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La tragédie de la démocratie au Maroc

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La tragédie de la démocratie au Maroc

Un gouvernement représentant 8% des électeurs, et un champ politique toujours balkanisé et contrôlé par le Palais

La formation d’un gouvernement marocain minoritaire sous la primature de Abbas El Fassi est une donnée qui vient de confirmer l’échec totale des élections législatives du 7 septembre 2007. A l’abstention massive des électeurs marocains qui ont boudes les urnes, succède aujourd’hui la constitution d’un gouvernement minoritaire qui ne dispose que de 146 sièges parmi les 325 sièges que compte la chambres des représentants. Les quatre partis qui forment le gouvernement Abbas El Fassi ne représentent que 8% de l’ensemble de électeurs Marocains en âge de voter et qui est évalué, selon les récentes analyses du le Haut commissariat au Plan (HCP), à 19.9 millions de citoyens.

Aux élections du 7 septembres 2007, les partis de la nouvelle coalition gouvernementale présidé par Abbas El Fassi n’ont obtenu ensemble que 1.569.148 voie, soit un peu plus que le tiers des suffrages exprimes (34,7%). Respectivement le Parti de l’Istiqlal 10,7% des voies, le Rassemblement National des Indépendants 9,7%, l’Union Socialistes des Forces Populaires 8,9%, et le Parti du Progrès et du Socialisme 5,4%. En nombre de siège ces partis disposent dans la nouvelle chambre des représentants de 52 débutés pour le PI, de 39 pour RNI, de 38 pour l’USFP, et de 17 pour le PPS.

Par rapport aux élections de 2002, le PI et le PPS ont vue le nombre de leur députés augmenter en septembre 2007, de 48 à 52 pour le premier et de 11 à 17 pour le deuxième. Au contraire l’USFP et le RNI ont connu une baisse de leur élus, substantielle pour l’USFP qui a perdu 25% de ces députés passant de 50 à 38 élus, et moindre importance pour le RNI qui a 39 députés au lieu de 41 élus en 2002. Ainsi, en plus d’être minoritaire et ne représentant qu’une très faible pourcentage des électeurs marocains, la nouvelle coalition gouvernementale d’Abbas El Fassi a le désavantage d’être formée par deux partis perdants des élections qui totalisent 77 sièges sur 146 que compte la nouvelle coalition gouvernementale au parlement.

Si nous tenant compte des 6 élus du PSD de Aïssa Ourdighi qui a rejoint entre les deux législatives les rangs de l’USFP, ce dernier est le grand perdant aux élections du 7 septembre dernier. Pourtant, l’USFP figure en bonne place dans le gouvernement d’Abbas El Fassi avec 6 portefeuilles ministérielles dont un ministre d’Etat sans Porte Feuille attribué à son secrétaire général Mohamed EL Yazghi.

Or, selon les pratiques courantes de la démocratie, la place des grands perdants qui sont sévèrement sanctionnées par les électeurs est naturellement dans l’opposition, surtout lorsqu’il est question de la formation d’un gouvernement de minorité. Au Maroc, avec la formation du gouvernement d’Abbas El Fassi, il apparaît que se n’est pas le cas. Se ne sont pas les urnes, et par conséquent les électeurs, qui font et défont les coalitions gouvernementales au Maroc, mais d’anciennes pratiques qui bloquent le champ politique et entravent fortement la démocratie. Après la catastrophe du 7 septembre où la participation était très faible dépassant de peu le tiers des inscrits, il était du devoir des partis politiques et des hautes autorités marocaines avec eux d’en tirer les leçons entre autre dans la constitutions du nouveau gouvernement, pour faire asseoir la démocratie et établir la confiance entre les gouvernants et les gouverneurs. Ce qui est loin d’être le cas au Maroc où à la très faible participation des citoyens aux législatives, s’ajoute aujourd’hui la balkanisation du champ politique et la formation d’un gouvernement minoritaire ne disposant pas d’une majorité parlementaire.

Au lieu que les consultations entre le premier ministre, désigné par le roi le 19 septembre, et les partis politiques portent sur le programme gouvernementale commun de la futur coalition, elles se sont limitées à seule question de la distribution des portes feuilles ministériels, voire a une guerre de répartition des butins. Plus grave, les offres du premier ministre imposaient aux partis politiques de nommer comme ministres des personnes qui ne sont ni membres ni responsables de ces derniers. Le RNI a accepté le dictat, alors que l’USFP et le Mouvement Populaire l’ont refusés estimant que c’est bien aux partis de choisir ceux et celles qui vont les représenter au sein de l’exécutif. Le refus de l’USFP a été un succès, alors que celui du MP a été sanctionné par son éloignement totale de l’équipe gouvernementale et la répartition des portes feuilles qui lui ont été réserves entre les quatre partis de la coalitions. En trois jour Abdelaziz Akhanous, le ministre de l’agriculture et de la pêche, change d’étiquette politique et devient membre du gouvernement au nom du RNI, après une première tentative de l’imposer au MP.

Cette danse des chaises ne se limite pas à l’exécutif, la chambre des représentants connaît une intense émigration entre les partis politiques et les groupes parlementaires. Des dizaines d’élus ont quittés les rangs des partis sous les noms des quels ont été élus le 7 septembre 2007 pour rejoindre d’autres étiquettes politiques ou forer une nouvelle. Ainsi plusieurs débutés ont quittés l’UC, le MP ou d’autres formations pour rejoindre le rang de Fouad Ali El Himma qui formera, selon toutes les données en présence, le plus grand groupe parlementaire avec 59 débutés. Cette transhumance parlementaire, en plus d’être une trahison de l’électorat, vient confirmer une fois encore l’inefficacité et la place des élections dans le système politique au Maroc ou le champ politique reste balkanise et contrôle par le palais, et ou nous sommes très loin de bâtir la démocratie citoyenne dont aspirent les marocains depuis l’arrivée de Mohamed VI au pouvoir.

Abdellatif Maroufi

Chercheur et Journaliste aux Pays-Bas

Résultats de la coalitions gouvernementale aux élections du 7 septembre 2007

Partis

Sièges

Voies obtenues

voies en %

PI

52

494.256

10,7%

RNI

39

447.244

9,7%

USFP

38

408.945

8,9%

PPS

17

248.103

5,4%

Total coalition El Fassi

146

1.569.148

34,7%

MédiocreMoyenBienTrès bienExcellent
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