuxième approche

Les concepteurs du manuel traient le discours indirect et l’interrogation indirecte sur un plan d’égale difficulté, ce qui est faux, car le subordonnant de la première transformation est différent du subordonnant de la second ; plus grave encore, le discours indirect demande l’utilisation d’un seul et même subordonnant, alors que l’interrogation indirecte demande plusieurs types de subordonnants.

A- passage du discours direct au discours indirect

Le discours indirect exige l’utilisation de l’attelle ‘’que’’ ou conjonction de subordination pour les phrases déclaratives, et l’attelle ou préposition ’’de’’ suivie de l’infinitif ou l’attelle ou conjonction ’’que’’ suivie du subjonctif pour les phrases impératives.

a- Cas de la phrase déclarative

Exemple 7, page 58 ; Je m’entraîne : ‘’ Nous partirons tous en voyage après les examens’’,dit le père à ses enfants :

Cet exemple offre deux réponses : les concepteurs du manuel ne doivent pas ignorer qu’il est mauvais de semer le doute dans la tête des apprenants par des phrases équivoques. Nous savons que le verbe ‘’dire’’ a la même graphie au présent et au passé simple aux trois personnes du singulier, chose à laquelle l’élève n’est pas préparée.

-Réponse 1 : nous considérons que le verbe introducteur est au présent :’’Le père dit à ses enfants qu’ils partiront tous en voyage après les examens’’ ;

-Réponse 2 : nous considérons que le verbe introducteur est au passé simple :’’ le père dit à ses enfants qu’ils partiraient tous en voyage après les examens.’’

b- Cas de la phrase impérative

1-Encadré, page 58 :’’ Pars !’’, lui ai-je dit (le point d’exclamation n’a pas sa raison d’être car une phrase ne peut pas être à la fois impérative et exclamative)

Je lui ai dit de partir

2-‘’Pars’’, lui ai-je demandé (dans ce cas, il faudrait un verbe de commandement)

-Je lui ai demandé qu’il parte.

B- Passage de l’interrogation directe à l’interrogation indirecte

Les concepteurs du manuel mettent dans le même panier l’interrogation totale et l’interrogation partielle : chaque interrogation exige des transformations spécifiques, c’est pourquoi, elles demandent un traitement séparé.

1- interrogation totale : Est-ce que; intonation ; inversion (c’est l’interrogation à laquelle on répond par OUI ou par NON : elle porte sur la totalité du procès).

Exemple 3 ; page 85 ; je m’entraîne :

‘’ Est-ce que vous connaissez Emile Zola ?’’, demanda le professeur de français aux élèves.

Cette même question peut être posée de deux autres manières en fonction du niveau de langue :

‘’Vous connaissez Emile Zola ?’’, demanda le professeur de français aux élèves.

‘’Connaissez-vous Emile Zola ?’’, demanda le professeur aux élèves.

Ces trois interrogations directes aboutissent à une seule et même interrogation indirecte : Le professeur de français demanda aux élèves s’ils connaissaient Emile Zola.

2- Interrogation partielle :( c’est l’interrogation qui demande une réponse autre que par OUI ou NON : elle porte sur une partie du procès)

a- Qu’est-ce que ; que+inversion

Exemple 1 ; page 58 ; Je m’entraîne :

’Qu’est-ce que tu comptes faire pour résoudre ton problème ?’’, demanda-t-il à son ami.

Réalisation : Il demanda à son ami ce qu’il comptait faire pour résoudre son problème

Exemple 6 : page 58 ; Je m’entraîne :

’Que faisiez-vous dans la forêt ?’’, demanda le juge à l’accusé

Réalisation : Le juge demanda à l’accusé ce qu’il comptait faire

Remarque : ‘’qu’est-ce que’’ et ‘’que+inversion’’ de l’interrogation directe aboutissent à une seule et même interrogation indirecte introduite par‘’ce que’’.

b- Interrogation directe posée avec un autre mot interrogatif : comment, quand ; pourquoi…

Exemple 5 ; page 58 ; je m’entraîne :

‘’Comment vous sentez-vous ?’’, demanda le médecin au patient

Cette question peut également être posée par ‘’comment + est-ce que’’

‘’Comment est-ce que vous vous sentez ?’’, demanda le médecin au patient.

Réalisation : Le médecin demanda au patient comment il se sentait

En l’absence d’autres exemples, j’en propose quelques uns :

Exemple :’’ Pourquoi vous n’avez pas pris vos médicaments du matin ?, demanda le médecin au

patient.

’Pourquoi est-ce que vous n’avez pas pris vos médicaments du matin ?’’, demanda le

Médecin au patient

Réalisation : Le médecin demanda au patient pourquoi il n’avait pas pris ses médicaments du matin.

Généralisation : Lors du passage de l’interrogation directe à l’interrogation indirecte, on garde le même mot interrogatif, mais sans ’’est-ce que’’ et sans inversion.

Conclusion : Les concepteurs du manuel ‘’PASSERELLE FRANÇAIS ; troisième année du cycle

Secondaire collégial’’ traitent de manière confuse le discours direct. L’enseignant doit démêler de cette confusion son cours en fonction des besoins de ses élèves et de leurs compétences :

-Veut-il les initier aux différentes façons de rapporter un discours ?

-Veut-il les initier aux différentes transformations qu’exige le passage du discours direct au discours indirect ?

-Veut-il les initier aux différentes transformations qu’exige le passage de l’interrogation directe à l’interrogation indirecte ?

-Veut-il nuancer entre le discours indirect et l’interrogation indirecte ?

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3 Comments

  1. حورية
    23/02/2008 at 15:12

    شكرا جزيلا لقد افدتوني كتيرا

  2. hakima
    08/03/2008 at 23:02

    merci pour l’execice

  3. mouna
    24/12/2014 at 00:08

    merci

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