La régulation de la faune sauvage : Des prélèvements planifiés ou un des massacres sauvages ?
La régulation de la faune sauvage :
Des prélèvements planifiés ou un des massacres sauvages ?
La région orientale n’est pas connue pour l’abondance de sa faune sauvage, à l’exception de quelques ilots que constituent les zones boisées et montagneuses abritant une certaine diversification faunistique. S’il est évident que nul ne doit sous-estimer le rôle de la faune sauvage dans le maintien de l’équilibre écologique et la préservation de la biodiversité, cette même faune, peut être source de nuisance voire pire, peut être à l’origine de calamité agricole dont les victimes sont les agriculteurs et les éleveurs de bétail déjà appauvris par les années successives de sécheresse.
Si les moineaux (azzaouech pour les intimes) et les criquets restent les deux espèces les plus répandues et les plus ravageuses et destructrices, ces dernières années la région a connu le retour d’une autre espèce qu’on a cru disparaître à jamais de quelques endroits de la région orientale, mais qui y a refait son apparition notamment dans les steppes de Beni Bouzeggou, il s’agit bien entendu du sanglier.
Un écolo pur jus, ne peut voir dans cette recolonisation qu’une bonne nouvelle puisque ce n’est finalement que la nature qui reprend ses droits. Or, les choses ne se présentent pas toujours avec une telle facilité déconcertante, mais la question est plus compliquée que ça, car la présence du sanglier sur un territoire qui coïncide avec de nombreux exploitations agricoles, exige une surveillance étroite et permanente de la part des populations, qui se retrouvent du coup, avec un énième fardeau à rajouter à la liste, déjà longue, des tâches quotidiennes dont les paysans et leurs familles doivent s’acquitter, d’autant plus que le sanglier se déplace et se nourrit la nuit.
Il est à noter queles invasions des criquets restent aléatoires, voire exceptionnelles, alors que la lutte contre les bandes de moineaux, quant à elle, existe, je pense, depuis que l’homme s’est mis à cultiver la terre, et a chacun sa méthode : les plus paresseux se contentent de planter un simple épouvantail au milieu du champ menacé par les moineaux, tandis que les plus courageux les font fuir à coup de cris et de sifflets, mais faut-il encore avoir un larynx en béton et une endurance indéfectible, vu que la poursuite se transforme vite au jeu du chat et de la souris et c’est le plus téméraire, de l’homme et du petit oiseau, qui remporte la partie. Les plus lotis, utilisent des instruments spéciaux, alors que d’autres, excédés et épuisés par les attaques insistantes des bandes de moineaux, finissent par choisir des méthodes plus radicales à savoir, l’élimination pure et simple par empoisonnement de ses pauvres oiseaux qui ne cherchent après tout, guidés par leur instinct de vie, qu’à se nourrir et à se reproduire pour assurer la pérennité de l’espèce.
Le sanglier, quant à lui, présente un double danger : danger pour les cultures et danger pour les personnes, à moins qu’il s’agisse d’une idée reçue, je ne suis pas un spécialiste es-comportement du sanglier, en revanche, j’ai déjà vu au moins une personne défigurée par un sanglier. C’est vrai qu’on est encore loin de la problématique de la cohabitation des animaux sauvages et de l’homme telle qu’elle existe dans les savanes africaines, cependant, les dégâts causés par les nombreux groupes de sangliers sont considérables, les troubles sont bien réels et les populations concernées ne peuvent continuer à subir les conséquences à elles seules.
En l’absence de tout prédateur naturel et afin d’éviter une surpopulation, qui ne peut avoir que des effets désastreux sur l’espèce elle-même, et pour protéger les habitants et les cultures, et au risque de choquer plus d’un, une régulation réfléchie par prélèvement est plus que nécessaire, et c’est dans ce sens que des battues au sanglier ont été organisées dernièrement dans quelques endroits de la région avec l’autorisation des autorités, mais ces battues ont vite viré au grand n’importe quoi, en cause : des débordements et des erreurs impardonnables voire des pratiques d’un autre âge, notamment cette scène où des jeunes citadins, recrutés pour l’occasion, ont éventré une laie (femelle du sanglier), après qu’elle ait été abattue par des chasseurs à quelques jours de mettre bas, et ont sorti une dizaine de marcassins (bébés sangliers) vivants dont Dieu seul sait ce qu’ils sont devenus.
Pour mettre un terme à ce genre de comportements, n’est-il pas plus judicieux de confier l’organisation de ces battues à des gens compétents par exemple à des fédérations ou des associations de chasseurs, voire pourquoi pas en faire un atout et un argument de développement touristique?
Abou Marouane
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