L’Oriental, …ce parent pauvre du Maroc !
Lorsqu’on analyse les actes, faits et gestes politiques envers la région de l’oriental entrepris pour mettre à niveau cette région, on comprend qu’il y a là une reconnaissance intuitive d’une certaine injustice qu’aurait dû subir la région par le passé. Cette attention toute particulière a pris son élan avec le désenclavement déjà de la région, comme bien d’autres à travers le Royaume, par les multiples visites royales dans la région, par la dotation de la région d’une infrastructure fonctionnelle, quoique insuffisante, et par les multiples déclarations, souhaits et vœux que formulent pratiquement tous les responsables lorsqu’ils sont en visite dans la région, ou lorsqu’ils en parlent tout simplement.
Pourtant, dans le quotidien des gens, dans le courant de vie de la région, des impacts directs sur la vie des gens ne se sont pas faits ressentir. Tellement les besoins et insuffisances étaient multiples et complexes, tout ce qui a été fait, parait comme peu d’eau versée dans un désert.
S’il faut donc reconnaitre les efforts déployés face aux nombreuses attentes, il est aussi complémentaire de noter un certain nombre de dysfonctionnements entre les volontés affichées et les modes de mises en application constatés.
Le développement d’une région quand la volonté politique est réelle ne se fait pas seulement selon les conclusions d’une quelconque étude académique commandée chez l’un des bureaux d’étude aussi réputé et compétent soit-il,…où les élaborateurs de ses conclusions n’ont rien en commun ou en partage avec la population cible et la région définie. Il n y a pas d’idée clé en tête, surtout lorsqu’il s’agit de repositionner les nécessités, il est incohérent d’agir en urgence tout en sachant que ce qui est décidé vite et à la hâte n’est jamais murement réfléchi. Pire encore, certaines actions semblent se faire à ce rythme juste pour conforter cette image de tuteurs attentionnés que les gouvernants veulent que les gens se fassent d’eux. Les conséquences sociales et sociétales d’un délaissement totale, durable et sans répit qu’a subi la région ne sont ni si lisibles, ni si simples à cerner.
Créer une dynamique économique et par conséquent sociale de la région peut être la seule voix prometteuse de résultats probants, les gens ont besoin d’évoluer dans un Maroc sans privilèges, ni distinctions entre les hommes et les régions, finit le temps des usines clés en main, ce n’est pas en construisant des zones industrielles que l’on va déclencher une industrialisation génératrice d’emploi et de bénéfice, c’est tout une culture sociale à laquelle les responsables semblent donner peu d’importance. Il est intelligent de mettre en place une agence pour le développement de l’oriental, mais il est incompréhensible de la voir prendre siège à Rabat, de multiplier les déplacements très coûteux sur la région, sans assurer pour autant cette proximité permanente pour vivre ce besoin de développement au quotidien dans ses dimensions humaines, culturelles et économiques. La rationalité des visions stratégiques et des gestions budgétaires suppose prendre pied sur place, ca réduit de beaucoup les frais de fonctionnement, ca renforce la crédibilité des actions qui semblent toujours téléguidées de ….Rabat.
Il est aussi incompréhensible ce constat de fait, fait à propos des instances élues, un conseil de la région dont le président vit ailleurs, qui ne connait rien du quotidien des gens, ces conseils municipaux et ruraux uniques en leur genre comme celui d’Oujda, décomposé entre deux clans politiques qui ne semblent en aucun cas privilégier l’intérêt de la population.
Les intentions politiques doivent être suivis par des mécanismes de réalisations définis, encouragements et accompagnements fiscaux des investisseurs potentiels pour les installations dans la région, avantages motivants pour les gens de la région prédisposés à accompagner cette vision stratégique, obligation par la force de la loi des conseils élus à s’insérer dans cette dynamique…. , promouvoir la région de l’oriental dans les documents officiels de l’état ( prospectus, catalogues de l’ONMT par exemple, mettre en place une plate forme culturelle pour généraliser la connaissance de l’entreprenariat et la culture des affaires.
A l’heure de la régionalisation institutionnalisée par la commission de monsieur Azzimane, il est très révélateur de constater que même la presse nationale (Albayane, Libération, le matin, l’opinion, la vie éco entre autre), n’ont même pas un correspondant dans la région de l’oriental, pas même cette presse partisane dont le parti est représentée dans la région, et qui n’a, hélas, même pas un militant ayant dans son cœur sa région, pour couvrir son vécu.
Toute une région abandonnée à son sort, sous prétexte de sa situation de zone frontalière fermée. Qu’aurait été donc ce prétexte si la frontière EST du Maroc était la mer morte ?
Azzeddine Sadki
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