Le Polisario a-t-il la légitimité internationale pour représenter et parler au nom des sahraouis ?
Le Polisario a-t-il la légitimité internationale pour représenter et parler au nom des sahraouis ?
Pour répondre à cette question, il faudrait en premier lieu faire un état des lieux sur les derniers évènements qui ont secoué le Maghreb, et tout particulièrement la Libye et la zone sahélo-saharienne, puis en tirer les conclusions qui s’imposeront d’elles mêmes.
Avec le printemps arabe, plusieurs pays arabes ont vu leur régime remis en cause par les populations. Les dictateurs égyptien, tunisien et libyen ont été chassés. D’autres sont en voie de l’être. Je pense au Yémen, à la Syrie et, à terme à l’Algérie.
De tous ces cas, seules la Tunisie et la Libye intéressent mon analyse et je m’explique.
Dès le début des insurrections dans ces deux pays, l’Algérie a pris fait et cause pour les dictateurs en place. Une position qui se comprend parfaitement vu sa fragile légitimité sur le plan interne et les demandes pressantes du peuple algérien à un bien être.
C’est pourquoi, les plus hautes autorités algériennes, civiles, militaires, ont fourni une aide technique militaire et sécuritaire indirecte aux anciens leaders tunisien et libyen.
Après la chute du régime de Ben Ali, Alger s’est concentré sur son soutien à Kadhafi, et ce, en contradiction avec le droit international et les résolutions onusiennes en l’espèce.
L’Algérie, et notamment la DRS, a même débauché des éléments du Polisario et des touaregs pour prêter main forte aux forces pro-Kadhafi.
Cette position algérienne est tout à fait compréhensible. La chute du régime de Kadhafi entraînerait une immense perte financière et diplomatique pour les autorités algériennes dans son soutien au Polisario.
D’ailleurs nombre de mercenaires capturés ou tués en Libye seraient issus des rangs du polisario. Les rescapés ont pu fuir le territoire libyen et rejoindre les camps des séquestrés de Tindouf avec des armes récupérées dans les arsenaux locaux, dont notamment des missiles Sol-Air et des véhicules dits « techniques ».
Cette débandade a pu se faire avec la complicité et l’aide des d’Alger qui a interdit à la Mission Onusienne (MINURSO) tout déplacement sans autorisation préalable et accompagnement par des soldats algériens et des éléments du polisario, violant ainsi les résolutions onusiennes.
Ce même retour n’a pu se faire également sans une complicité des terroristes de l’AQMI qui contrôlent toute la bande sahélo-saharienne.
Ce qui nous amène au dernier évènement en date, à savoir celui du kidnapping de trois travailleurs humanitaires étrangers en plein camps de Tindouf.
Les camps de Tindouf est une zone sous très haute sécurité de la part de l’armée algérienne, de la DRS et des services du polisario. Tous les mouvements y sont étroitement surveillés et contrôlés.
En conséquence, ce triple rapt perpétrés par l’AQMI n’a pu, et ne peut se faire, sans une double complicité. Celle des autorités algériennes et du polisario. Tous les experts en terrorisme approuvent cette hypothèse.
Ce grave incident a soulevé un tollé international et de nombreux gouvernements ont fortement déconseillé à leur ressortissants de se rendre en Algérie et à Tindouf. Des ONG’s et associations humanitaires ont pris une position identique.
L’ONU a également imposé des mesures draconiennes aux soldats de la MINURSO en poste à Tindouf en décrétant un blocus sécuritaire.
A rappeler que cet incident intervient à la suite de l’élection à une majorité écrasante du Maroc au Conseil de Sécurité. Une élection ressentie par Alger et le polisario comme une double claque au plan diplomatique et un échec cuisant au plan continental.
Il intervient également à la suite des révélations faites sur les détournements honteux et inhumain de l’aide internationale destinée à la population séquestrée dans les camps de Tindouf par la direction du polisario, notamment l’épouse du chef de cette organisation et le soit disant ministre de la défense.
De ce qui vient d’être explicité en supra, il ressort donc que:
1/ la participation directe du polisario dans les évènements qui ont secoué la Libye avec la bénédiction algérienne est avérée,
2/ l’implication et la responsabilité algérienne dans ce rapt est réelle,
3/ l’existence de liens entre le Polisario et le terrorisme international d’obédience islamiste radical et les trafic en tout genre dans la région sahélo-saharienne par son appui opérationnel, logistique et humain ne fait plus l’ombre d’un moindre doute.
Aussi, face à toutes ces nouvelles données, le Royaume du Maroc a informé l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara, Christopher Ross, de son intention de ne pas assister aux négociations prévues au Portugal le 25 novembre 2011 avec le polisario.
Cette nouvelle position marocaine est tout à légitime sur le plan du droit international.
Comment un Etat souverain, respectueux des résolutions et conventions internationales, puisse t-il se mettre autour d’un table de négociations avec des personnes qui violent en permanence les droits humains élémentaires des personnes, soutiennent une organisation terroriste et participent activement au trafic international de drogue ?
Le Maroc, fort de son droit sur ses provinces sahariennes, a proposé des idées constructives. La proposition d’autonomie est la seule et unique solution possible pour le règlement de la question du Sahara.
Cette solution, durable et mutuellement acceptable, ne pourra que contribuer à prévenir les menaces terroristes, le crime transnational, et le trafic de drogue dans la région sahélo-saharienne, mais aussi au Maghreb, et partant sur le continent africain.
Les autorités algériennes doivent comprendre une fois pour toute, que le Maroc recherche une entente avec tous les pays du Maghreb mais que celle-ci ne pourra jamais se faire sur la base d’une quelconque concession en ce qui concerne sa souveraineté nationale sur ses territoires sahariens.
Alger doit également comprendre que l’union sacrée qui existe au Maroc, tous partis politiques et peuple confondus, sur la question du Sahara occidental, véritable cause sacrée dans le royaume, est indestructible et donc éternelle.
Pour conclure mon propos je dirais que l’actuelle direction du polisario s’est disqualifiée et ne peut en aucun représenter ou parler au nom des sahraouis des camps de Tindouf. D’autres personnalités sahraouies, sur place à Tindouf ou en exil sont parfaitement qualifiées pour défendre leurs droits auprès des organisations internationales et négocier une sortie de crise avec les autorités marocaines.
Et que donc la position marocaine actuelle de refuser toute discussion avec la présente direction du Polisario est légitime et conforme aux normes du droit international. Rabat a parfaitement le droit d’exiger des Nations-Unies et de la communauté internationale que d’autres représentants de la population sahraouie soient inclus dans le processus de négociation afin de trouver une issue définitive à cette question et ce pour le bien être des sahraouis, la stabilité, la sécurité et la paix dans la région sahélo-saharienne.
. Farid Mnebhi.
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BONNE ANALYSE