La Boîte à Merveilles de Ahmed Séfrioui: Une vue panoramique
A- La boîte à merveilles est pour l’enfant Sidi Mohamed une boîte dans laquelle il range des objets hétéroclites : cabochons, boutons, clous, épingles…qu’il ouvre toutes les fois qu’il en ressent le besoin affectif, psychologique, car il est le seul garçon de son âge de la famille, de Dar Chouafa, de l’œuvre dans sa totalité. ‘’Je vidais ma boîte à merveilles, dira-t-il pour la première fois à la page 12, il y avait un foule d’objets hétéroclites, qui pour moi seul, avaient un sens ». Dès la première ligne de la page 3, il est question de cette solitude profondément ancrée dans la mémoire de Sidi Mohamed devenu Ahmed Séfrioui.
‘’ Je songe à ma solitude et j’en sens tout le poids. Ma solitude ne date pas d’hier » (page 3). Il ajoute plus loin, mais toujours dans les premières pages de l’œuvre :
‘’ À six ans, j’étais seul » (page 6)
‘’Je n’étais ni heureux, ni malheureux, j’étais un enfant seul » (page 6).
Seul dans un univers composé uniquement d’adultes, les rares fois où il est avec un enfant de son âge, il se trouve que c’est un enfant de sexe différent (Zineb) avec qui, il entretient des relations difficiles.
a-Seul avec des bambins du M’sid avec qui il entretient de timides relations d’amitié. ‘’ En attendant (d’avoir 10 ans) j’étais seul au milieu d’un grouillement de têtes rasées, de nez humides » (page 8).
b-Seul au milieu des femmes :
-‘’ Je me sentais plus seul que jamais » (page 10)
-‘’Je me trouvais seul, les mains croisées sur mon ventre en flammes, plus bête que jamais au milieu de toutes ces inconnues et de leurs fastueux baluchons » (page 11)
B- La ‘’boîte à merveilles », traduite littéralement, désignait tout au long de la première moitié du XXème siècle, la radio, le poste de radio appelé sous d’autre cieux la T.S .F, Sandouk Laajab صندؤق لعجب . Le lecteur d’un certain âge opterait pour cette acception mais bien vite( page 12) il s’aperçoit qu’il a été induit en erreur et doit corriger sa lecture non dans le sens étroit que lui propose le narrateur mais dans un sens beaucoup plus large, beaucoup plus métaphorique.
C- Métaphoriquement et dans une acception beaucoup plus large, ‘’la boîte à merveilles désignerait ‘’Dar Chouafa » avec ses locataires et ses occupants. Dar Chouafa nous rappelle curieusement et à plus d’un trait la Grande Maison de Mohamed Dib. Les occupants, issus tous de milieux défavorisés appartiennent tous à la classe du petit peuple vivant des métiers artisanaux et de la voyance. Chacun y vit ou y vivote à sa manière de ses activités plus ou moins honnêtes :
La voyante, qui occupe tout le rez-de-chaussée avec ses deux pièces, vit de pratiques magiques et de sorcelleries. Driss Al Aouad, sa femme Rahma et leur fille Zineb de la fabrique de charrues : ils occupent la seule pièce du premier étage. La famille du narrateur, composée du père, de la mère et de sidi Mohamed vit du tissage ; quant à Fatma Bziouia, et son mari Allal que l’auteur désigne tantôt par le nom de Allal( page 34), tantôt par Mohammed (page 187), ils vivent du jardinage. Chacune des deux familles occupe une pièce du deuxième étage. Ces quatre familles composées de quatre femmes, de deux hommes, d’un garçon et d’une fillette entretiennent des relations tendues et difficiles dues souvent à la promiscuité et au partage de l’espace. La Chouafa est un passage obligé : locataires et visiteurs, tous transitent par elle avant de remonter ou de redescendre. Lalla Rahma est la pierre d’achoppement : n’ayant qu’une pièce, elle doit souvent utiliser l’escalier qu’elle obstrue.
Lalla Zoubida domine du regard le patio et la terrasse, de sa voix les locataires. D’où les nombreux accrochages : la scène de la dispute entre Lalla Zoubida et Rahma (page 16 à 19) est de nature à donner au lecteur une idée sur la violence des vocables que les deux femmes utilisent dans leurs disputes.
II- Dar Chouafa, le lieu
La description se fait de bas en haut passant du rez-de-chaussée avec sa locataire principale dont l’activité a donné son nom à la maison, au deuxième étage avec Lalla Zoubida, dont le fils est le narrateur de l’histoire. Si la voyante est un passage obligé par où transitent tous les personnages qui entrent à Dar Chouafa ou en sortent, Lalla Zoubida a une vue imprenable sur l’ensemble des locataires d’où rien ne peut lui échapper. C’est un lieu clos qu’habitent 8 personnes ; c’est un lieu de femmes avec ses 4 femmes et une fille contre 2 hommes et un garçon, à quoi viennent s’ajouter les femmes qui viennent consulter la Chouafa.
Le patio et la terrasse sont les lieux les plus utilisés : le premier avec le puits sert à la lessive, le second à étendre le linge. L’utilisation de ces deux lieux obéit à une entente préalable sur le jour de lessive que chacune des quatre femmes doit respecter sous peine de querelles Ce qui est curieux, c’est que les femmes ne se disputent pas à propos de l’utilisation de la porte commune, mais il semble qu’elle est souvent ouverte. Toutefois, l’usage de l’époque voulait que les entrants ou sortants des locataires devaient annoncer leur présence par des toussotements, des ‘’il y a quelqu’un ?’’, ou ‘’ Je peux passer ?’’, ou d’autres petites astuces auxquelles les femmes répondaient par’’ passe’’ suivi du nom du voisin. Pendant ce temps-là, la femme alla s’engouffrer dans sa chambre pour laisser la voie libre à l’homme.
Dar Chouafa rappelle au lecteur ‘’Dar-Sbitar’’ de ‘’la Grande Maison’’ de Mohammed Dib, Et Sidi Mohammed nous rappelle Omar. Deux lieux où deux enfants évoluent péniblement dans les contraintes quotidiennes de la société des grandes personnes.
2 Comments
c’est qoui t.s.f
mr zaid etait mon prof a figuig 1974 il etait tres doué dans sa matiere